Différence de degré et non plus de nature entre l’homme et l’animal, c’est en effet ce qu’il est loisible de suggérer de nos jours : nous ne sommes peut-être que le produit d’un petit bond évolutif, mais toutefois tellement décisif qu’il ne convient pas à mon avis de renier l’inaliénabilité de la spécificité humaine. Car quand on commence à considérer qu’il n’y a aucune réelle différence entre les humains et les animaux, on est très prés de leur réserver le même traitement. Nous ne nous réduisons pas à notre classement phylogénétique. Il est choquant d’avancer, comme les antispécistes, qu’un handicapé ne recélerait finalement pas plus d’humanité qu’un chimpanzé.
Cela n’est aucunement incompatible avec le fait d’explorer le champ de l’intelligence animale, ou de nous soucier davantage de la façon dont les animaux sont traités en décidant ce qu’il est acceptable de faire et ce qui ne l’est pas (par exemple dans le domaine de l’expérimentation scientifique).
Peut-être les chimpanzés, gorilles et orangs-outans ont-il intérêt à rester des singes, et à nous laisser le genre Homo pour nous tout seuls : sans quoi il viendrait peut-être un jour à l’idée de quelqu’un de les mettre au boulot... !