@ J.-L. Martin-Lagardette.
Il me semble que la théorie de l’évolution ne peut être constestée. Nous en sommes bien issus, mais ensuite nous nous en sommes extraits ! Il importe donc de laisser le darwinisme proprement dit continuer d’expliquer et de décrypter le vivant dans le champ qui lui convient, à savoir la biologie. Mais le darwinisme social me semble par contre une théorie dangereuse, qui contient en germe des dérives nauséabondes contre lesquelles il convient en effet de s’éléver : les gens ne pas prédéterminés génétiquement à occuper une position dominante ou subalterne dans la société, ou à exprimer tel ou tel problème psychologique ! La civilisation et la culture constituent cet « autre chose » dont nous sommes pétris, bien au-delà de notre animale biologie.
L’anthropocentrisme peut être d’une certaine manière repensé (nous ne sommes pas le centre de l’univers et l’éradiction d’une espèce animale pour notre confort ou notre alimentation n’est moralement pas défendable) ; mais son principe, compris comme la reconnaissance de l’exception humaine et de ses valeurs, doit être protégé de ses négateurs.
Les antispécistes sont peu nombreux, mais doctrinaires et déjà influents. Il est à craindre que dans le contexte actuel de catastrophe écologique, leur mouvance se répande en entrant en résonance avec un sentiment généralisé de désespérance de l’avenir de l’homme.