L’article soulève des interrogations légitimes mais semble exagérer les intentions du gouvernement à l’égard du CNRS.
En ce qui concerne les reproches faits au CNRS, je ne pense pas que celui lié à l’applicabilité de ses découvertes soit recevable. Au delà des universités, la France possède différents organismes de recherche à but différents. Le CNRS est prioritairement dédié à la recherche de base, et cela n’est pas remis en question par ce gouvernement.
Fallait-il retirer au CNRS l’évaluation de ses propres travaux ? Le principe se discute. l’important est que le système fonctionne de façon indépendante. Laissons un peu de temps à l’AERES avant de critiquer.
Le projet de fusioner des organismes en fonction des disciplines est un serpent de mer que personne n’envisage sérieusement à ma connaissance.
La question qui se pose actuellement est la transformation du CNRS en une agence de moyen (genre NSF américaine).
Cette question mérite d’être posée : ce type d’agence a prouvé son efficacité à l’étranger. Néanmoins, le CNRS a aussi démontré sa qualité dans sa configuration actuelle.
Le débat sur la restructuration de la recherche française a fait l’objet de maintes concertations et rapports. La communauté scientifique (sauf quelques syndicats) est très favorable à une réforme qui lui apporterait plus de souplesse, tout comme l’université est demandeuse de plus d’autonomie. Il me parait difficile de jeter la pierre au ministère de la recherche pour sa demande de sursoir à l’application d’un programme de réforme interne au CNRS : dans la mesure où l’ensemble du système de recherche français demande à être modernisé, il faut le faire en cohérence et non pas chaque organisme séparément.
Les personnes en charge de la réforme du système de recherche au ministère sont des personnes compétentes et qui défendent la recherche. Et je ne pense pas que ce sujet soit suffisament prioritaire et politique pour le président de la république pour qu’il soit trop parasité par de l’idéologie. Attendons de voir les propositions concrètes avant de juger. La ministre actuelle a le mérite de s’être attaquée à des réformes nécessaires pour l’université (gouvernance, premier cycle...). Même si l’on peut discuter de certaines des mesures prises (comme le système de nomination des présidents d’université), on va plutôt dans le bon sens. La ministre actuelle, faute d’être dans le cercle intime du président de la république, a une obligation de résultat. Si toute réforme fait forcément des mécontents, certaines critiques évoquées dans cet article me paraissent un peu hâtives.