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Commentaire de Vilain petit canard

sur La tragique leçon de journalisme de Géraldine Mulhman sur France Culture


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Vilain petit canard Vilain petit canard 12 octobre 2007 19:36

Bravo Paul pour cette fine analyse. En effet, on doit toujours faire attention à ne pas confondre la carte et le territoire, tout en sachant que c’est un effort permanent, on glisse si facilement. L’utilisation de la fameuse photo est particulièrement ridicule, je vous suis là-dessus, n’importe quel étudiant apprend que l’image sans commentaire ne fait que servir de prétexte à se justifier à soi-même ce que l’on pense déjà.

C’est vrai que les infos des blogs privilégient le commentaire et l’interprétation, mais justement ! C’est peut-être ça dont nous manquons. Les faits, eux, à partir du moment où on n’est pas présent lors de leur occurence, ne nous parviennent que filtrés par d’autres. Et ce que nous en faisons devant un événement dont nous sommes « témoins », c’est que nous mémorisons notre propre commentaire et notre propre réaction, jamais le « fait brut », qui est un mythe de journaliste, et qui s’est évanoui aussitôt accompli.

Mais il n’y a pas que de l’info dans la problématique du journaliste, qui est aussi situé et reconnu socialement pour ce rôle de « transmetteur » (qui est en fait un rôle de commentateur élaboré). A ce sujet, Mme Mulhmann est régulièrement présentée dans les organes de presse où elle officie, tantôt comme « philosophe », tantôt comme « professeur de sciences politiques » (à l’université de Paris-XI), deux positions de pouvoir symbolique particulièrement et connotées : l’une autorise à parler (professeur d’université), l’autre autorise à penser (philosophe). Et c’est (du haut) de ces positions qu’elle parle. Et c’est au nom de ces positions qu’elle dévalorise les blogs.

C’est la vieille opposition entre « information » et « rumeur », cette dernière étant en fait une information arrivant par des canaux non « officiels ». Dans la dénomination « rumeur », se cache l’autorisation officielle de parler, qui comme par hasard, ne se retrouve jamais du côté du petit peuple, et toujours du côté des « professionnels ». On retrouve cette opposition dans le duel entre « médecine » et « charlatanisme », ou entre « politique » et « agitateur » ou « démagogue ».

Dans cette attaque, Mme Mulhmann se plaint en fait de ne pas être la seule à parler de droit. C’est une défense de classe, dans toute sa naïveté. Eh ben c’est loupé, d’autres parlent quand même. Et en plus ils ont le droit, on est en démocratie. Alors on critique leur capacité à parler et à véhiculer de la « vraie » info.

En gros, puisqu’ils n’ont pas le droit de parler, ils disent des bêtises, un peu comme des enfants non éduqués. Et si d’aventure cette capacité (à transmettre de l’information) était validée, il lui resterait encore à attaquer le style, en disant que c’est mal écrit.

Vous avez raison, c’est tragique, parce que c’est si transparent.

Mais la vérité est-elle encore un enjeu de nos jours ? Comme disait Pilate à Jésus, qui lui annonçait la Vérité : « Qu’est-ce que la vérité ? » Aujourd’hui, que dirait Pilate ?


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