Bonjour Christophe,
Merci pour vos commentaires très intéressants (même si je ne connais pas tous les auteurs que vous citez).
Pour revenir à votre dernière idée, je vais paraître extrêmement pompeuse en rappelant qu’Einstein avait découvert que l’espace et le temps n’étaient pas deux dimension totalement discontinues...
Il me semble que dans les théories de Girard, il existe effectivement une discontinuité temporelle, mais qui relève plus de l’évolution que d’autre chose (Girard aime d’ailleurs plus se comparer à Darwin qu’à Copernic).
Les discontinuités spatiales peuvent donc s’interpréter non pas comme des différences ontologiques majeures entre différentes catégories d’êtres humains, mais plutôt comme la résultante d’un équilibre « écologique » local, qu’une perturbation extérieure peut remettre en question, voire anéantir.
Pour vous montrer toutefois à quel point Girard ne voit pas de fondement métaphysique à la discontinuité spatiale, c’est qu’il admet d’appliquer « à peu près » les mêmes mécanismes fonctionnels de base (le lynchage unificateur) à l’homme moderne comme au Néandertal, mais même aux dauphins et aux chimpanzés.
La discontinuité temporelle est introduite soit par une pacification temporaire de la société qui peut conduire à une idéalisation des formes du sacré (ou des valeurs philosophiques ?) soit par un message subversif qui empêche le mécanisme victimaire de fonctionner correctement et l’oblige à s’adapter vers des formes culturelles plus sophistiquées.