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Commentaire de Didier Kottelat

sur Les nationalistes de l'anti-Suisse


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Didier Kottelat 16 octobre 2007 19:52

Puisque vous vous êtes donné la peine d’argumenter votre propos, contrairement à d’autres, je vais vous répondre point par point.

1) Selon vous, qualifier l’Union démocratique du centre de parti d’extrême droite est absurde. Il est vrai que l’appellation française de cette formation prête à confusion, mais il suffit tout d’abord de se tourner vers l’intitulé allemand, original, pour supprimer l’absurdité linguistique. En effet, dans la langue de Goethe, l’acronyme de l’UDC est SVP (Schweizerische Volkspartei, Parti du peuple suisse). La référence centriste est évacuée.

Mais passons au niveau politique. L’UDC est sans conteste un parti d’extrême droite qui inspire et s’inspire de tous les populismes d’extrême droite européens, en particulier celui de l’Autrichien Jörg Haider. Citons, entre autres, les dernières propositions et autres initiatives soutenues par l’UDC ces dernières années :
- refus de l’entrée dans l’UE
- refus de l’adhésion à l’ONU
- initiative visant à limiter le nombre d’étrangers en Suisse en édictant un quota maximum
- initiative visant à expulser les étrangers criminels
- initiative visant à interdire la construction de minarets
- approbation de lois sur l’asile et sur les étrangers violant les engagements internationaux de la Suisse
- opposition à la libre circulation avec les citoyens de l’UE
- opposition à l’initiative visant à accorder la nationalité suisse aux immigrés de la troisième génération
- suppression de l’aide sociale aux requérants d’asile dont le dossier a été frappé de non-entrée en matière
- campagnes incessantes contre les étrangers coupables de piller les assurances sociales suisses
- opposition à toute augmentation de l’aide au développement
- ...

Mais peut-être n’y verrez-vous aucune monomanie anti-étrangers... Si ce n’est pas le cas, jetez un oeil à ces diverses affiches de propagande de l’UDC.

2) Que Christoph Blocher fasse son travail au Conseil fédéral est plus que douteux, mais j’admets volontiers que les partisans de l’UDC voient les choses sous cet angle. En revanche, dire que le chef du DFJP n’agit pas de manière partisane est au mieux une bêtise, au pire un mensonge. Aucun conseiller fédéral n’a autant roulé pour son parti durant la campagne électorale. Il a sillonné la Suisse du nord au sud et d’est en ouest pour vanter les mérites de l’UDC. Sa formation a d’ailleurs axé toute sa campagne sur sa seule personne (cf. les affiches « Soutenez Blocher, votez UDC » ou la campagne sur le fameux/fumeux « plan secret ») pour éviter de parler des questions de fond, auxquelles l’UDC n’apporte aucune réponse. Laissez-moi donc rire, tout simplement...

3) Effectivement, il y a plus de 20% d’étrangers en Suisse (je ne connais pas le chiffre exact et ne remets pas en cause le vôtre). Seulement, il faut savoir que, contrairement à la quasi-totalité des pays européens, on ne devient pas suisse très facilement, phénomène qui, vous l’accorderez, augmente fortement le nombre d’étrangers. Peut-être avez-vous entendu parler de ces Italiens venus en Suisse dans les années 60, qui ont eu des enfants en Suisse, et dont les enfants ont eux-mêmes eu des enfants. Et peut-être trouvez-vous tout-à-fait normal que ces enfants nés en Suisse de parents également nés en Suisse ne soient pas automatiquement considérés comme suisses. Moi, je trouve cela abject.

De plus, vous savez, j’en suis convaincu, que, statistiquement, plus un pays est petit, plus le nombre d’étrangers sur son sol est grand. Il s’agit une loi (qui bien entendu n’est pas stricte) aisément explicable, notamment par le manque de main d’oeuvre, en particulier de main d’oeuvre qualifiée. Regardez la proportion d’étrangers au Luxembourg, aux Emirats arabes unis, à Dubaï, ...

Enfin, je crois savoir que la Suisse possède de nombreuses organisations internationales, ce qui amène un nombre important d’étrangers dans le pays.

4) Vous dites que l’UDC défend les paysans. Il n’y a rien de plus faux ! Il est bien loin le temps où l’UDC était un parti agrarien. Cela fait longtemps que l’aile zurichoise a pris le pouvoir, et les derniers défenseurs de l’attache paysanne du parti, sections bernoise et vaudoise en tête, ne représentent plus rien dans l’UDC nationale. Les décisions se prennent à Zurich par les riches et leurs amis financiers.

5) Enfin, quel bonheur de vous voir défendre Samuel Schmid ! Moi aussi, il me plaît, cet UDC, même si je suis rarement en accord avec lui. Mais les faits sont têtus, et méritent d’être rappelés.
- Samuel Schmid a été le grand absent de la campagne électoral, au point que le président du PDC, dans un accès d’humour qui lui est propre, est allé jusqu’à lancer un avis de recherche sur sa personne.
- L’UDC a répété plusieurs fois qu’elle allait passer dans l’opposition si les autres partis ne réélisaient pas ses deux ministres, Christoph Blocher et Samuel Schmid. Malheureusement, ce dernier ne pense pas du tout ainsi, et a d’ores et déjà indiqué qu’il resterait au gouvernement même si son collègue m’était pas réélu le 12 décembre prochain.
- Vous parlez de Samuel Schmid comme d’un conseiller fédéral UDC. Je croyais pourtant qu’il n’était qu’à 50% UDC. C’est en tout cas ce que disaient les grands pontes du parti il y a quelques années. Une telle marque de mépris envers son propre ministre doit bien cacher certaines divergences d’opinions, non ?
- Samuel Schmid, l’homme qui, au cours de son discours lors d’une récente assemblée des délégués de l’UDC, a pris le contrepied total des autres orateurs en défendant une Suisse ouverte et tolérante. Nul n’est besoin de dire que les applaudissements n’ont pas été très nourris. D’un autre côté, c’est mieux que les huées et sifflets d’il y a quelques années...

Alors, l’UDC est-elle d’extrême droite ? Je ne sais pas, peut-être me trompé-je. Je vous laisse seul juge...


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