Bonsoir JL,
Vous avez entièrement raison. Chacun s’imagine toujours que la violence a été initiée par l’autre, sans comprendre que les deux adversaires poursuivent le même objectif, sont fascinés l’un par l’autre au point de s’épier jusque dans les moindres gestes, qui sont toujours interprétés de façon défavorable dans un contexte rivalitaire.
Les américains sont tellement persuadés du bien fondé de leur domination du monde, qu’ils interprètent comme une agression infâme toute tentative de remise en question de leur statuts.
Les peuples dominés éprouvent une amertume terrible car ils ressentent le confort des américains et des occidentaux comme une insulte à leur misère. Leurs tentatives de protestations sont écrasées par le mépris ou la violence. Aussi ont-ils le sentiment, en perpétrant le terrorisme, de ne faire que se défendre en massacrant des innocents, en ayant le sentiment que les souffrances qu’ils infligent resteront toujours en-deçà des souffrances qu’ils endurent.
Du côté des américains ou des occidentaux, les actes de terrorisme sont logiquement assimilés à la barbarie de gens violents agressant des peuples pacifiques.
La pire violence perçue est toujours celle de l’Autre. La réplique semble toujours légitime et modérée par celui qui la commet et paraît immonde à celui qui la subit.
Telle est la loi implacable de la réciprocité violente.
Le dernier livre de Girard « Achever Clausewitz » est essentiellement consacré à cette question.
Bien à vous.