• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Céphale

sur Les nouveaux commerçants


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Céphale Céphale 29 octobre 2007 14:04

L’échange (courtois) entre Sophie et loindelà est révélateur d’une crise morale. Ce sont deux cultures, deux systèmes de valeurs qui s’affrontent. Sophie parle de mission de service public, de recherche sans entrave de la vérité, de remise en cause des idées reçues. Loindelà parle de marché mondial, de palmarès, d’efficacité.

Dans l’optique de Sophie, l’éducation n’est pas une marchandise. Ses effets sont invisibles. On ne peut pas évaluer sa qualité à court terme, mais à long terme, quand les étudiants sont devenus acteurs du monde des adultes. L’idée d’établir un classement entre les universités est donc absurde. J’ajoute qu’un classement présuppose des critères, et qu’ils sont forcément subjectifs. Il est bien évident que les critères de Jiao Tong sont conformes au credo libéral.

Dans l’optique de Loindelà, l’éducation est une marchandise comme les autres. On a donc le droit d’évaluer sa qualité, de comparer les producteurs entre eux et d’afficher un classement comme celui de Jiao Tong. Sa thèse s’appuie sur des affirmations qui semblent découler du bon sens : « jeter un œil sur les universités d’autres pays pour voir ce qui marche », ou bien : « impressionnés par leur première visite d’un campus américain », ou bien : « je n’ai entendu personne se plaindre de cet état de fait ». Il parle de son expérience aux Etats-Unis. Son opinion n’est pas celle de tous les Français qui sont allés aux Etats-Unis. J’ai moi-même enseigné dans une université américaine, et je peux vous dire que mon opinion est radicalement différente de la sienne.

Il faut certainement réformer l’université française (au sens large, grandes écoles comprises). Mais ce serait une grave erreur de tomber dans le piège des cotations et des classements. Ce serait voir la mission de l’université par le petit bout de la lorgnette. La France a gardé un immense avantage sur les Etats-Unis : elle est restée fidèle à la philosophie du Siècle des Lumières. La France n’est pas un pays facile à gouverner ; c’est heureux, car les Français n’entendent pas devenir les serviteurs dociles d’un système déshumanisé.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès