• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Les nouveaux commerçants

Les nouveaux commerçants

C’est dit, c’est plié, c’est voté par le parlement depuis le 1er août, les universités françaises sont engagées dans le mouvement de réforme devant conduire à rien moins que la « révolution culturelle » (selon les termes de la ministre Valérie Pécresse). Celle-ci consiste, expliquait précédemment le député UMP Claude Goasguen, à « mettre l’université à l’heure de la mondialisation et de la compétitivité internationale », et à passer « de la société à l’économie performante du savoir », en intégrant « bien sûr massivement le secteur économique privé » à sa refondation. On est bien content : nos facultés vénérables, où planait encore il y a peu l’odeur de l’engagement de l’Etat, jugée presque aussi moisie que le fantôme de Siger de Brabant, vont enfin se fondre dans la modernité marchande.

Rafraîchies par un grand vent frais de scolarité, redorées aux couleurs de riches sponsors, autonomes comme de grandes filles majeures libres de se vendre au plus offrant, émancipées de leur tuteur tatillon et néanmoins radin - le vieux machin qu’on appelle plus souvent « contribuables » qu’« Etat » quand on est de droite, et le contraire quand on est de gauche -, qui leur comptait habituellement la pécune au plus juste, elles rêveront désormais de tutoyer d’un peu plus près les opulentes et ploutocratiques Américaines sur le palmarès interplanétaire de l’efficacité universitaire : le fameux classement Jiao Tong, établi depuis 2003 par l’université du même nom à Shanghai, qui place trois institutions françaises dans le top 100.

Peu importe que ses créateurs eux-mêmes aient prévenu qu’il comportait des biais très importants, car il était structurellement défavorable, excusez du peu, aux sciences humaines et sociales, aux pays non anglophones, aux publications livresques, et à la notion de qualité des formations. Peu nous chaut que « ce type de classement ne convien[ne] pas à la structuration de l’enseignement supérieur en France, où la recherche est en partie dissociée du monde universitaire, contrairement aux autres pays », comme l’expliquait le président de l’UNEF Bruno Julliard. Bagatelle que l’on puisse douter « que la valeur d’une université découle exclusivement de la visibilité internationale d’une fraction très minoritaire de ses enseignants-chercheurs » (Le Monde diplomatique, septembre 2007), sur laquelle repose pourtant l’essentiel de ce classement, voire plus généralement d’une mise en concurrence des institutions du savoir décalquée sur le mode compétitif propre aux échanges commerciaux... L’essentiel est que cette hiérarchisation des plus imparfaites se plie à loisir au sensationnalisme médiatique et à l’instrumentalisation politique. Nicolas Sarkozy a pu ainsi hisser le classement Jiao Tong au rang de « crise » et de « choc sans précédent » pour l’université et la recherche françaises, à égalité avec le conflit entre les chercheurs et le gouvernement et le rejet du CPE...

La manie de la cotation a d’ailleurs saisi les instances universitaires à l’échelon international : « [elles] ont compris qu’on pouvait manipuler sa place dans les classements. Elles orientent leur politique de manière à améliorer le "score" de leurs établissements », explique Christophe Charle, professeur à Paris I, dans l’article précité, pratique depuis longtemps en œuvre dans les universités américaines les plus en vues, et copiée par les établissements de nombreux pays. Notons que les Allemands viennent de lancer un programme de restructuration dit « Excellenz-Initiativ », à savoir un « fédéralisme de la concurrence » qui finance les universités sur la base d’un classement concurrentiel. Mais tant qu’à classer, pourquoi ne pas hiérarchiser aussi les ressources allouées aux universités ? C’est pour le coup où nous n’aurions vraiment pas de quoi nous tailler des palmes académiques : si un tel classement devait être établi, « la France serait certainement en queue de peloton », estimait Bruno Julliard.

Mais il n’y a plus à s’inquiéter. Quoi qu’il tombe dorénavant, plume ou plomb, de l’escarcelle étatique, nos futures entreprises académiques pourront désormais marcher beaucoup plus librement sur la voie ouverte déjà par quelques-unes, et profiter du « philanthropisme » des investisseurs privés, comme le définissait M. Sarkozy dans le discours précité en lien... Sauf que philanthropisme rime ici avec euphémisme ; la directrice de la communication du groupe Veolia, en négociation avec l’université de Marne-la-Vallée pour la sponsorisation d’une chaire « Ingénierie des services à l’environnement », expliquait dans Le Monde (13/12/06) qu’il s’agit plutôt de « donnant-donnant ». L’investissement doit être rentable. Et de fait, pour un coût modéré (ces financements, considérés comme des donations puisqu’ils transitent toujours par des « fondations », bénéficient d’une exonération fiscale de 60 %), le package universitaire offre à l’entreprise nombre d’avantages commodes : « créateur de richesse », il facilite « les recrutements et la recherche ».

C’est ainsi qu’à Paris-Dauphine, Axa finance désormais la chaire «  Risques majeurs », EDF et Calyon « Finance quantitative et développement durable », Groupama « Les particuliers face au risque », et AGF « Le risque santé », tandis que le Collège de France est flanqué d’une chaire « d’Innovation technologique » sponsorisée par L’Oréal, qui s’est offert également une chaire « Diversité et Performance » à l’ESSEC, nos fringantes grandes écoles étant déjà plutôt familières de la mise aux enchères de la formation des cerveaux. La toute nouvelle Ecole d’Economie de Paris, par exemple, à la fondation de laquelle Axa, Exane et American Foundation ont participé, intègre ses partenaires privés à sa « gouvernance d’ensemble » et lui fournit « un accès privilégié aux chercheurs, étudiants et programmes ».

On ne prétendra pas qu’une épée de vertu infranchissable doit être dogmatiquement plantée entre l’université et l’entreprise. Mais à partir du moment où comme les fondateurs de cette école, cités - et approuvés, turlupinade Jiao Tong à l’appui - par Le Nouvel Obs (26/07/07), on considère que l’éducation est « un marché mondial »« les universités s’affrontent », la mainmise du secteur privé sur ce marché convoité qu’est devenu l’enseignement supérieur ne trouve plus aucun obstacle pratique ni éthique. Phagocytose illustrée par le fait que l’initiative pédagogique ne revient même plus à l’établissement, mais à l’entreprise. On apprend par exemple qu’en juin dernier, « à l’initiative de Carlos Ghosn la Fondation Renault a mis en oeuvre une chaire sur le thème du management de la diversité culturelle avec l’Ecole Polytechnique et l’Ecole des Hautes Etudes Commerciales. Cette chaire fonctionne en collaboration avec des institutions étrangères prestigieuses où Renault a un intérêt stratégique ». Que la thématique choisie puisse avoir un quelconque intérêt général ne fait donc pas débat. Les projets de recherche seront menés « en toute indépendance ». Evidemment.

Indépendance que Richard Descoing, directeur de Sciences-Po Paris, assure conserver ; il a déclaré en effet au Canard enchaîné (15/08/07) avoir refusé l’obole du groupe Vinci pour sa chaire de développement durable car le bétonneur entendait influer sur les enseignements. Mais il a accepté celle de BNP Paribas, décidée à financer une chaire consacrée à la Turquie. Ce qui lui a valu les protestations du Conseil de Coordination des organisations arméniennes de France : si l’on en croit le journal turc Radikal (07/06/07), le premier à médiatiser l’information, Pierre Mariani, un des grands patrons de la BNP, aurait en effet confié à des journalistes turcs vouloir par la création de cette chaire corriger l’image de la Turquie, « perçue par certains Français comme un pays qui persécute les pauvres Kurdes », la communauté turque en France n’étant pas assez organisée, contrairement au « lobby arménien très puissant ». Si ces propos ont été ultérieurement démentis dans un courrier adressé au CCAF, la raison de l’intérêt de la BNP pour cette chaire ne fait pas mystère : depuis 2005 elle possède 50 % de TEB Mali, propriétaire de la principale banque du pays. Sciences-Po sert donc ses intérêts au plus juste. Un beau catalogue de sponsoring, d’ailleurs, que cet IEP censé former la crème de la fonction publique et de la politologie. Les chaires y sont pourvues d’autres partenaires de poids, comme par exemple Sanofi Aventis pour la Santé, Arcelor pour le Mercosur, l’énorme cabinet d’avocats d’affaires Lathams & Watkins pour la Régulation, plus un certain nombre de banques.

C’est chouette : flanquée de tels parrains, c’est sûrement toute une génération d’esprits critiques qui va se lever... Parlons clair : celui qui nous regarderait dans le blanc des yeux en jurant sur son scalp que toutes ces firmes, se promenant comme au supermarché dans les établissements d’enseignement supérieur, n’orienteront jamais le contenu des cours à leur profit, ne s’emploieront jamais à censurer des travaux dont les conclusions leur déplairaient, s’appellerait Simplet ou Tartuffe.

A l’étranger, l’effacement de la mission de service public, l’écrasement des objectifs humanistes initiaux de l’université et de l’intérêt général de la recherche ont déjà produit leurs effets délétères. Plusieurs affaires de financements obscurs et de pressions, particulièrement aux Etats-Unis, au Canada et au Royaume-Uni, résumées dans un excellent dossier du Courrier de l’Unesco, ont exacerbé un malaise pressant. « Depuis la naissance des premières universités, voilà huit siècles », peut-on en outre y lire, « les intellectuels ont défendu leur droit à enrichir et critiquer le savoir sans subir de contraintes extérieures. Ce droit précieux - les libertés académiques - est, aujourd’hui encore, remis en cause sur plusieurs fronts. (...) Le rôle de l’université dans la société démocratique est menacé. Aucune autre institution n’a de mission équivalente : la recherche sans entrave de la vérité et du savoir et leur diffusion auprès du public. Elle sert l’intérêt général en se vouant à l’analyse informée et à la connaissance critique et en maintenant une conception intransigeante de l’intégrité intellectuelle. La remise en cause des idées reçues, qu’elle résulte de l’enseignement, de la recherche ou d’autres services auprès du public, menace les pouvoirs établis, intéressés au maintien du statu quo. A toutes les époques, des universitaires qui prenaient leur mission au sérieux se sont heurtés aux institutions religieuses, aux gouvernements ou aux puissances économiques. L’implication croissante des entreprises dans la vie universitaire constitue aujourd’hui la principale source d’inquiétude. Les réductions budgétaires du secteur public ont amené les universités à chercher des ressources privées et à accepter des formes de collaboration jusqu’ici impensables. (...) Les accords qui en résultent favorisent, le plus souvent, les résultats à court terme, au détriment des sciences humaines et de la recherche fondamentale  ».

« La pensée scientifique est une pensée révolutionnaire », disait Gaston Bachelard. Mais il ne comptait sans doute pas sur l’attitude rebelle de chercheurs domestiqués, soumis à des impératifs de rentabilité rapide sur des thématiques imposées et à « une adhésion sans réserve aux principes et aux valeurs qui fondent la vision du donateur » (accord de 1997 entre la Fondation Rotman et l’université de Toronto)... Quant aux sciences humaines ou à la littérature, sont-elles encore bien utiles à notre monde d’étourdissante déconstruction socio-culturelle ? Ce ne semble pas en tout cas être l’avis de notre actuel chef d’Etat, qui dans le journal 20 minutes (16/04/07), expliquait que «  vous avez le droit de faire de la littérature ancienne, mais le contribuable n’a pas forcément à payer vos études de littérature ancienne si au bout il y a 1 000 étudiants pour deux places. Les universités auront davantage d’argent pour créer des filières dans l’informatique, dans les mathématiques, dans les sciences économiques. Le plaisir de la connaissance est formidable, mais l’État doit se préoccuper d’abord de la réussite professionnelle des jeunes  ». C’est on ne peut plus clair : la culture et ses joies épanouissantes pour une petite minorité de riches privilégiés, une université-ANPE pour les autres, fournissant clé en main des hordes de techniciens souples et incultes, dont les connaissances ont été fixées par le marché. « Mais un monde social qui n’aurait pour seule ambition que d’être économiquement efficace serait un monde profondément désespérant », se récriait le professeur à l’Ecole Normale Supérieure Bernard Lahire (L’Humanité, 05/05/07).

Qu’il se rassure un peu. Il y a au moins une avanie que les professeurs et étudiants de littérature éviteront : celle de voir les multinationales se bousculer pour sponsoriser leurs cathèdres. Mais ils peuvent par contre craindre de disparaître. Perspective qui ne provoquera qu’un haussement d’épaules chez les partisans du darwinisme universitaire, saboteurs convaincus des missions étatiques d’éducation publique et de transmission du patrimoine. Ils n’ont pas compris qu’on apprend mieux à vivre et à comprendre l’homme chez Montaigne que dans « comment l’intégration de la diversité dans les pratiques de management peut être un vecteur de performance » (L’Oréal/ESSEC), ce qui en définitive revient également à mieux accomplir sa tâche. Mais c’est bien connu : Simplet n’est qu’un idiot, et Tartuffe un profiteur. Les deux ont le front bas et la vue courte. Le réformiste éclairé, quant à lui, déciderait par exemple d’intégrer littérature et philosophie dans toutes les filières après le bac. Une véritable révolution. « Veille, étudie, lis, pour que ce doute qui te reste t’excite à étudier et à lire, puisque vivre éloignés des lettres est, pour l’homme, mort et sépulture vile », disait un professeur à l’université de Paris, condamné pour subversion par la hiérarchie de son temps : pas si moisi que ça, l’esprit de Siger de Brabant.


Moyenne des avis sur cet article :  3.93/5   (30 votes)




Réagissez à l'article

21 réactions à cet article    


  • snoopy86 11 septembre 2007 11:43

    @ l’auteur

    Vous avez été bien inspirée d’illustrer votre article avec l’enseigne d’une chaîne de grande distribution :

    Il n’est en effet pas mauvais de rappeler qu’avec un bac+4 en psy, socio ou lettres on peut, lorsque on a échoué au concours de l’IUFM, briguer un poste de caissière chez eux.

    C’est malheureusement le lot de milliers de jeunes qui ont oublié où à qui on a fait oublier que faire des études c’est aussi se former à un métier.


    • imarek imarek 11 septembre 2007 12:46

      >>>Il n’est en effet pas mauvais de rappeler qu’avec un bac+4 en psy, socio ou lettres on peut, lorsque on a échoué au concours de l’IUFM, briguer un poste de caissière chez eux.

      Excellent, tout est dit en une phrase. On peut ajouter aussi qu’il y a plus d’étudiants en psy en France que dans toute l’Europe réunie. On paye donc une fois pour les études puis une deuxième fois pour le chomage. Surtout ne changeons rien... Il est vrai que l’entreprise c’est mal, ça crée des richesses et de l’emploi...brrr quelle horreur !!!


    • O.Z.Acosta 11 septembre 2007 11:58

      non les chercheurs et tous les hauts diplomés universitaires partent dès la fin de leurs études voir avant ( stage de validation des acquis ).

      La france ne paie pas ses hauts diplômé ( 2200 € par mois pour un ingénieur réseaux avec 5 ans d’experience = 4400 $ pour un ingénieur réseaux débutant en Angleterre, en Italie, aux USA ).

      le problème de la France c’est que les formations universitaires françaises sont reconnus a l’Etrangers ( mis a part les écolé d’ingénieurs jugé trop « scolaire » ) mais que les jeunes diplômés ne trouve pas de travail ( caissière à carrefour avec un master de sociologie ) en France.

      La france cherche a nivellé par le bas ( réforme des regimes spéciaux des retraites ) car des nantis « monarchistes » s’accorde des priviléges et montre du doigt une autre parti de la population.

      L’intervention des entreprises dans les universités ce n’est pas nouveau : les entreprises venaient nous chercher à la sortie des cours voir dans les cours car certains intervenant pour les TP étaient des proféssionnelles.

      Là où il va y avoir des conséquences c’est dans la recherche car beaucoup d’argent publique et un peu d’argent privé le tout à la recherche du profit maximum ca nous donne des OGM en plein champs et des produits non testé ( téléphone GSM-Wifi ) qui peuvent nuire à la santé des « con-somateur »

      Z


      • momo 11 septembre 2007 13:39

        Je ne vois pas l’interêt de ce commentaire totalement découcu et bourré de fautes...


      • O.Z.Acosta 11 septembre 2007 14:32

        Si je fais des fautes, désolé le français n’est pas ma langue maternelle.

        Quand a un poste décousu, il faut bien comprendre que si les chercheurs sont parti à l’étrangers, ils ne peuvent pas faire de publication en France et donc les universités françaises sont en queues de ploton.

        Cela ne vient pas de la formation car même un master lettre trouve du travail à l’étrangers ( chose très rare en France ).

        Il est très difficile pour quelqu’un qui est allé jusqu’a bac +5 de comprendre pourquoi un simple gardien de la paix gagne plus que lui.

        Quand au second point de l’article a savoir la main mise des entreprises privées sur l’enseignement et sur la recherche, j’ai explimé mon point du vue peut-être politisé mais très clair : si de l’argent privée se mêle a de l’argent publique nous courrons à la catastrophe car l’investissement privée n’a qu’un seule but la rentabilité à court terme.

        Z


      • Gaétan de nollande 11 septembre 2007 16:51

        Je ne suis pas sur du tout de ce que vous affirmez, ce qui se passe à l’étranger (dans les pays anglo-saxons en tout cas), c’est que contrairement à la france, la valeur que l’on attache au diplome est moins importante que l’expérience et les compétences des gens. Université, grandes écoles, si tu fais le boulot, tu fais le boulot, peu importe.

        En plus, pour l’avoir vécu, la plupart des étrangers ignorent tout du systeme francais Grandes Ecoles/Universités et la valeur des diplomes décernés, je ne vois pas comment on pourrait dire qu’ils préferent les universitaires ou autres, disons plutot qu’ils ne sont pas bornés et donnent leur chance à des gens avec des profils différents (parce qu’ils savent qu’ils pourront les licencier le cas échéant ? vaste débat).

        Pour ce qui est des ingénieurs trops « scolaires », il faudrait dire ca à tous les ingénieurs francais qui travaillent à l’étranger (dont moi meme), et dans mon université anglaise on semblait plutot les apprécier.

        2200 euros par mois pour un ingénieur diplomé apres 5ans, il ne devait pas etre tres bon le mec smiley


      • tvargentine.com lerma 11 septembre 2007 13:35

        Encore un gauchiste qui n’a pas quitté la France pour s’exiler en Corée du Nord ou chez Boutléflika dont le régime semble etre un paradis de modernité !

        Votre vision politique obscurantiste vous fait rejeter la réalité de la vie d’aujourd’hui,que nous vivons,en France :

        UNE SOCIETE D’ECONOMIE DE MARCHE dans une mondialisation.

        OUI,nous devons avoir des universités modernes pour former des cadres modernes pour développer notre pays.

        Une véritable rupture que cette réforme avec le passé de la misère des universités françaises noyauté par des troskistes non représentatif de la sociologie du pays et qui n’arrêtent pas de rejeter l’économie de marché et la réalité de la mondialisation


        • chris 11 septembre 2007 16:13

          Merci pour ce superbe article criant de vérité. J’ai peur pour mon université, j’ai peur pour mon pays, j’ai peur pour mon avenir.

          Je paye 350€ de frais d’inscription/an, ce que je trouve correct. Dans la FAC voisine, celle de Fribourg (Allemagne) ils payent...600€/semestres, soit 1200 €/an, depuis les réformes récentes qui ont touché le pays et que nos dirigeants prennent pour exemple. Mais ce n’est pas tout, dans ces FAC allemandes à présent plus autonomes que les notres, les étudiants au QI supérieur à 130 ne payent...rien. Ils reçoivent toutes les attentions et sont directement pris sous l’aile des entreprises.

          Ces mesures doivent améliorer la compétitivité des FAC ? Ma bonne vieille FAC française est juste derrière celle de Friboug (94è)au classement de Shangaï (Stasbourg Louis Pasteur, 96è)...


          • Sophie Sophie 11 septembre 2007 16:58

            Merci, Chris, pour cette information. Je savais que la nouvelle loi allemande, qui suscite beaucoup de grogne Outre-Rhin, venait d’instaurer des droits d’inscription élevés (alors que précédemment il n’y en avait pas), mais j’ignorais que certaines universités pratiquaient un tel inégalitarisme : des « petits génies » subventionnés, et du « tout venant » taillable... Le chapeau de mon article ne pouvant contenir de lien, voici les références de l’article du député Goasguen dans le Figaro : http://www.lefigaro.fr/debats/20061003.FIG000000211_pour_reussir_la_refonte _de_l_universite_francaise_le_secteur_prive_et_associatif_devra_aider_ l_etat.html Encore un beau morceau de rhétorique néolibérale qui mérite d’être lue... A propos, il semble qu’il y ait ici des commentateurs qui confondent l’économie de marché et le libéralisme économique... Cordialement


            • BlueTemplar BlueTemplar 12 septembre 2007 08:55

              Il me semble quand même que d’accorder des bourses aux meilleurs élèves soit une trés bonne chose, histoire de récompenser un bon travail et de pousser les autres élèves à essayer de faire de même.

              La question est par contre sur comment on définit le _mérite_, et la mesure du QI n’est CERTAINEMENT PAS une bonne manière de le faire, vu que ce n’est qu’un indicateur de certaines _capacités_ et rien ne dit que ces capacités séront bien utilisées (ni réellement utiles).


            • judel.66 11 septembre 2007 17:11

              quand aurons nous des examens d’entrée dans les facs pour éliminer tous les parasites qui ensuite se presentent avec une maitrise de lettres ,ne savent méme pas écrire en bon Français , sont bons a rien et pretentieux....

              quand aurons nous davantage d’I U T .....

              quand débarrasserons nous le C N R S de tous les faux chercheurs qui ne cherchent rien sinon leur profit et sont membres de l’internationale socialiste....


              • Lounina Lounina 11 septembre 2007 19:20

                Par association d’idées, ce sujet me remémore quelques indigestes souvenirs... Ceux d’enseignants/chercheurs engagés dans le collectif « Sauvons la recherche » venant exposer dans des amphis bourrés à bloc d’étudiants vindicatifs (crise du CPE oblige) les tenants et aboutissants de leurs « revendications » ... Et ces mêmes enseignants/chercheurs se faisant prier (plus ou moins gentiment) de quitter les lieux pour cause de « rien à foutre »... Les étudiants se soucient-ils seulement de la recherche et de la qualité des enseignements ? Sont-ils seulement conscients des enjeux ?

                Sur ce, veuillez m’excuser pour ce commentaire hors sujet. La conversation peut reprendre son cours normal.


                • seigneur_canard seigneur_canard 11 septembre 2007 19:24

                  Marrant, tout ce que j’ai appris en fac ne vaut rien (dans l’optique de gens comme Picra... heuu Pecresse). Pourtant, c’est aussi essentiel et me permet de produire des choses sans doute plus utiles au « bien commun » que ce que peuvent apprendre les diplômés des écoles de commerce. Ah, ça c’est sur, je suis mal payé par rapport à mon niveau d’étude. Le problème, ce n’est pas ce qu’on apprend en fac, mais la façon dont ont peut permettre aux diplômés de valoriser leur savoir. A ce niveau là, que dalle. L’étudiant moyen se retrouve avec « sa bite et son couteau » sur le marché de l’emploi et ce n’est pas sur les glandus de l’ANPE qu’il faut compter si on a une formation « professionelle » autre que plombier ou mécanicien auto... N’en déplaise à Snoopy (par exemple) on a besoin de gens, y compris dans le privé, qui ont fait de la socio, des lettres, de l’histoire ou autre. Le problème, c’est la mise en relation des étudiants avec le monde professionnel. Ça éviterait que des incapables finis se retrouvent a faire le boulot de gens ayant été formé pour mais n’étant pas passé par HEC...


                  • ZEN ZEN 11 septembre 2007 20:19

                    Merci Sophie pour cette analyse


                    • Sophie Sophie 12 septembre 2007 11:09

                      D’accord avec vous, seigneur canard. Il me semble que les sciences humaines et la littérature sont bien un réservoir de connaissances et de valeurs au service du lien social, dans lequel toutes les formations devraient puiser. Dites, Loindelà, c’est sympa de commenter mon article, mais avant cela il faudrait le lire plutôt que le survoler. Je ne prétends pas que les universités françaises se portent bien, puisque j’évoque justement le problème capital de leur sous-financement chronique. Je ne dis pas non plus qu’aucun lien ne devrait être tendu entre l’université et l’entreprise. Mais je maintiens que l’enseignement supérieur est une mission de service public et ne doit jamais cesser de l’être. Ce sont les dérives préoccupantes d’une main mise du privé sur l’enseignement supérieur que je pointe. Lisez donc le dossier du Courrier de l’Unesco que je cite, je vous assure que vous ne perdrez pas votre temps. Quant au système américain, on sait bien qu’il fonctionne à deux vitesses, avec des universités très riches, et d’autres universités pauvres ne vivant que des fonds publics. Je ne vois donc pas qu’on puisse l’ériger en modèle à suivre aveuglément.


                      • Gilles Gilles 12 septembre 2007 11:17

                        Le fameux classement Jiao Tong contient effectivement un gros biais.

                        Ce qui compte, en ce qui concerne les publications, se sont les citations à travers les revues de références. La qualité des articles n’est pas pris en compte. 10 articles moyens, oubliés trés vite, comptent plus pour le classement de l’université que deux articles géniaux suscitant par la suite des avancées trés prolifiques.

                        Pour ce qui est du nombre de prix nobels, là aussi, ça peut craindre. De nombreux prix nobels par la suite ne produisent rien de grandioses, alors que dix autres chercheurs non nobélisés, eux, sur l’ensemble de leur carrière seraient plus productifs. Mais leur université sera moins bien notée.

                        Ce classement est un indicateur, parmi d’autres. AVant d’en faire l’apologie il faut bien étudier les critères de classement et l’utiliser ensuite à bon escient. S’en servir pour justifier une politique c’est de la bêtise crasse que seul un sarko peut sortir, mais àa alimente la soit disant déclinologie justifiant els mesures les plus capitalistiques


                        • Sophie Sophie 13 septembre 2007 17:43

                          @ Loindelà. Encore une fois je n’ai pas dit que l’université ne devait jamais accepter de contributions privées, mais celles-ci ne doivent pas être en position de remplacer la mission étatique. Quant au système américain, je suis bien contente pour vous que vous en ayiez retiré toute satisfaction, mais je vous renvoie tout de même à l’article de Christopher Newfield paru dans « le Monde diplomatique » de ce mois, qui ne partage pas du tout votre vision idyllique. Cette synthèse, qui stigmatise l’état actuel de ce système, par rapport à ce qu’il fut autrefois, me semble excellente. L’auteur est professeur à l’université de Californie ; peut-être, ne venant pas d’un quelconque idéologue de chez nous, ses propos auront-ils plus de valeur à vos yeux. J’ajouterai cependant que les idéologies, dans mon optique, ne sont pas des dogmes, mais des boîtes à outils au service du contrat social. Et c’est bien pour cela qu’on ne devrait jamais s’en passer. Un pragmatisme dépourvu de toute vision d’ensemble et de toute réflexion politique contient les excès de la mondialisation financière actuelle.


                          • Sophie Sophie 13 septembre 2007 20:54

                            @ Loindelà. Vous ne trouverez pas encore en ligne cet article, puisque c’est le numéro de ce mois-ci, mais sans doute le sera-t-il bientôt ; le titre est « Passé et passif de l’enseignement supérieur américain ». Ce serait un peu long à résumer, mais grosso modo l’auteur y montre comment le système universitaire américain, tel qu’il a été mis en place après guerre et qui a permis l’accès massif des classes populaires à l’enseignement supérieur, a peu à peu été vidé de cet objectif majeur. Quant à mon article, pamphlet si vous voulez, le terme ne me dérange pas, anti-néolibéral sûrement. Encore une fois je ne rejette pas par principe toute contribution privée, mais je refuse de considérer, comme le font les fondateurs de l’Ecole d’Economie de Paris que je cite, que l’enseignement supérieur n’est qu’un marché. Si jamais vous avez envie de poursuivre la discussion, vous pouvez aller sur mon blog et vous trouverez mon adresse e-mail. Cordialement.


                            • Ceri Ceri 26 octobre 2007 22:51

                              C’est tout à fait cela, le processus de libéralisation de l’université débouche sur du formatage selon les besoins des entreprises. Le doyen de l’UCL (université catholique de Louvain, très bien cotée) est un des membres de l’European Round Table, le lobbie de 47 multinationales européenne, Patrick de Cornélis, PDG de Pétrofina. L’ERT a produit quelques rapports très destructeurs pour l’éducation, recopiés presque tels quels par la Commission européenne. Et à l’ULB (université Libre de Bruxelles), pour etre bien dans le classement, on avait cette « université virtuelle », un cours uniquement en ligne (c d’ailleurs un des grands projets de l’ERT et de ’lEurope, mais aussi de ’loCDE), dans lequel on devait avoir la moyenne absolument sinon ’lannée n’était pas validée. Comme ça tout le monde a du s’y plier, et on est passé dans les universités les mieux classées dans ce domaine. No comment. Le cours était absolument stupide et en fin de cursus universitaire, s’amuser avec power point et acess ressemble à une perte de temps.

                              Clairement, le but n’est certes pas de former des citoyens avertis mais des consommateurs aptes à consommer ce qu’on leur proposera, y compris dans les nouvelles technologies. Et si possible bien abrutis histoire qu’ils digèrenet la propagande sans rechigner. Et les sciences sociales et humaines, ou les arts, qui hébergent tant de gauchistes rebelles à la « rupture » ou la « réforme » et si critiques sur toute « action » peuvent bien disparaitre, de toutes facons, ce ne sont pas de filières jugées « rentables » à court et moyen terme.

                              Ca fait juste peur d’imaginer la société de lobotomisés qu’on aura si la recherche et l’esprit d’analyse se dissolvent si vite dans les lois du marché.


                              • Céphale Céphale 29 octobre 2007 14:04

                                L’échange (courtois) entre Sophie et loindelà est révélateur d’une crise morale. Ce sont deux cultures, deux systèmes de valeurs qui s’affrontent. Sophie parle de mission de service public, de recherche sans entrave de la vérité, de remise en cause des idées reçues. Loindelà parle de marché mondial, de palmarès, d’efficacité.

                                Dans l’optique de Sophie, l’éducation n’est pas une marchandise. Ses effets sont invisibles. On ne peut pas évaluer sa qualité à court terme, mais à long terme, quand les étudiants sont devenus acteurs du monde des adultes. L’idée d’établir un classement entre les universités est donc absurde. J’ajoute qu’un classement présuppose des critères, et qu’ils sont forcément subjectifs. Il est bien évident que les critères de Jiao Tong sont conformes au credo libéral.

                                Dans l’optique de Loindelà, l’éducation est une marchandise comme les autres. On a donc le droit d’évaluer sa qualité, de comparer les producteurs entre eux et d’afficher un classement comme celui de Jiao Tong. Sa thèse s’appuie sur des affirmations qui semblent découler du bon sens : « jeter un œil sur les universités d’autres pays pour voir ce qui marche », ou bien : « impressionnés par leur première visite d’un campus américain », ou bien : « je n’ai entendu personne se plaindre de cet état de fait ». Il parle de son expérience aux Etats-Unis. Son opinion n’est pas celle de tous les Français qui sont allés aux Etats-Unis. J’ai moi-même enseigné dans une université américaine, et je peux vous dire que mon opinion est radicalement différente de la sienne.

                                Il faut certainement réformer l’université française (au sens large, grandes écoles comprises). Mais ce serait une grave erreur de tomber dans le piège des cotations et des classements. Ce serait voir la mission de l’université par le petit bout de la lorgnette. La France a gardé un immense avantage sur les Etats-Unis : elle est restée fidèle à la philosophie du Siècle des Lumières. La France n’est pas un pays facile à gouverner ; c’est heureux, car les Français n’entendent pas devenir les serviteurs dociles d’un système déshumanisé.


                                • Sophie Sophie 29 octobre 2007 14:49

                                  @ Ceri et Céphale.

                                  Merci pour vos commentaires, cela me réconforte de savoir que mes idéaux et mes craintes sont partagées par d’autres esprits critiques.

                                  Mais jusqu’à notre pays restera-t-il fidèle à la philosophie des Lumière, englués que nous sommes dans l’entreprise de marchandisation du monde dont l’Union européenne se fait le truchement ? Il est gravissime de ravaler l’éducation à un marché libre que des intérêts financiers se partagent, aujourd’hui l’université, demain l’enseignement secondaire voire primaire. Dans l’avenir y aura-t-il encore des voix pour s’en indigner ?

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès