Merci Custerwest :
Ce qui est fascinant dans l’affaire Custer, c’est qu’il montre bien qu’au pays du « gagnant » triomphaliste les vrais héros sont les glorieux vaincus. Custer se situe aux côtés de Davy Crockett à Fort Alamo comme mythe fondateur, sans parler des Confédérés qui se rendent après quatre ans de résistance acharnée. Et ne parlons pas de Jesse James, célébré dans un des plus beaux films de l’année.
Quant à la place des Indiens dans cette mythologie, elle est des plus complexes, et l’attitude américaine très ambigue. Cister n’a jamais caché qu’il leur donnait raison (aux Indiens) de préférer la vie libre sur les Plaines à l’enfermement des réserves. Mais l’époque croyait fermement que la vie sédentaire des blancs allait inévitablement l’emporter sur celle de l’homme rouge. Les Américains étaient fascinés par la bravoure et la résistance des Indiens - estimant qu’à leur contact les immigrés européens se régénéraient (voir les études de l’historien des cultures Slotnik, notamment ’Gunslinger Nation’). En ce sens, moins stigmatisés que les anciens esclaves noirs, certains Indiens ont même pris du grade dans l’armée U.S. (dont l’un des lieutenants de Custer, mort à Little Bighorn, à moitié amérindien, ainsi que l’aide-de-camp du général Grant, iroquois à 100%).
Il y a eu, à Little Big Horn plusieurs cérémonies de réconciliation, la première survenant dix ans après les faits, réunissant anciens adversaires. Et Buffalo Bill aimait à mettre en scène des survivants des deux côtés, dont Sitting Bull, accompagné du panneau ’ennemis d’hier, amis aujourd’hui’.
Il est ironique que sous l’impulsion de Théodore Roosevelt, grand admirateur des Indiens et de la vie sauvage (’the strenuous life’), les monnaies et billets U.S. à partir de 1900 se couvrent de représentations de chefs indiens et de bisons au moment même où on a achevé d’enfermer les premiers et d’exterminer les seconds !