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Commentaire de float

sur Les races et les Français


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float float 31 octobre 2007 14:41

Voilà, [très] longuement illustrées, toutes les raisons pour lesquelles la discrimination positive était une idée désastreuse : positive ou non, elle allait forcément ouvrir la voie à une nouvelle forme de discrimination officielle, et vient légitimer les inepties les plus puériles et, accessoirement, les plus anti-républicaines.

Car en effet, si des groupes ethniques « bénéficient » de discriminations positives en tout genre, la nécessité de disposer de statistiques sur ces groupes devient presque indéniable. Seulement, l’auteur, comme un nombre de plus en plus inquiétant d’européens, semble ne plus pouvoir appréhender la différence entre « sensibilités communautaires » et « politique ». Que des distinctions raciales, à caractère inné donc, existent, je ne pense pas qu’il y ait besoin de discours fleuves et stériles pour le démontrer. Toute personne un tant soi peu observatrice se sera du moins aperçu, dans ses « réflexions » (puisque vous semblez aimer attribuer ce terme à toute activité mentale, même la plus improductive), qu’un Noir a la peau noire et qu’un Blanc a la peau blanche. Je laisse déjà de côté le cas de tous les métisses car je ne vous sens pas très enclin à la pensée nuancée.

La véritable question, que vos amis « décomplexés » et vous-mêmes oubliez décidément toujours de soulever, porte sur la compatibilité entre cette encyclopédie du « bon sens » de comptoir que vous nous délivrez et l’action politique, dans notre République. Je ne suis franchement pas persuadé qu’officialiser la notion de discrimination raciale à l’échelle de l’Etat aille dans le sens de la paix sociale, et encore moins dans celui de ces 3 notions qu’on peut parfois lire sur les façades d’école en se demandant à chaque fois quel dangereux gauchiste a pu les graver là, sans se faire gauler.

Donner un « coup de pouce » à un Noir d’Argenteuil pour entrer à Sciences Po, c’est d’abord accepter le déterminisme social qui veut qu’aucun Noir d’Argenteuil ne puisse jamais, à chances égales, accéder à Sciences Po. C’est ensuite prolonger ce déterminisme en s’appuyant sur le premier pour établir une règle sociale. Etablir ensuite des statistiques ethniques, c’est encore prolonger ce déterminisme, car contrairement à ce que vous feignez de ne pas comprendre, les études statistiques ne sont pas seulement un reflet commode de notre société, elles la façonnent aussi. Un exemple simple de géomarketing : si une étude statistique quelconque établit que, dans un village donné, 32% des habitants aiment parier sur les courses de chevaux, une boutique spécialisée dans le pari ouvrira bientôt dans ce village. Quelques années plus tard, la même étude établira très probablement que ce sont désormais 45% des habitants de ce village qui aiment les paris en ligne, incités par la présence de cette boutique en bas de chez eux. Transposer cet exemple a la politique est simplissime, et il convient donc de se demander si c’est bien le rôle de l’action politique de participer aussi activement au déterminisme social, qui pour le coup tend même à prolonger le déterminisme racial/génétique.

Contrairement à ce que vous pensez, l’absence de statistiques ethniques n’a jamais correspondu à un tabou mais à une éthique, qui semblerait presque métaphysique à certains en cette période de négations en tout genre. De mon point de vue, le premier dérapage, qui allait permettre tous les autres, a été commis par le PS, à vouloir légiférer sur les « propos racistes » entre autres, entre-ouvrant cette cloison, qui séparait les sensibilités communautaires et la politique, et qui aurait pu, aujourd’hui, nous empêcher de lire de telles médiocrités.


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