Vous soulevez une question à laquelle je n’ai aucune réponse, mais qui me gène énormément. Connaissant bien le milieu humanitaire, je sais qu’il y a de la part des ONG, des gouvernements occidentaux, de l’ONU etc. une volonté d’assurer une plus grande participation des femmes, ce que l’on appelle « empowerment », à la vie politique, sociale, économique et familiale, surtout dans les pays où elles sont les plus opprimées. Pour certaines d’entre elles (j’aimerai dire beaucoup, mais je n’ai aucun chiffre), cela s’est traduit par des améliorations ; certaines ont créé des coopératives de productrices, d’autres des associations contre les violences conjugales, etc. D’autres comme Zakia, dont vous parlez, ont payé de leur vie, que ce soit dans l’enceinte privée des relations conjugales, ou dans la sphère publique.
Je pense que la soif de liberté existe en chacun de nous, mais je me demande quelle est notre part de responsabilité lorsque nous faisons miroiter l’espoir devant ces femmes, lorsque nous les encourageons à se révolter pendant que nous restons sur la touche à les regarder.
Etant une femme, je suis tout à fait pour la libération et la liberté des femmes, mais j’ai l’impression que nous demandons à ces femmes de livrer nos batailles et que nous leur laissons le soin d’en payer le prix. C’est pour cela que le meurtre de Zakia, ne me donne pas seulement un sentiment de tristesse, mais aussi de culpabilité.