La raison principale motivant les réticences de l entrée de la Turquie est démographique. 100 millions d habitants rentrant d un coup dans l UE impliquerait un déséquilibre majeur des représentations politiques au sein des institutions européennes. Les pays fondateurs verraient alors leur influence réduite d autant. Les problèmes posés par la Pologne, avec le tiers de la population turque, n ont certainement pas encouragé à aller de l avant.
La seconde raison est géographique. La Turquie est directement en contact avec une zone géo politique extrêmement instable (Iran, Iraq, Israel, Liban...). Le principe de solidarité impliquerait directement tous les pays européens dans ces conflits. Les problèmes de frontière avec le Kurdistan obligerait par exemple l Union Européenne à s aligner sur les décisions interventionistes turques.
L argument religieux ne tient pas, puisque la Turquie est un pays laique. Il est utilisé par les responsables politiques européens car il frappe les imaginations, les conflits millénaires entre l Occident chrétien et l Orient musulman étant encrés dans l éducation historique européenne.
Vous affirmez qu il n y a pas de liens culturels entre la France et l Italie. Vous auriez pu choisir des exemples plus probants, comme la Bulgarie ou la Finlande qui n ont jamais été latins. La science, la médecine, la justice, la langue, l héritage religieux nous lient indiscutablement aux Italiens.
La Turquie a su unifier le Moyen Orient et l Afrique du Nord pendant 600 ans sous la bannière de l Islam. Pourquoi ne pourrait elle pas initier une zone économique démocratique sur l ancienne zone d influence de l Empire Ottoman ? Ne serait ce pas plus légitime que ce soit le très religieux Abdullah Gül qui porte le drapeau de l Union Méditerranéenne plutôt que Nicolas Sarkozy ?