A la lecture de cet article et de certains commentaires qui suivent, une anecdote de Coluche me revient à l’esprit :

il racontait que, le succès venant, l’une de ses premières dépenses avait été d’offrir à sa maman, entre autres, une télévision et les services d’une femme de ménage. Il avait choisi un beau poste de TV, moderne, mais sa maman exigea qu’il l’échange contre un ancien, muni d’une petite porte fermant à clef et permettant de verrouiller les commandes.

Comme il s’en étonnait, sa maman lui expliqua qu’elle ne voulait pas que la femme de ménage puisse mettre la télévision en route... Il était resté ahuri, se demandant comment une femme comme sa mère qui avait souffert de la misère et de l’exclusion, du froid, de la faim, pouvait se montrer aussi mesquine et égoïste : il en concluait que la misère rend méchant, et qu’à ce titre, elle devait être combattue par tous les moyens, non seulement pour sauvegarder l’intégrité physique, mais aussi les valeurs de compassion et d’empathie, de générosité, d’altruisme et de tolérance.

La misère les tue dans l’urgence de la survie.

Alors oui, les « artistes », les « bobos » sont des « enfants gâtés », ils ne connaissent pas, (ou ne connaissent plus) la misère- Depardieu n’a pas toujours pété dans la soie, que je sache...- ?

Et alors ? La révolution de 1789 a , elle aussi, été initiée par les « bobos » et « artistes » de l’époque qui « manipulaient » les hordes populaires affamées... C’est pas évident de se soulever contre un ordre établi lorsqu’on est abruti de fatigue, tenaillé par la faim, illettré ou analphabète, et sans abri qui plus est !

Je suis loin d’être « extatique » face à un artiste qui s’engage pour une cause quelconque, je ne sais pas , et je me fiche de savoir si c’est bon ou pas pour leur image, mais si leur présence peut contribuer à médiatiser ce scandale de la misère et de la précarité, je prends. J’aime autant qu’ils se fassent de la pub en soutenant de justes causes qu’en s’exhibant avec des yaourts ou des lessives, ou en cautionnant par leur présence des émissions affligeantes.

« Yzonka les prendre chez eux ! » Oh, l’aigreur, l’envie et l’amertume qui suinte de cette phrase !

1. Que savez-vous de ce qu’ils font à titre personnel ?

2. C’est aux pouvoirs publics de régler ce problème. Rêvez -vous de revenir au temps où chacun avait « ses pauvres » ? « Pour faire une bonne dame patronnesse... », ça vous branche ? Si oui, j’espère que vous avez une bonne tête pour attendrir les généreux donnateurs, la prochaîne fois que vou aurez besoin de soins dentaires ! On pourra aussi juger que vos dents ne vous sont pas indispensables et vous offrir un vieux mixer.

Et opposer les misères entre elles ! C’est pas une bonne idée , ça ? Défendre le brave clochard qui pue, bien de chez nous, contre la horde des illégaux « bien nourris » !

Ben tiens... Les « Yaka s’occuper de nos pauvres d’abord », ont ils déjà, comme ça, pour voir, fait une ronde avec le SAMU social, puisqu’ils se sentent tellement concernés ?

Non ??? Dommage...

Ils auraient constaté qu’une majorité de ces « clochards » sont en fait des « psychiatriques », atteints au minimum de dépressions graves, et qu’il ne suffit pas d’une chambre, d’une douche, d’un repas et d’un bon lit pour les sortir de l’enlisement.

Oui, décidément, la misère rend méchant, et de la misère matérielle ou de la misère morale, c’est bien la dernière qui me terrifie le plus.

Je ne pensais pas trouver autant de misère sur ce site.