cpt FLAM, votre concept d’un nouveau Nuremberg est intéressante. Allons plus loin, incluons un Nuremberg de la colonisation, pourquoi pas du génocide amérindien, de la brutalité des grognards de Napoléons en Espagne...
Un programme d’histoire commun à l’humanité, l’idée est séduisante. Mais n’aura pas forcément l’effet voulu.
Si le procés de Nuremberg a été possible, c’est que les européens étaient fatigués de se faire la guerre, sport traditionnel de presque chaque génération pendant 400 ans.
petit complément à l’article concernant les scientifiques :
Durant les explosions de 1945, autant à Alamogordo, qu’à Hiroshima et Nagasaki, les scientifiques furent impuissants. Voici quelques-unes des leurs réactions :
Bob Wilson, qui s’occupait de la partie expérimentale, se dit que ce jour-là il aurait dû rendre son badge. Ne pas l’avoir fait fut son plus grand regret. À l’explosion d’Hiroshima, il revint du laboratoire en vomissant et chaque fois qu’il y repensa, il fut malade.
Hans Bethe dirigea la partie théorique du « Projet Manhattan ». Pour lui, lorsqu’il vit le succès de leur création, il fut d’abord rassuré, mais ensuite ce fut l’horreur. Il se demanda ce qu’il avait fait. Dès ce moment, il prit la décision de s’opposer à la poursuite des essais nucléaires.
En 1945, un groupe de scientifiques se réunirent avec Léo Szilard et rédigèrent le « Rapport Frank ». Eux qui connaissaient très bien l’état de la science atomique à ce moment eurent constamment en tête l’image soudaine d’une destruction qui attaquait leur pays, d’un désastre qui ressemblerait à « Pearl Harbor », mais mille fois plus fort et sur chaque grande ville.
À l’explosion expérimentale d’Alamogordo, en 1945, Mme Fermi, la femme d’Enrico Fermi, remarqua et comprit que cette affaire avait pris toute l’énergie de son mari et l’avait épuisé à son maximum, car il avait été incapable de conduire et s’était fait ramener à la maison. Ce qui était très incroyable parce que jamais il ne donnait le volant à un tiers.
Quant à Oppenheimer, il joua un rôle très important dans ce projet. Il avait été choisi comme collaborateur scientifique principal. Pour identifier son désarroi, il fit allusion à quelques passages du Mahabharata. Des paroles lui vinrent en mémoire à un certain moment. « Maintenant, je suis devenu un compagnon de la mort, un destructeur de mondes ». À Los Alamos, Oppenheimer dit que chacun des physiciens fut influencé par une pensée semblable à celle-ci : « C’est un événement de la vie de Shiva, le Créateur des mondes, mais aussi le Destructeur universel quand les temps seront révolus ». On peut comprendre en lisant ceci que la création de la bombe nucléaire peut mener à la destruction de notre monde.
Après Los Alamos, Oppenheimer a eu cette phrase d’une grande lucidité qui en agaça plusieurs : « Les physiciens ont connu le péché ».
Voilà comment les principaux scientifiques concernés vécurent l’expérience qui changea leur vie à tout jamais.