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Commentaire de Le péripate

sur La répartition et l'épargne réconciliées pour une retraite de qualité


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Le péripate Le péripate 7 novembre 2007 21:53

Tenir le discours de l’apocalypse démographique et nourrir la chronique du désastre annoncé ; puis commander aux politiques publiques d’apporter leur « contribution » active aux tensions financières des régimes de protection sociale, par exemple en multipliant les mesures à exemptions de cotisations sociales, et ainsi, par une invraisemblable stratégie de paupérisation délibérée, aggraver les difficultés objectives de la répartition ; enfin, lorsque la situation est « mûre », c’est-à-dire les esprits suffisamment inquiets et l’état des caisses de retraite suffisamment dégradé, avancer la solution de rechange clé-en-mains : la capitalisation bien sûr.

Puisque la démographie est l’épouvantail, que le raz de marée annoncé des « vieux » est le fonds sur lequel a misé la capitalisation pour frapper les esprits et jeter l’inquiétude, c’est d’abord sur ce terrain qu’il a fallu se battre pour restaurer un peu de calme. Comme de juste, le rapport Charpin annonce à grand bruit l’explosion du ratio de dépendance vieillesse (retraités sur actifs) : de l’indice 100 en 1995 à 182 en 2040. Mais une projection ne vaut que ce que valent ses hypothèses.

Car évidemment la dynamique de ce ratio et sa valeur terminales sont hautement sensibles aux hypothèses macroéconomiques, notamment en termes de croissance, de productivité et d’emploi, et il suffirait que celles-ci s’avèrent un peu moins délibérément lugubres pour que le paysage global des retraites en soit substantiellement changé. C’est bien ce que font apparaître les projections réalisées par Dupont et Sterdyniak2 qui considèrent une croissance prévisionnelle du PIB de 2,5% et des gains de productivité de 1,8% - hypothèses qu’on aurait du mal à qualifier d’extravagantes -, avec à la clé un taux de chômage revenant à 5% en 2019 (puis supposé constant au delà), et en bout de course un ratio de dépendance vieillesse qui passe de 51,6% en 1997 à 82,6% en 2040, soit une variation de 60% au lieu des 82% du rapport Charpin.

Le ralentissement démographique défavorable à une extrémité de la pyramide des âges produit symétriquement des effets contraires à l’autre bout (moins d’enfants et de jeunes à la charge des actifs) et, pour peu que le nombre des chômeurs, autre composante de cette population, décroisse à son tour, alors les tendances de la dépendance économique n’ont plus rien à voir avec celles de la dépendance vieillesse : loin d’exploser, son ratio caractéristique commence par décroître puisque, parti de 126% en 2000, il passe à 110% en 2018, pour remonter ensuite lentement et atteindre 135% en 2040, soit une croissance globale d’un peu plus de 7% sur la période. Pas de quoi sonner l’alarme, et même mieux : pour les dix sept ans à venir, l’économie générale de la protection sociale (envisagée lato sensu) s’améliore - on sent bien que ça n’est pas là un résultat fait pour être agréable aux vaticinations de la capitalisation.

On peut lire la suite sur le site de Frederic Lordon, économiste. Si on est curieux, bien sûr.


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