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Commentaire de Halman

sur Infirmiers... la révolte gronde !


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Halman Halman 10 novembre 2007 10:54

Crier ensemble oui.

Nous le faisons régulièrement, des grèves locales avec descente dans le bureau de la directrice de l’hôpital, qui bien sur en a eu vent et s’est trouvée comme par miracle un rendez vous à l’extérieur ce jour là.

Nos mouvements sont récupérés et médiatisés par les syndicats. Qui transforment nos revendications de manque de personnel en revendications de primes inclues pour le calcul de la retraite et autres revendications seulement financières.

Résultat, notre message ne passe pas, ni au niveau syndical, ni au niveau de la direction et encore moins des médias. Quant à Bachelot Qui Rigole Tout Le Temps, notre ministre de la santé à mi temps avec le ministère des sports...

Nous sommes tous ulcérés que l’hôpital public soit géré par une ministre à mi temps, comme si tout allait bien.

Quand on voit nos syndicats défiler devant les caméras avec pour seul message le salaire alors qu’on est en train de crever de manque d’effectif, sabotés par les 35 heures, nous sommes tellement dégoutés qu’à chaque fois on se dit pendant des mois que l’on ne nous y reprendra pas. Et à chaque fois beaucoup de mes collègues annulent leurs adhésions aux syndicats, souvent même les purs et durs.

Avant les 35 heures, c’était autre chose, c’était dur, mais l’organisation de nos plannings ultra simple, nous avions tous notre roulement immuable au point que sauf imprévu grave nous pouvions planifier nos vacances et nos repos sur 3 ans avec une facilité déconcertante.

Aujourd’hui, c’est un casse tête monstrueux, impossible à gérer, même au jour le jour, à l’heure à l’heure. C’est plusieurs fois par jour que nous apprennons que nous devons aller aider dans telle salle pour les toilettes du matin, ailleurs pour le repas du midi, emmener un patient à la radio en plein repas du midi, laissant une collègue assurer les repas de 40 patients et faire manger en chambre 5 patients grabataires, et la retrouver au retour en larmes par ce qu’elle n’y est pas arrivée, et pour cause ! Etc. A longueur de journée c’est comme ça.

Nous devons vérifier quasi heure par heure nos plannings, les cadres et les collègues les modifiant en permanence au crayon pour essayer de s’y retrouver.

Depuis les 35 heures, les plannings sont devenus tout simplement impossibles à gérer.

Alors ils ont cru bon de créer un logiciel spécial, les cadres devant juste y saisir les désidératas de présences, le logiciel s’occupant de calculer le reste, rtt, rh, rs, agents présents, etc. Mais on connait tous le problème, les clients demandent une chose, les programmeurs comprennent autre chose, les directeurs une autre chose, etc, et le logiciel devient une merde inutilisable et délirante.

Et on nous envoie des observateurs, des inspécteurs visiter l’hôpital. Gens qu’on ne voit jamais dans les services de soins, mais seulement dans des salles de réunions, ayant eux, largement le temps de prendre une pause café. Et qui décrètent qu’il s’agit d’un problème d’organisation, et qui nous proposent des solutions du genre pools de cadres, regroupement des services, comme si cela allait changer quelque chose au nombre de soignants dans les services !

Quelle que soit leurs bidouilles géniales de technocrates, il y a toujours 3 aides soignantes pour deux salles de 25 patients grabataires plusieurs fois par semaine. Ce n’est pas en manipulant l’organisation des cadres qu’il va y avoir comme par miracle plus d’agents auprès des patients, c’est du pur délire hallucinatioire de bureaucrate de s’imaginer de telles foutaises.

Impossible d’assurer un suivi corect du patient, personne, ni les agents ni les cadres, ne sait plus qui fait quoi et où en temps réel.

Et les cadres doivent envoyer quotidiennement au service du planning ses effectifs du jour. Cadres totalement dépassés par la complexité insoluble, qui renvoient des chiffres à la louche qui ne correspondent pas à la réalité. Service du planning qui renvoie ces chiffres faux à la gestion des coût. Qui elle même les transforme selon les directives de sa direction, qui les envoie au siège, qui les arange aussi à sa sauce, etc, jusqu’au ministère.

Résultat, le ministère de la santé reçoit des chiffres d’effectifs totalement faux et irréalistes, et décide de nos cotas de personnels et de budgets sur ces bases délirantes !

D’où mauvaise qualité des soins du patient, d’où épuisement physique et moral des agents qui vieillissent moralement et physiquement de 10 ans en 3 ans de travail, et qui finissent en dépression.

Pas une semaine sans que j’apprenne qu’une collègue est en dépression, hernie discale, déchirement musculaire, articulation des genoux détruites.

Nous réalisons tous très vite que nous avons signé pour soigner, mais que nous sommes impuissants à le faire, ne faisant que réaliser le strict minimum dans l’urgence et la débrouille permanente, sans même pouvoir prendre le temps d’aller aux toilettes ni d’avaler un verre d’eau. Le patient qui s’en rend compte et qui déprime lui aussi.

Et quand on sait qu’un patient qui déprime guérrit moins vite, la boucle se boucle et s’auto entretient.

Désolé de ne pas vous parler politique, mais seulement du concret, de la réalité du quotidien bien terre à terre.

D’ailleurs, d’un gouvernement à l’autre, c’est tellement le même cirque, à la fin on s’en fout bien de savoir qui est notre ministre, pour ce que cela change dans les services, que telle ou telle mesure soit prise, nous sommes toujours auprès du patient à cavaler partout pour tout, sous l’oeil suspicieux des familles des patients qui vont raler dans le bureau de la cadre pour un oui pour un non, nous enfonçant dans l’idée que nous n’arrivons pas à soigner correctement, nous enfonçant un peu plus chaque jour dans la dépression, et un jour, ça craque, on finit en urgence chez un psy, en longue maladie pour 6 mois voire 2 ou 3 ans.

Ce n’est pas des 35 heures dont nous avons besoin, mais de personnel, tout simplement.

On va me répondre que ça coute, mais la santé des patients ça n’a pas de prix !

On fait dans la rénovation des bâtiments, des mesures par ci par là totalement inutiles mais tellement bien médiatisées et popularisées par une Guigou ou une Aubry.

Guigou qui nous annonce toute fiere qu’elle a ouvert des centaines de places d’élèves infirmières. Mais qui ne nous dit pas que ce sont sur autant de postes d’élèves aides soignantes non recrutées !

Mais l’urgence est elle vraiment là ?


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