Bonjour Mr Dambrun,
L’expérience de Milgram est certes intéressante, mais je suis sûr que n’importe quel stratège militaire en connaissait les résultats depuis les temps antiques. La soumission à l’autorité ayant été de tous temps cruciale dans la gestion d’une armée, Jules César devait déjà en savoir plus long que Milgram sur la question.
Cette expérience me serait apparue plus intéressante si le « naïf » s’était vu confier la blouse blanche et la responsabilité de mener l’expérimentation. On aurait obtenu des statistiques sur la capacité des cadres intermédiaires à se soumettre, et à soumettre, à l’autorité.
On peut aussi approcher ces questions de soumission de groupes sociaux par une approche de faits historiques : étude d’archives militaires (révoltes ou non de « poilus » dans les tranchées, désorganisations en cours de batailles...), comportements dans les camps de prisonniers, etc... mais aussi en ouvrant plus largement le champs sur des questions comme celle du contrat social (Rousseau était sûrement un psychosociologue avant l’heure...).
Si la soumission est l’objectif recherché, alors l’étude de la motivation à se soumettre parait plus intéressante. On peut par exemple se demander quelle serait la méthode la plus efficace pour l’obtention d’une obéissance optimum selon un contexte et une durée déterminée. On devrait trouver je pense que l’adhésion à une communauté d’objectif serait la meilleure réponse. Mais bon, il faudrait sûrement expérimenter pour le prouver.
La question du contrat social peut finalement être abordée comme un contrat d’objectifs définis sur la base d’un vivre ensemble possible par le partage d’un minimum de valeurs communes, et d’une articulation acceptée entre des positions de prise de responsabilité et de soumissions, chacun devant s’épanouir à un niveau de responsabilité qui lui convient.
La question de la critique de l’autorité est liée à la frustration. Dans l’idéal, celle-ci doit pouvoir s’exprimer sans remise en question de l’autorité. Pourtant, chacun est prompt à critiquer l’autorité, mais bien souvent peu enclin à se tenir prêt à assumer la responsabilité de celui qui la détient. Typiquement, un groupe quelconque va assez aisément critiquer un responsable détenteur de l’autorité, mais peu de ses membres seront candidat à l’accession à un niveau supérieur de responsabilité.