Encore un article sur l’enseignement par quelqu’un qui n’y entend strictement rien, et qui ne maîtrise absolument pas les données qu’il lit. Il faut donc rétablir la vérité car on ne peut pas laisser passer cela.
D’abord, les critiques à l’égard des systèmes scolaires abondent, que ce soit en France ou ailleurs, aujourd’hui comme hier. On peut aisément remonter à Platon. Oui, le système est perfectible, et l’enseignement n’a jamais connu d’âge d’or. Car la didactique, la pédagogie et les politiques sont très complexes. Et je suis également d’accord pour promouvoir l’enseignement technique qui n’a rien de honteux et procure de bons débouchés.
Mais :
Vous écrivez « En France, depuis toujours, on oppose l’enseignement théorique à l’enseignement pratique ! ». Cette critique s’applique à tous les pays.
Les programmes sont communs à l’école privée ou publique. Il n’y a aucune différence.
On ne privilégie pas l’enseignement littéraire, mais l’enseignement scientifique et économique. L’enseignement littéraire est délaissé car il n’est pas économiquement rentable. Les meilleurs élèves s’inscrivent en S.
Vous parlez de la tenue vestimentaire des enseignants. Avez-vous des statistiques sur lesquelles s’appuyer lorsque vous parlez de « grande majorité » ? Ou bien cela est-il le fruit de vos nombreux préjugés ? Que qualifiez-vous de « barbe hirsute » ? Le corps des professeurs dans le secondaire est composé à plus de 60% de femmes pour plus de 85% dans le primaire. Or, on trouve assez peu de « femmes à barbes ».
Pourquoi n’admire-t-on plus les instits ? Parce que des gens comme vous ne cessent de les dévaloriser. Parce que personne n’a plus de respect pour personne. Parce que la société a besoin de coupables et va à la facilité plutôt que de mener une réflexion globale sur les origines du malaise, sur la manière dont elle s’est transformée. Parce que la population est mieux instruite grâce aux instits et aux profs, et devient donc plus exigeante.
Et vous revenez à la charge sur « l’intellect abstrait et littéraire ». Pourquoi ? Parce que vous avez envie de diriger une génération de robots qui dira amen sans sourciller. Il est bon que les élèves reçoivent aussi un enseignement littéraire et des modèles comme Hugo ; un authentique rebelle qui s’est opposé au pouvoir autocratique d’un Empereur. Des modèles comme Voltaire ou Montesquieu qui se sont opposés à la barbarie. Il n’y a aucune dichotomie à être mécano et instruit. L’intellect littéraire, de plus, n’est pas abstrait. Qui dispose d’outils linguistiques pour comprendre un énoncé correctement sera plus performant dans son activité, peu importe la nature. La communication se fera mieux, la communauté culturelle lui permettra d’anticiper les désirs de l’énonciateur, il maîtrisera mieux les concepts, etc. L’outil de conceptualisation est étroitement associé au langage. Et la culture (littérature, art, histoire...) est l’une des données qui différencie l’homme de l’animal. L’Homme Est, il ne peut se réduire à une fonction, que vous le vouliez ou non. Et l’Education Nationale a pour mission d’élever des Etres, pas des outils.
Ce n’est pas l’école qui fabrique des chômeurs, mais l’économie. La concentration des moyens de production, la productivité, la concurrence des systèmes économiques, la course immodérée au profit, les bas salaires.... Voilà ce qui fabrique des chômeurs. Encore faudrait-il se demander si tout ce que l’on produit est utile. La réponse est évidemment négative. Que l’on augmente les salaires dans certaines professions, et les emplois vacants seront pourvus. Mais non, on fera appel à de la main-d’œuvre immigrée pour maintenir une pression sur les salaires. L’automatisation des tâches, si elle a créé des emplois, en a détruit encore plus. La concentration des entreprises en entreprises de taille plus grande (et les rationalisations des différents services qui s’ensuivent) est aussi responsable du chômage. La bourse et les banques créent du chômage, lorsqu’une grande partie des richesses n’est plus investie dans l’appareil de production mais dans des produits financiers dématérialisés. On pourrait encore énoncer tout ce qui crée du chômage, pour terminer par une volonté politique de ne pas régler le problème car il faut de la main d’œuvre servile.
Ensuite vous parlez de la jeunesse en mélangeant tout : musique techno, drogue, etc. Et bien, reprenez vos livres d’histoire pour savoir comment on vivait sa jeunesse de votre temps. Le rock était vilipendé, la drogue circulait, des bêtises étaient faites à l’école (encre dans les bénitiers...). Remontons encore plus loin et vous trouverez d’autres comportements déviants. Platon en parlait déjà dans ses ouvrages. C’est le propre de toutes les jeunesses.
Vous associez la révolte à la délinquance juvénile. Bravo, cela trahit bien votre mentalité obscurantiste. Vous êtes mur pour un régime à la Pinochet. Mais mon bon monsieur, les révolutionnaires de 1789 n’étaient pas des délinquants juvéniles. De Gaulle non plus. Et heureusement qu’il s’est révolté ce brave Charles. Et le Général avait lu Hugo.
Vous croyez que le jeune mécano devenu adulte aura le temps de se cultiver ? Eh bien non. Il ne le fait déjà pas aujourd’hui. Et avec la société qu’on lui prépare, il le fera encore moins parce qu’il devra se trouver deux emplois pour survivre. Nous savons pertinemment bien que le désir d’étudier s’estompe avec le temps, et qu’il est difficile pour les adultes de se remettre aux études.
La formation permanente existe déjà et est comblée par la formation professionnelle. En tant qu’entrepreneur vous devriez le savoir ! La formation en alternance, vous savez ce que c’est ?
Pourquoi la jeunesse va mal ? Mais tout le monde va mal. Avec une société qui étale ses richesses dans des vitrines orgiaques et renvoie au passant l’image de sa propre décrépitude, comment faire autrement ? Dans un monde qui privilégie la matière à la chair, comment faire autrement ? Dans un monde de prédateurs qui réhabilite la loi du plus fort, comment faire autrement ?
En fait, on a bien compris que vous voulez seulement une génération de robots. Déformation professionnelle ou vous venez de lire un livre sur la Troisième République ?
Oh, et avant que vous ne me cataloguiez comme « professeur gauchiste », sachez que je suis toujours impeccablement rasé et habillé, que j’ai enseigné dans des établissements privés supérieurs de premier ordre, que j’ai été formateur et qu’aujourd’hui je dirige deux entreprises (dont une à l’étranger) dans les domaines de la formation, de l’enseignement et de la recherche pédagogique. Donc, très loin de votre cliché de prof syndicaliste cryptocommuniste à l’origine de tous les maux de la société.
16/11 21:15 - jam
Monsieur, depuis quand n’êtes-vous pas allé dans une école ? Des profs hirsutes, au jean (...)
14/11 12:24 - faxtronic
comme la gueuze, la gueuze limbique. Allons bon, les valeurs morales et la personnalité (...)
14/11 11:15 - Kabyle d’Espagne
J’ai posté ça ailleurs mais ça vaut le coup. C’est « Université en danger » de (...)
14/11 09:47 - 5A3N5D
« »« Ce genre de parcours pousse certes à l’amertume envers la vénérable institution. »« (...)
14/11 00:08 - Yohan
13/11 19:50 - seespan
@ auteur On ne peut mettre en cause les enseignants pour la degradation de leur image et des (...)
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