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Commentaire de Catherine Coste

sur La définition légale de la mort doit-elle être conditionnée par les transplantations d'organes ?


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Catherine Coste Catherine Coste 14 novembre 2007 11:21

Juste une précision technique : Le patient en état de mort encéphalique, dont on va prélever les organes est :
- soit maintenu en vie artificielle (l’agonie est donc prolongée, dans le seul but de récupérer les organes)
- soit réanimé, également dans le seul but de récupérer les organes.

Le Professeur Louis Puybasset, Unité de NeuroAnesthésie-Réanimation, Département d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris, au sujet du problème de la réanimation des patients en vue du prélèvement de leurs organes (propos recueillis en septembre 2005) :

« (...) cette réanimation est limitée dans le temps et (...) elle est douloureuse pour les soignants. Si nous faisons cela, ce n’est pas pour faire souffrir une famille mais pour sauver d’autres vies. (...) Des receveurs d’organes (...) doivent leur vie au dévouement de ces médecins, de ces infirmières et des familles de donneurs (...). Madame, vous-même ou un de vos proches sera peut-être un jour receveur. Je ne doute pas que cela changera alors votre vision de cette médecine qui est une des plus belle qui soit car elle donne véritablement la vie et exprime ce qu’est la solidarité humaine contre l’égoïsme et le repli sur soi."

Dans le cas des prélèvements « à coeur arrêté », qui ont repris en France depuis 2006, il s’agit de personnes ayant fait un arrêt cardiaque, et qui vont être réanimées dans le but de récupérer les organes. Rappelons les trois étapes qui mènent au prélèvement « à coeur arrêté », suite à une situation d’arrêt cardiaque : 1.-) La réanimation cardio-pulmonaire constitue la première étape. Elle doit être au moins de 30 minutes. Cette réanimation a pour but de sauver la vie du patient. Entre l’arrêt cardio-pulmonaire et le début de la réanimation cardio-pulmonaire, il ne faut pas que plus de 30 minutes s’écoulent. 2.-) Pendant cinq minutes, les tentatives de réanimation cardio-pulmonaire infructueuses, qui ont eu lieu durant 30 minutes, sont arrêtées. Ce court laps de temps, ces cinq minutes, permettent de constater le décès. Ces cinq minutes sans réanimation cardio-pulmonaire (RCP) sont nécessaires, afin de vérifier que sans réanimation, il n’y a pas de retour à une respiration spontanée. L’électrocardiogramme doit être plat ou agonique. Ce tracé agonique peut durer plusieurs heures. C’est au cours de ces cinq minutes que le certificat de décès va être signé. 3.-) Suite au constat de décès, une autre réanimation va être entreprise, cette fois-ci dans le but d’assurer la conservation des organes du patient « candidat » au prélèvement d’organes. Cette seconde réanimation est invasive. Le décret du 2 août 2005 autorise d’ailleurs les équipes médicales à mettre en place des moyens de préservation des organes en attendant l’entretien avec les proches. En d’autres termes : le corps médical a le droit de pratiquer ces mesures invasives qui ne sont plus dans l’intérêt du patient - et ce, avant l’entretien avec la famille, afin de savoir si cette personne s’est positionnée pour ou contre le don de ses organes à sa mort. On peut donc se poser la question : « Quelles sont les conditions de respect du corps de la personne juste après son décès lorsque l’on pratique sur lui des gestes techniques de nature invasive ? Comment les réanimateurs vivent-ils la dualité de leur mission lorsqu’ils assurent par tous les moyens une circulation sanguine d’abord sur une personne à qui ils espèrent redonner vie, puis sur le corps de la même personne au moment même où ils renoncent à cet espoir ? Doit-on craindre la survenue de conflit d’intérêt à cet égard ? » C’est ce qu’a fait le Dr. Marc Guerrier, Adjoint au directeur de l’Espace éthique / AP-HP, Département de recherche en éthique Paris-Sud 11, dans son article : « Les Prélèvements ’à coeur arrêté’ : enjeux éthiques », 15 novembre 2006.


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