La question des missions de l’éducation, donc de la formation initiale est une question toujours épineuse.
Les lois scolaires du XIX° siècle avaient eu pour effet d’enlever les enfants aux usines et à l’église, de former des citoyens dotés d’une culture générale basique mais solide, de développer leur esprit critique.
Les lois de massification du secondaire (1959, 1963) ont eu pour fondement : le développement du « capital humain » afin de répondre à une économie en pleine expansion et de pallier les manques en personnels réellement formés : Besoin de cadres, techniciens, ingénieurs... (cf. Exposé des motifs de l’Ordonnance Berthoin).
Cependant, ces fondements n’ont jamais été réellement explicités aux yeux des enseignants ni du grand public, et si l’Ecole, au sens générique, a plus ou moins réussi jusqu’au milieu des années 70 (Haby, 1976), les mesures prises depuis lors et la crise économique (première crise pétrolière) ont progressivement discrédité la formation initiale.
Désormais, on lui assigne la fonction (jusqu’à l’université) de préparer la jeunesse au monde du travail. Ce ne doit pas être sa mission : l’Ecole doit dispenser une culture générale la plus large et la plus exigeante possibles, développer la curiosité et l’esprit critique de futurs citoyens. Dotés de tout ceci, la formation professionnelle ne sera plus un problème et pourra se faire en fonction des critères des entreprises qui ne doivent pas être ceux de l’Ecole.
Mais cela suppose que l’éducation dans son ensemble reste un service public... et il est permis de douter que ce soit dans l’esprit du moment. Une publication de l’UNESCO de 2001 stipulait que : « L’école est, avec la santé, le dernier bastion à prendre ; une progression à deux chiffres est envisagée pour les années à venir ». (« Dernier bastion » à privatiser, « progression » dans la rentabilité...)
Les questions que vous posez dans cet article touchent au fond du problème (et du malaise qui lui est corrélé).