@ VIEUXCON, petite chronique d’une déchéance ( retour au réel ) :
La misère installée interpelle le passant qui compare, compatit, partage un peu d’humanité, aide sur l’instant. Mais on sait que rien ne changera à l’avenir. Cet homme a perdu l’estime de soi et il le constate dans le regard des autres.
On sait d’ailleurs que l’honneur, la reconnaissance des autres ne sont plus là. Et que l’univers parallèle des déclassés restera bien définitivement dans ses limites.
Par contre, la perte de dignité humaine en évolution bouscule autrement. Car l’autre ici n’est plus si différent : au départ, tout est commun, tout est partagé. Alors voir l’Homme se débattre pour garder sa place parmi les autres, conserver ce qui l’a construit ( un travail, sa famille ) est édifiant. Et on se désespère de voir se répéter la lutte inégale d’un individu contre un destin imposé. Peu à peu, les atouts de la vie lui sont retirés. Et lorsqu’il n’a plus que sa famille et un toit, on lui prend souvent encore sa moitié qui ne supporte plus cette vie là. Et là, l’Homme se tait. Il se cache pour garder ce qui lui reste de richesse : ses enfants. On peut tout lui prendre, mais pas sa dernière chance. Alors il accepte la misère comme un mal nécessaire à la préservation de son dernier bien.
L’autre, qui regarde en passant, voit disparaître honneur, dignité, respect de soi et d’autrui. IL sent monter en lui la colère. Car il a encore tout en commun , jusqu’à l’amour des enfants, et le silence complice sur ce trésor.
Mais ailleurs, rien de ceci n’est dit, hors un « misérabilisme » perçu comme du mépris.
Ceci peut-il être compris ?