• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > « J’ai goûté à l’insouciance et la violence de la rue... (...)

« J’ai goûté à l’insouciance et la violence de la rue... »

Un moment que je voulais partager avec vous rédacteurs et lecteurs d’Agoravox...

Ce soir, il est environ 17 heures, assise à une station de tram, j’attends dans le froid de pouvoir rentrer chez moi... Le temps est long quand il fait 5°, j’imagine alors l’horreur d’une nuit dehors... Je lis le journal pour m’occuper, "grèves" il ne semble y avoir que cela en ce moment, inutile de dire que la France va mal... Pourquoi pas une légère dose de social dans la politique de Sarkozy, et pas seulement "histoire de".

Un homme vient d’asseoir à côté de moi, il parle, mais seul. Je ne sais pas par quel élan je suis poussée, mais je lui parle comme si c’était à moi que ça faisait du bien de parler. Il me raconte très vite les détails de sa vie, des problèmes conjugaux et le voilà dehors. Six mois maintenant... Il me confie que les nuits sont de plus en plus difficiles. Le parcours scolaire de sa fille qui maintenant travaille, mais qui ne l’aide pas à vivre ou plutôt à survivre. Du haut de mes 18 ans, j’ose lui demander pourquoi il ne fréquente pas un foyer, pourquoi il ne tente pas de trouver un travail. Je ressens toute suite une certaine honte, mais il ne relève pas, il me répond : "J’ai goûté à l’insouciance de la rue, à sa violence aussi"... Il ajoute : "Les foyers, même les chiens y seraient mal à l’aise".

Là je réalise que la France va vraiment mal, mais que nos "supérieurs" ferment les yeux. Je fouille mon porte-monnaie, comme si l’argent allait suffire à le rendre heureux : un ticket macdo pour un café et quelques pièces, je lui donne le tout. Je parle avec cet inconnu comme s’il était un ami. Si la pitié m’a poussée vers lui au départ, c’est de la complicité qui s’installe dans la discussion. Et ça nous fait du bien à tous les deux ! Mon tram arrive, je le quitte en lui serrant la main, il espère que nous nous reverrons pour discuter : "Heureusement qu’il y encore des gens comme vous, parce que d’habitude les gens dans la rue font semblant de ne pas nous voir. On n’attend pas forcément d’argent juste un bonjour ou un sourire, quelque chose qui nous donne le sentiment d’exister encore".

Dire que j’ai osé me plaindre du froid en attendant mon tram, que je dénigre ma chambre universitaire parce qu’elle est petite et que les douches y sont communes... J’avoue que j’ai honte. En tout cas, cette rencontre a changé quelque chose pour moi, j’espère que la lire vous permettra de relativiser tout autant, et peut-être plus encore : de tendre une main à quelqu’un dans le besoin.

Il ne s’agit pas véritablement d’un article comme j’ai pu en écrire d’autres, juste un message. Un instant qui m’a marqué et que je voulais partager sur Agoravox. Le rapport de force ne devrait pas s’installer entre les Français et l’autorité, ce serait une erreur que nous paierons tous, les plus pauvres en particulier à mon humble avis. Mais il y des moments où l’on a l’envie de tout "casser" dans ce pays. Combien coûte la restauration d’un foyer pour SDF ? Sûrement moins qu’un mois de salaire du président... Et pourtant... Rien ne bouge...


Moyenne des avis sur cet article :  4.66/5   (118 votes)




Réagissez à l'article

39 réactions à cet article    


  • dom y loulou dom 19 novembre 2007 12:35

    tu es sensible, belle et généreuse. La vie est faite de ces moments-là, de ces rencontres qui semblent insignifiantes pour la société du spectacle et de la glorification des hommes au lieu de la glorification de l’amour porteur du vivant, ces échanges entre deux êtres dans lesquels toute la société se reflète et la bonté de la divinité en nous et non de ces grands cirques dont on nous assure jour après jour qu’ils font notre bonheur alors que ce sont de grands paravents inutiles qui travestissent la vérité du monde vivant et ne font que nous plonger dans l’idolatrie béate et l’horreur.

    merci joli coeur smiley


    • La Taverne des Poètes 19 novembre 2007 12:45

      Merci de votre fraîcheur. J’ai conté il y a un moment maintenant une belle histoire de sdf sobrement intitulée « Gérard » : Lire ici : http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=17204 C’est l’histoire d’une étudiante qui a hébergé un sdf mais ce n’est pas forcément à prendre pour modèle car c’est évidemment au gouvernement de faire des efforts. Ce monsieur a donc une fille qui ne l’aide pas (même un peu ?). C’est dommage. Car le soutien familial aussi cela compte.


      • tvargentine.com lerma 19 novembre 2007 12:52

        Quand vous écrivez « Dire que j’ai osé me plaindre du froid en attendant mon tram, que je dénigre ma chambre universitaire parce qu’elle est petite et que les douches y sont communes... J’avoue que j’ai honte »

        On comprend bien votre manipulation qui consiste à dire qu’il y a plus malheur que soit,mais c’est de la compassion et la compassion n’a pas sa place en politique.

        Vous pouvez aller encore plus loin dans votre instrumentalisation ici,en nous parlant de la misère en Afrique....


        • Spartakus FreeMann Spartakus FreeMann 19 novembre 2007 13:16

          Lerma : « La compassion n’a rien à voir avec la politique »

          C’est vous qui n’avez rien à voir avec l’humanité triste sire Lerma !


        • Mjolnir Mjolnir 19 novembre 2007 13:22

          « c’est de la compassion et la compassion n’a pas sa place en politique. »

          Je suppose que vous parlez de la politique de votre président et de son parti. Effectivement, on a remarqué qu’il n’y a pas de compassion dans cette politique, il est vrai que l’état est considéré comme une « entreprise ».

          Merci pour cette vision éclairante de votre considération de la politique, on n’a même plus besoin de critiquer.


        • hieronymus73 19 novembre 2007 14:19

          Non mais c’est une blague ? Monsieur est tombé sur la tête ? Sans doute que le passage du PS à l’UMP a causé des dommages irréversibles ... La compassion n’a pas sa place en politique et les affaires sont les affaires, c’est ça ?

          La compassion doit avoir toute sa place en politique.

          Il me semble que cet article n’a pas d’autre ambition que de faire partager un sentiment d’empathie né d’une rencontre ayant eu lieu lors d’une grêve. Une belle manipulation ? Manipuler qui ? Pour quoi ?


        • Battement d’elle 19 novembre 2007 17:24

          @ lerma

          Au fond c’est très instructif de vous lire :

          Ainsi on sait comment fonctionnent les cons !


        • hieronymus73 19 novembre 2007 13:35

          Je suis ému à la lecture de cet article. Je travaille dans un point de vente Relay dans une grande gare parisienne et je demande souvent aux sdf qui font la manche de ne pas rester à l’entrée du magazin, voir de sortir quand ils tentent de mendier à l’intérieur. Et parfois le ton monte. Je ne pense pas avoir jamais manqué de considération envers eux au point d’oublier qu’ils sont des êtres humains mais avec le temps, leurs présences continuelles dans mon microcosme, si je peux dire, les a rendu, à mes yeux, assez banals et il m’arrive de moins en moins souvent d’éprouver le l’empathie envers eux. Je pense que j’aurai l’occasion de repenser à cet article lors de ma prochaine soirée au point de vente ...


          • Serviteur Serviteur 19 novembre 2007 13:41

            C’est bien beau les sentiments mais concrètement que peut on faire ? il manque a cet article une partie réflexion ce qui est dommage mais c’est bien comprehensible.De toute faèçon moi j’ai pas d’idée donc je vais pas reprocher a l’auteur de ne pas en avoir non plus.


            • Spartakus FreeMann Spartakus FreeMann 19 novembre 2007 13:58

              L’auteur propose une modeste piste, il me semble : l’écoute. Cela ne semble rien et cependant lorsque l’on a perdu jusqu’au goût du foyer, un peu d’humaine chaleur devient vite indispensable.

              PS : Serviteur... Belle croix du chaos que voilà smiley


            • TALL 19 novembre 2007 13:43

              Un petit cri du coeur très sympa qui ne m’a rien appris mais qui fait du bien au journalisme citoyen, car c’est du vécu simple et authentique.

              Merci Tshé


              • TALL 19 novembre 2007 15:10

                Faut pas tout voir sous ce prisme politique. D’autant que je me demande si Sarko n’est pas le genre d’homme qui, si on parvient à le sensibiliser sur le terrain à certaines inégalités trop inhumaines, n’y réagirait pas comme il faut. Mais il faudra lui mettre le nez dessus, c’est sûr.


              • adeline 19 novembre 2007 19:31

                Mr Actias dontj’apprécie la plupart des posts surtout sur la corrida (beurk....) et la vegetérianisme je suis surpris ici de votre reaction, bien cordialement smiley


              • grangeoisi grangeoisi 19 novembre 2007 15:07

                Ouai ! Fait du bien cet article !


                • anny paule 19 novembre 2007 15:27

                  Fraîcheur, spontanéité, générosité, regard sur l’autre... cela fait du bien de constater qu’il n’y a pas que des « hommes machines » ou « hommes marchandises », ou encore « hommes mépris social » dans notre société.

                  Tant que certains, je les espère nombreux, seront encore capables de voir l’autre, quel qu’il soit, comme un autre soi-même, tous les espoirs seront permis. L’intoxication que nous subissons quotidiennement sera moins efficace.


                  • caraïbe 19 novembre 2007 23:44

                    Il y a peu de chance que l’on aborde cet homme : on le regarde au mieux, on détourne son regard gêné de ce regard humilié.

                    Car c’est aussi notre humiliation de l’avoir laissé arriver là : ne pas se sentir concerné, oublier.

                    Se dire qu’on aurait pu être lui, puisque tout est normal.

                    Il est facile d’oublier ces hommes d’un instant, jusqu’au jour où votre environnement vit cette déchéance : on voit les repères basculer, tout progressivement se dégrader.

                    On s’étonne, on pense à l’exception.

                    Mais quand cet évènement se répète, on ne s’interroge plus, on cherche des responsables, ailleurs.


                  • Johan Johan 19 novembre 2007 16:24

                    Ca me rappelle quelque chose...

                    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=17014

                    Je me souviens aussi de Bayrou qui pendant la campagne disait qu’il ne serait pas si cher de construire des logements sociaux minimalistes « quelques mêtre carrés, un lit, un bureau, un lavabo, une douche ».

                    Moi je voyais cela depuis ma chambre de cité U, et je me souvenais des efforts, des courbettes qu’il m’avait fallu déployer pour l’obtenir, et me sentir privilégié de payer un loyer avantageux pour finir mes études.

                    Les CROUS ont chacun des centaines d’étudiants en attente de 9m2 avec cuisines, toilettes et douches en commun. On ne fait pas l’effort suffisant pour une population jeune et formée, alors imaginez pour les exclus.

                    Quand on connaît les chiffres de certains programmes, fiscaux par exemple, on réalise que la volonté politique n’est pas là, tout simplement.

                    La rue est un univers violent. Le foyer l’est tout autant, et l’exclu capturé est rasé (ce qui le stigmatise pour les autres et l’humilie) et souvent éloigné du centre ville.

                    Sur ce sujet : SURVIVRE DANS LE MONDE SOUS-PROLETAIRE [texte imprimé (livre, revue)] / CORINNE LANZARINI. PUF, 2000 (COLL. LE SOCIOLOGUE).

                    L’exclusion est utilisée comme épée de Damoclès pour faire accepter aux plus précaires des salaires et de travail proprement indécentes.

                    Bon courage pour devenir journaliste. Sans vouloir vous décourager, le Droit forme une majorité de personnes incapables d’appréhender les enjeux réels. J’espère que vous ne vous laisserz pas formater.


                    • jamesdu75 jamesdu75 19 novembre 2007 16:34

                      J’ai bien aimé votre article.

                      Seulmeent le gros hic c’est que nous ne sommes pas une société inhumaine, tout le monde aide tout le monde qu’on le veuille ou pas.

                      Aprés il y à une limite, pourquoi cet home est à la rue, pourquoi sa fille ne l’aide pas. Mystére. C’est peut être de sa faute, je comprend qu’on ne choisis pas de dormir dehors par 0° c la nuit certes, mais pourquoi ca fille ne l’aide pas et il ne remonte pas la pente.

                      Je ne vais ps ecrire sur ce qu’il pourrait ou aurait dut faire pour en arriver la, mais chacun est dans une bulle et c’est à lui de ne pas la faire eclater.

                      L’état à ses impératifs, mais ne lui mettez pas tout sur le dos. De plus les commentaires plus du c’est de lafaute a Sark, j’y crois pas, ce type avait l’air d’être SDF bien avant. Et je ne pense pas que ce soit la faute a Chirac non plus.


                      • Philou017 Philou017 20 novembre 2007 02:06

                        C’est pas la faute à Sarko... C’est la faute à tous les sans-cervelles qui ont accepté le libéralisme sans sourciller que leur ont vendu les hommes politiques. En France, ils se comptent par millions..

                        Quand j’ai commencé à travailler dans les années 70, le chômage n’existait pas, pas plus que les mendiants. Nous avons accepté le retour des mendiants, quelle honte.


                      • Emile Red Emile Red 20 novembre 2007 15:01

                        Et des bidonvilles...


                      • Antoine Christian LABEL NGONGO Antoine Christian LABEL NGONGO 19 novembre 2007 17:33

                        Insouciance par rapport aux côtés négatifs de l’humiliation par rapport à l’hymne national hué : Je ne dis pas qu’il faille être chauvin, mais aussi incorrect, frise le dénigrement. Alors dans ces cas, lorsqu’on n’est pas content, qu’on se tire ailleurs. Il est temps pour toutes ces personnes qui ne veulent pas s’intégrer de partir ailleurs. Qu’ils aillent se désintégrer ailleurs. Je n’oublierais jamais le match où Jacques Chirac est parti du Stade de France après les sifflements de l’hymne national (France - Algérie). Je n’ai pas entendu Nicolas Sarkozy s’offusquer hier ou avant hier de ce qui s’est passé lors de ce dernier match amical (France - Maroc). Je n’ai entendu aucun membre du gouvernement sur les média pour exprimer sa colère.

                        Qu’est ce que cela veut dire ? Il faut désormais se taire dans ce pays quand certaines personnes vivant sur ce sol humilient le pays qui les accueille par leurs comportements, par leurs gestes, sous prétexte qu’il s’agit d’un événement sportif, c’est inadmissible. Un hymne national se respecte, c’est une tradition. Il représente un pays, il matérialise son histoire. Je dirais même qu’il incarne le pays. Une rivalité footballistique quelle qu’elle soit, ne justifie pas un tel comportement aussi méprisant, voire déshonorant pour les marocains naturalisés français ou vivant sur le sol comme résidants étrangers.


                        • Satan's Tango Satan’s Tango 19 novembre 2007 18:04

                          Oui oui Mr LABEL BANANIA causes toujours ?

                          Tu connais au moins les paroles guerrières et meurtrières de cet hymne national ?

                          Encore une fois perdu l’occasion de te taire !


                        • Yohan Yohan 19 novembre 2007 18:29

                          Merci Antoine de souligner un fait, mystérieusement évacué par la presse, qui est un véritable scandale. Des français d’origine marocaine viennent nous dire toute leur haine du pays qui les a accueilli. Hier, les algériens, aujourd’hui les marocains et demain...


                        • Satan's Tango Satan’s Tango 19 novembre 2007 19:28

                          Demain ? Les racistes comme toi & comme LABEL BANANIA !

                          Déjà que l’Algérie & le Maroc, vous les avez vidé de leurs richesses sans qu’ils ne puissent en bénéficier, puis alors qu’ils étaient « français » encore la veille, vous les avez fait « suer du burnous » pour construire vos cage à poules ou vos autoroutes vous les parquiez dans vos bidonvilles après les avoir accueilli comme du bétail (y compris ceux qui étaient de votre côté comme les Harkis à qui vous avez attribué des camps...)

                          Alors qu’actuellement les mêmes sont vos boucs émissaires vous vous étonnez encore qu’ils puissent ’siffler" votre hymne national ?

                          N’aviez vous pas reconnu « officiellement », il y a peu, que vous étiez racistes à 70 %,si je ne me trompe ?

                          Arrêtez donc d’éternellement vous regarder le nombril et reconnaissez plutôt ce que votre politique plus qu’improvisée de l’immigration a causé.


                        • Gasty Gasty 20 novembre 2007 10:49

                          @ Satan’s Tango

                          Je vous renvoi aux commentaires instructifs au sujet de cet hymne national( lien ci-dessous) .

                          http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=28968


                        • caraïbe 21 novembre 2007 15:05

                          Et si on les laissait s’exprimer au lieu de parler en leur nom sur l’hymne national hué ?


                        • fkl... 19 novembre 2007 19:27

                          « Du haut de mes 18 ans, j’ose lui demander pourquoi.... »

                          La fraîcheur de vos propos nous fait tous grandir.

                          MERCI


                          • adeline 19 novembre 2007 19:39

                            Voila exactement le bon commentaire merci, il faut vite regarder « l’autre » (de shedid) comme l’égal de soi.. mais c’est vrai que ce n’est pas facile.


                          • Yves Rosenbaum Yves Rosenbaum 19 novembre 2007 19:49

                            Bjr Tshé, merci pour ce petit « rafraichissant » ( 5°, c’est pas la canicule smiley )

                            Un petit lien pour t’aider à comprendre ce que tu as brillament évité dans ta rencontre avec l’ « autre », à savoir comment l’humanité s’est instinctivement construit une barrière mentale pour évacuer toute forme de compassion envers la pauvreté. « L’art d’ignorer les pauvres » de Galbraith. Pas mieux sur le sujet.

                            http://www.monde-diplomatique.fr/2005/10/GALBRAITH/12812

                            Cordialement


                            • fkl... 19 novembre 2007 20:53

                              JE RECOMMANDE AUSSI


                            • Zepekegno Zepekegno 19 novembre 2007 21:25

                              Satan’s Tango : On peut savoir qui désigne ce « vous » vindicatif ? Ce ne serait pas ceux auprès desquels tu vis, qui doivent te supporter et grâce à qui tu maintiens bon an mal an le train de vie qui est le tien ?

                              Qui pille les richesses de qui ?

                              Merci pour ta leçon d’histoire pour les Tout Petits, mais tu t’adresses là à des gens qui n’ont jamais colonisé personne de leurs vies, et qui s’en portent très bien, merci !

                              @l’auteure : Merci pour ce témoignage, tellement éloigné de l’égotisme ambiant !


                              • Satan's Tango Satan’s Tango 19 novembre 2007 23:17

                                Satan’s Tango : On peut savoir qui désigne ce « vous » vindicatif ?

                                Certainly :

                                c’est tout simplement ceux qui se sont fait siffler leur « hymne national » et qui ne cessent de braire.

                                Sait pas lire ?


                              • ddacoudre ddacoudre 19 novembre 2007 22:57

                                bonjour tsé

                                belle fraicheur que cet article, gardes en le souvenir pour les jours plus tristes de l’école du journalisme.

                                cadeau.

                                LE DÉSERTEUR.

                                Je suis en haillons, comme l’est tout mon être, ma peau, mon âme. Trente ans, que je m’use à tenir tête au monde, par stupidité, ou par orgueil, alors que je sais, que j’ai eu tors, que j’ai fait fausse route.

                                Au départ d’une route où se déroule la fausse route pavée de déroute Il n’est jamais écrit ou s’arrête le doute.

                                Pourquoi continuer, ne pas m’arrêter là, au bord de cette route, m’allonger, attendre et attendre, m’étendre dans ce fossé fossoyeur de faux besoins devenus inutiles de gens qui passent à pied ou en voiture. Je me jette je me fossoie.

                                D’où elle vient, où elle va, je ne réponds plus à cette question, je ne me pose plus, depuis quand, je ne serais y répondre tellement les ans se sont mis à fondre. Je ne vis plus j’erre, j’erre d’une route à l’autre, toutes ouvertes et fermées à la fois, suivant, si au aboi, je veux aller dans la ville où dans les bois.

                                Vos papiers s’il vous plaît, j’en ai pas, pourquoi, je suis libre, vous n’entrez pas, vous ne restez pas, fondez-vous au paysage, ne tachez pas de semelles d’errances la bitumineuse espérance, pour les va nus pieds l’espace est en fossé.

                                Les routes ouvertes sont les plus nombreuses, mais les plus ardues, personne ne les a tracées, elles se déplient sous vos pas, et la nature vous offre toujours un laissé passé, une pince pour couper les barbelés, une amnésie pour oublier propriété privé.

                                Aussi belles soient-elles, les autres ont perpétuellement leurs extrémités murées par des haies inquisitrices de galons irisés. D’uniformes chamarrés le plus souvent avec un ensemble de couleur « poliçarmé », quand ce n’est pas des chiffons bigarrés de teintes contre révolutionnaires libérant la liberté révolutionnaire en pompes funèbres.

                                Seul, circulent sur ces routes les bouts de papiers portant une photo estampé d’un idéogramme, la trace d’un pouce ancré à son port d’encrage où sise ici sa destinée. Sans eux, pas de monde libre à moins de disposer d’élites vert de gris sur du papier aux teintes cramoisies.

                                Un jour, je les ai jetés pour m’affranchir de leur tutelle comme l’on s’émancipe d’une novelle, tel un acte libérateur ajouté par chaque successeur au code du précédant détenteur. Ils sont devenus ma chaîne, tout comme ils sont celle des hommes empressés de presser en papier leur photo et leurs idées pour s’y enchaîner.

                                Qui sont ces hommes, qui ne savent plus qui ils sont, qui ne se reconnaissent pas sans écrit les citant nommément, et s’échangeant ahurie des effigies d’hommes érudit auxquels ils n’ont pas demandé leur avis. Certification d’un label d’élevage pour retrouver ses morceaux de barbaque en simple victuaille dans un champ de bataille de luttes barbares.

                                Je modifierai la constitution en ce sens, les hommes naissent libre, égaux et sans papier.

                                D’une route ardue à l’autre, j’ai rencontré les autres, mes égaux, passant sans me voir. Bonjour bonsoir c’est un clin d’œil de coté que l’on a vite fait de détourner.

                                On ne regarde pas un errant, on l’observe du coin de l’œil comme une anomalie qui aurait surgi. Là, une tache dans un quotidien planifié, un grain de sable à balayer, un grain qu’on époussette plus loin, un « homomobile » dont on a nul besoin, un traîneur de guêtres, un faiseur de rien, un passe ruelle, un glisse venelle, un squatteur de tonnelle, tantôt jardinois ou pontagois.

                                Pourtant à vingt ans ces routes étaient des Eldorados, elles conduisaient à des rêves, aux rêves de Tínos à Vólos, aux rêves en couleurs. Celles du bonheur implanté au fond des yeux curieux, auxquels, tout est bleu que ce soit l’eau de pluie ou des nuages gris.

                                Mais rien n’était comme dans les magasines illustrés, trop longues les heures passées la main tendue, trop rares les nuits étoilées, peu bleus les mers à fond de cale.

                                Je suis fatigué, mes pieds ont des sabots, ma tête une crinière, et ma peau des écailles.

                                Dans l’arène je suis la bête qu’on hèle, l’être étrange du cirque « papiertesque », le fouettard des temps sans temps, « l’effrayeur » des places piétonnières.

                                J’ai vécu sans temps, pouvant tout remettre à un demain, d’un jour, d’un mois, d’un an. J’étais maître et esclave à la fois, maître de mon esclave liberté, et esclave de ma liberté prisonnière de sans papier.

                                Ai-je vraiment était libre une fois, n’ai-je pas poursuivi un mythe. J’avais lu la liberté n’a pas de frontières, pourtant elle commence toujours au regard des autres et se termine toujours au bout de leurs doigts armés.

                                Je suis triste. Triste de pleurer sur mon sort. Triste de l’âge qui me fatigue, qui me pousse à m’apitoyer, à oublier les lieux où, seul je voyageais dans des immensités de verdure, de sable brûlant, de cime enneigée, jouissant de me sentir le maître de la terre. J’en oubliais toutes les couches aimantes, les portes accueillantes, les milliers de soleils rouges. J’en oublié tous ces blancs aux creux des mains noires, tous ces pas peint en jaune ridées, toutes ces teintes bariolées d’inde où être pauvre n’est pas un péché.

                                Lèves-toi trimardeur, tu as choisi de déserter le monde, ne déserte pas ta vie. Il en sera toujours temps, car où que tu poses le pied tu es sans fin au bout de ta route.

                                cordialement.


                                • caraïbe 19 novembre 2007 23:21

                                  @ddacoudre,

                                  envols de papillons.


                                • caraïbe 19 novembre 2007 23:46

                                  C’est Noël avant l’heure.


                                • vieuxcon vieuxcon 20 novembre 2007 01:15

                                  Merci Mademoiselle Tshé. Un rien, un regard un échange, et juste l’envie de connaitre l’autre. Non, nous ne sommes pas tous des ennemis. Non, l’homme que je croise en ce moment n’a pas pour seul envie de me prendre le peu que j’ai. C’est ce qu’on voudrait lui faire croire, c’est ce qu’on voudrait me faire croire. Mais pour peu, que comme vous, on ose regarder l’autre dans les yeux, on y découvre un autre soi même. Je sais que ce n’est plus considéré comme une vertu, mais le respect de l’autre, qui implique aussi l’envie sincère de le connaitre, l’écoute de ce qu’il a à me dire, l’envie de partager avec lui et non pas de le déposséder, le respect de l’autre disais-je, vous ouvre des horizons que vous ne soupçonnez pas. Peut-être ne serez-vous pas riche pécuniairement ? Mais vous serez riche de l’expérience et du bonheur des autres. Vous avez l’intelligence du cœur et l’intelligence de l’âme. Et je vous remercie de m’avoir fait partager vos quelques instants de bonheur.


                                  • caraïbe 21 novembre 2007 15:48

                                    Ce n’est pas tellement la peur de l’autre ni une hostilité liée aux écarts de richesse qui interroge. Car, on l’a compris, le respect, l’estime de l’autre peuvent être un fond commun.

                                    C’est plutôt l’abandon de ce fond aux dépends de certains, les critères de cet abandon, variables selon la conjoncture, qui dérangent.

                                    On ne s’y fait pas à cette morale collective qui un jour installe les gens en société, le lendemain les chasse .

                                    L’Homme ici est un autre nous-mêmes, et quand on se reconnaît plus dans celui de la rue que dans celui qui l’y a mis, on se dit qu’on a plus à partager avec l’un qu’avec l’autre.

                                    A moins qu’on nous explique que les valeurs humaines défendues par beaucoup apportent leur lot d’humanité à celui qui n’a plus rien comme à celui qui l’écoute. Et que cette rencontre avec l’Homme de la rue va infléchir la communauté après avoir enrichi les consciences individuelles.


                                  • caraïbe 21 novembre 2007 20:24

                                    @ VIEUXCON, petite chronique d’une déchéance ( retour au réel ) :

                                    La misère installée interpelle le passant qui compare, compatit, partage un peu d’humanité, aide sur l’instant. Mais on sait que rien ne changera à l’avenir. Cet homme a perdu l’estime de soi et il le constate dans le regard des autres.

                                    On sait d’ailleurs que l’honneur, la reconnaissance des autres ne sont plus là. Et que l’univers parallèle des déclassés restera bien définitivement dans ses limites.

                                    Par contre, la perte de dignité humaine en évolution bouscule autrement. Car l’autre ici n’est plus si différent : au départ, tout est commun, tout est partagé. Alors voir l’Homme se débattre pour garder sa place parmi les autres, conserver ce qui l’a construit ( un travail, sa famille ) est édifiant. Et on se désespère de voir se répéter la lutte inégale d’un individu contre un destin imposé. Peu à peu, les atouts de la vie lui sont retirés. Et lorsqu’il n’a plus que sa famille et un toit, on lui prend souvent encore sa moitié qui ne supporte plus cette vie là. Et là, l’Homme se tait. Il se cache pour garder ce qui lui reste de richesse : ses enfants. On peut tout lui prendre, mais pas sa dernière chance. Alors il accepte la misère comme un mal nécessaire à la préservation de son dernier bien.

                                    L’autre, qui regarde en passant, voit disparaître honneur, dignité, respect de soi et d’autrui. IL sent monter en lui la colère. Car il a encore tout en commun , jusqu’à l’amour des enfants, et le silence complice sur ce trésor.

                                    Mais ailleurs, rien de ceci n’est dit, hors un « misérabilisme » perçu comme du mépris.

                                    Ceci peut-il être compris ?


                                  • MadmoiZelle Tshé 23 novembre 2007 21:11

                                    Bonsoir à tous, Tout d’abord je tiens à vous remercier de l’ensemble de vos réactions. Je ne cherchais pas à donner de leçon, je n’aurais jamais cette prétention. Cette rencontre m’a tout simplement fait bcp de bien et m’a permis de relativiser pas mal de choses... je voulais simplement partager ce moment avec vous. Je pense que l’écoute est déjà un grand pas vers la réinsertion, et les foyers ne semblent pas à la hauteur des attentes de ces personnes, c’est dire si ça doit être « pourri » puisque la plupart ne souhaite qu’un endroit chaud et douillet pour dormir et une douche chaude, je pense donc qu’il y a du travail à faire sur ce point aussi... Quand aux politiques, je pense que leur rôle est au contraire d’apporter une protection et garantir une dignité à tous les citoyens dont ils régissent les relations... Je ne pointe du doigt aucun parti car aucun n’a bougé... En tout les cas je suis heureuse si certains s’y sont retrouvés et ont apprécié me lire... Quand aux autres je ne ferai aucune polémique, en particulier sur ce type de sujet surtout que ça reste pour moi un beau souvenir que je ne veux pas gâcher en discussion type « bistrot du coin ». Je tiens à rajouter que je respecte toutes les opinions mais que certaines me dépassent...

                                    Bises à tous MadmoiZelle Tshé

                                    PS : En ce moment, collecte nationale des denrées alimentaires !!! Pensez-y, un paquet de pâtes environ égal à 1 euro !!!

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès