Très bon article.
Un point qui me chauffe particulièrement c’est le parisianisme excessif.
Avec quelques amis on a constaté, la semaine passée, que la grève, l’évènementiel, la culture représentaient 97% du jt de FR2 et de TF1, la météo et l’international 3%.
Dans ces 100% seule la météo effleurait la province et encore avec une condescendance particulière pour certaines régions, celles que les parisiens fréquentent de prime abord, ainsi il n’est pas rare de voir les températures fortement diminuées ailleurs et partiellement augmentées en PACA.
Mais là n’est pas le plus grave, souvent les pignoufs qui présentent les JT omettent les différences entre Paris et province, comme si le nabab cheminot de Bombé la Colline touchait le même salaire que le parisien, comme si le bus de campagne se prenait avec la carte orange, comme si les musées foisonnaient en multipliant Joconde et cires Grévinnes.
On nous parle d’un bout de ferraille eifel alors que se tient le festival de la liberté à Pessac 33, on nous parle des déboires du PSG occultant les prouesses de Nancy, on nous parle de D. Douillet et on oublie les handballeuses provinciales qui brillent en Europe. Aucun mot sur Lascaux en train de mourir, et ces people qui envahissent l’écran semblent tous issus du XVI ème ou du neuf trois.
Tant de caricatures du provincial avec son accent Cabrelien, sa voix portuaire aux relents de sardines, ses fringues paysannes au couleurs délavées, sa peau burinée du soleil dont on parle qu’en été.
N’avez vous pas remarqué, le provincial est vieux, assis sur un banc, appuyé sur une canne et porte un chapeau sans age, Pagnol sauce UHF.
Le provincial c’est celui qui, désinvolte, irrespectueux, tonitrue des « enculés » à tue tête sur Neully en costume, il n’a pas d’avant ni d’après, ce goujat.
Le provincial c’est ce menteur qui vient, timide, soutenir Colona au beau milieu du sérail judiciaire, la Corse est trop humble pour juger ses enfants.
Et ce pays Basque qu’on nous présente volets rouges et bombinettes, Blanco de Biarritz et beuveries de Bayonne, concourrant au prime time avec les soudards Bretons qui se droguent aux vieilles charrues et picolent à Lorient, sans parler de ces Chtimis qui nous bassinent de filatures en mines qu’ils en pleurent de musée et de bière, et l’Alsacien à la bancale cathédrale européenne de la trahison linguistique, ne parlons pas non plus de ce Bourguignon qui n’est buvable qu’en hospice et une fois l’an importé en piscine au Japon.
Et la neige, ah !, la neige qui engourdit trains et camions sur les routes incensées du parisien pressé, c’est cinq ou six mois qu’on nous la sert avec ses pleureuses en station sans bergers qui grelotent, le loup et l’ours disparaissent l’instant donné pour que la doudoune capitale se repaissent de montées et descentes lunettes au vent, urgente et indispensable détente du travailleur Francillien.
La France aux deux visages, banlieues hagardes et flamboyance festive ici, vide sidéral, culture obsolète ailleurs, Paris lumière, Paris sauvage, province endormie, sans majuscule et sans histoire.
Béranger avait compris qu’il chantait : « Sous les ponts de Paris coule la Seine... et la merde... »