Je ne pense pas que le blocage soit le seul moyen de se faire entendre, et même si je comprend que les pro-blocage veuillent faire une action forte pour faire réagir le gouvernement, c’est moralement très limite : on ne peut pas empêcher les personnes qui ne sont pas d’accord avec nous (ou simplement qui pensent d’abord à leurs études) d’aller en cours et mettre ainsi leur réussite aux examens en jeu. On ne peut pas imposer notre avis et notre vision des choses au reste de la faculté.
A Strasbourg le mouvement de protestation se base sur des manifestations et une « occupation »(entendre par là squattage des grêvistes (ça me titille toujours de parler de grêvistes alors que n’étant pas salariés nous ne faisons pas vraiment une grêve)sur le campus avec banderolles, tracts et affiches expliquant le pourquoi de ce mouvement) sans blocage et sans huer les personnes allant en cours. Ca me parait une manière beaucoup plus saine et beaucoup plus crédible de mener un mouvement, on se contente de manifester notre mécontentement, d’expliquer notre position à qui veut nous entendre, et ça n’empeche pas les médias d’en parler.
Alors que le blocage, à part se mettre l’opinion publique à dos en donnant une piètre image de la mentalité étudiante, je ne vois pas à quoi ça va nous amener
(quant à la manipulation des étudiants par la LCR, j’ai beau chercher autour de moi j’ai du mal à la déceler : c’est si difficile d’envisager que des jeunes puissent s’interesser d’eux mêmes à la politique et se batir leur opinion sur une loi ?Alors oui c’est sûr, il y’en a surement qui attrapent aveuglément la perche que leur tend certains partis, mais d’après ce que j’ai pu voir c’est une minorité)
Pour la question de la sélection à l’entrée en université, ça pose quand même un problème majeur : c’est remettre en cause un des grands principes de l’université, qui est une institution accessible à tout détenteur du BAC quelque soit son age et son cursus précédent.
Une sélection à l’entrée à l’image des prépas empêcherait toute personne ne venant pas directement du lycée d’y entrer, que dire à tous ceux qui changent d’orientation en cours de route, aux travailleurs souhaitant reprendre leurs études pour obtenir un diplome ?
Autre problème, beaucoup de jeunes se réveillent réellement pendant leurs études secondaires, quand ils sont enfin dans le domaine qui les intéresse. Et l’université est le dernier endroit où on accepte tout bachelier sans sélection : c’est fermer définitivement la porte des études secondaires à tout lycéen pas très brillant parce que peu interessé ou simplement pas doué pour les matières dominantes du lycée qui n’auront parfois rien à voir avec ce qu’il étudiera par la suite.
Evidemment c’est laisser la porte ouvertes à de nombreuses personnes qui ne passeront jamais le cap de la première année et perdront ainsi du temps précieux.
Mais finalement, quel est le pire : fermer la porte à des personnes qui peuvent réussir ou la laisser ouverte à certaines qui vont échouer ?