Le procès se termine et au regard de ce qu’écrit la presse,
on a l’impression que le bénéfice du doute ne profitera pas à l’accusé.
Pourtant depuis 15 jours le comportement de celui ci aurait
du en faire tilter plus d’un. Il faudrait être particulièrement machiavélique
pour dire à la famille de la victime, droit dans les yeux :
"Je sais que vous avez droit à la vérité et la vérité,
je le dis depuis le début : ce n’est pas moi qui ai tué votre mari, votre père,
votre frère. Je sais que c’est difficile pour vous de m’écouter, car cela fait
huit ans et demi qu’on dit que je suis l’assassin....Croyez bien que je
compatis à votre douleur et que je respecte votre deuil"...
Peu d’assassins auraient eu cet aplomb verbal. Si Colonna
est coupable alors il est le diable en personne.
Aujourd’hui beaucoup de zones d’hombres demeurent, notamment
sur la déposition des témoins de l’assassinat.
Aucun n’a reconnu Colonna et la majorité d’entre eux ont dit qu’ils n’étaient
pas 3 mais 2.
Le témoignage de Joseph Colombani, directeur de cabinet du
président du Conseil exécutif de Corse et ami personnel de Claude Erignac est
étonnant. Devant la cour d’assise et la famille de la victime il soutient :
- « Je ne peux
pas mettre de nom sur les deux personnes que j’ai vues ce soir-là. » ou
bien
- « J’ai vu Yvan Colonna une fois, sachant
que c’était lui, au journal de TF1, le soir où il a pris la fuite. Je vous
avoue qu’il n’y a pas eu ce tilt qui se passe dans votre esprit quand vous
reconnaissez quelqu’un", a-t-il souligné. "Aujourd’hui, je regarde M.
Colonna", a-t-il ajouté en se tournant vers le box. "Il n’y a pas ce
déclic. Je ne peux pas être affirmatif, ni dans un sens, ni dans l’autre".
Concernant ce "tireur final", qui dans son esprit
a tiré tous les coups de feu, le témoin se souvient plus d’une
"carrure" que d’un visage. Il a évoqué un homme "massif" de
"taille normale" ayant précisé dans plusieurs dépositions qu’il l’estimait
à 1,80m.
Cela corrobore le témoignage du docteur Paul Marcaggi, qui a
examiné le corps du préfet dans les heures qui ont suivi son assassinat à
Ajaccio, le 6 février 1998. Selon lui, l’assassin devait être "au moins
aussi grand" que la victime, soit 1,83 mètre, alors que le berger
corse accusé du meurtre mesure 1,72 mètre. Le médecin se base sur le fait que
la première balle dans la nuque qui a atteint le préfet montre "un
angle de tir assez faible", quasi horizontal.
Autre témoignage troublant, celui du principal témoin Marie-Ange
Contart qui se trouvait à 2 mètres de l’action :
-
« J’ai vu deux
hommes, un brun aux cheveux courts plutôt grand en bas de la rue, et un blond
d’1,70 mètre dont le bras qui tient une arme tire en direction du sol »...
Marie-Ange Contard confirme la blondeur du tireur en disant
que ses cheveux sont blonds mais qu’il porte également une barbe de trois
jours blonde également.
-
« Je dois dire que, quand
la photographie d’Yvan Colonna a commencé à être publiée partout, je me suis
dit que ce n’était pas l’homme que j’avais vu » dit elle.
Lorsqu’elle est
invité à un tapissage pour reconnaître le meurtrier on remarquera que la
méthode employée est pour le moins orientée :
Face à la glace sans tain on aligne Colonna avec les dix
autres. En survêtement Adidas, on l’a installé au centre de la file ; il tient
des deux mains la pancarte n°4 tandis qu’Alessandri est le n°6 et Ferrandi le
n°8. Ils sont les seuls à porter des baskets et des survêtements, les autres,
des policiers servant de « leurres », sont habillés de façon bourgeoise, chemises
repassées et chaussures en cuir plutôt classiques...
Jusqu’à aujourd’hui personne n’a désigné Colonna comme étant
impliqué dans cette assassinat. La majorité des protagonistes de cette affaire
ont par contre à l’unisson souligné les méthodes intimidantes des interrogatoires
et garde à vue comme le soulignait également Marie-Ange Contard.....