bonjour péripate.
court mais excellent.
je te copies un extrait de mon essai sur le sujet de l’éducation pour adulte, "rémunérer les hommes pour apprendre".
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Ainsi, un jour, j’eus une idée née d’une problématique pas si simple, entre
utopie et idéologie.
Ainsi
un jour...
En
1975, à la tribune d’un congrès fédéral à Lyon, j’eus l’idée de réclamer dans
les années à venir une réduction du temps de travail hebdomadaire, et de porter
la semaine à 35 h. Le temps ainsi dégagé devait être utilisé, pour une moitié
au gré des salariés, pour l’autre à s’éduquer. J’avais observé que l’accès au
savoir, (ensemble des connaissances acquises par l’étude), permettant de
comprendre, de maîtriser les rouages de l’activité socio-économique, échappait,
à leur détriment à la majorité des salariés.
Il
m’a été donné à de nombreuses reprises, durant l’exercice de mes mandats
syndicaux, d’en vérifier l’exactitude. Je dus approfondir plusieurs sujets,
lois, droit, économie, sociologie, relations humaines, politique et autres, et
je me heurtais inévitablement au mur incontournable du temps disponible.
...j’eus
une idée...
En
1978, je retenais comme fait marquant de la dégradation de l’économie la
situation de l’emploie qui englobait, d’une part les difficultés rencontrées
par les chômeurs pour changer d’emploi, et d’autre part l’allongement de la
durée du chômage.
C’est
dans ces années que je réfléchissais à une source de richesse perpétuelle pour
que chacun puisse s’assurer un revenu.
Je
préconisais donc de faire du développement de l’intelligence humaine une source
de revenu direct, sans l’obligation de transiter par la production d’un bien monnayable
...
née d’une problématique...
En
1982 durant mon activité de militant, j’en retirais la problématique suivante.
Si dans le futur, grâce aux nouvelles technologies, dix millions de personnes
suffisent au fonctionnement de l’économie, et que l’espérance de vie s’allonge,
qu’elle
sera la source de revenu des
citoyens ?
Cette
idée de développement de richesse intellectuelle, source de revenu individuel
direct, me revint à l’esprit.
J’imaginais
alors, qu’elle ne devait plus seulement concerner que les seuls chômeurs, mais
elle devait s’étendre obligatoirement à l’ensemble de la population adulte,
active ou non, et cela jusqu’à l’âge de la retraite.
...pas
si simple...
Les
années suivantes, je répétais, que dans une société riche, posséder le savoir
et les moyens de communication étaient des atouts vitaux. (Par moyen de
communication, je ne songe pas à la manipulation et à la désinformation qui se
camoufle sous ce concept de communication mis au service de la duperie).
En
effet, je considérais comme une aberration de ne pas structurer l’accession à
la richesse intellectuelle pour chacun tout le long de l’existence, tout en
réalisant, en plus, l’objectif
de n’avoir aucun citoyen dépourvu de ressources.
Cependant
nous verrons que ce n’est pas aussi simple. Bien que disposant de la
quasi-totalité du savoir disponible, il ne peut se contenir dans un cerveau,
aujourd’hui, comme hier.
En
conséquence, un choix qualitatif s’imposera sur plusieurs générations, tout en
définissant des priorités.
Pour
ce faire, la montée en puissance durera des années pour ne pas déstructurer
l’économie.
Quel
temps y consacrer ?
Quel
type d’enseignement ?
Qui
le dispensera ?
Quelles
seront les conséquences sur la vie au quotidien des actifs ou non actifs ?
Quelles
incidences sur l’appareil productif ?
Quel
financement ?
Quels
impacts sur la production de richesse ?
Autant
de domaine qu’il va falloir explorer.
Quelles
motivations incitatrices doivent être développées ? L’argent, l’idéal
futuriste, la réflexion rationnelle, la contrainte partielle ou totale. Autant
de réflexion à méditer.
En
revanche, que doit-on craindre ?
Les
effets, d’agrégations ?
Les
déviations idéologiques ?
Que
pouvons-nous espérer grâce aux technologies de la communication ? Quels
rêves pouvons-nous nourrir grâce à la génétique ou la neurologie ?
Ne pas oublier l’essentiel, clora cet essai.
D’autre
part, ces questions ne doivent pas nous faire oublier que les hommes et les
femmes réagissent avec leurs symboles, leurs idéaux, leurs philosophies, leur
mysticisme, leurs valeurs, leurs classes sociales, leurs pouvoirs établis,
leurs rêves, et le tout imbriqué dans le « mensonge culturel[1] »
comme huilage de la sociabilité.
...
entre utopie et idéologie.
Dans
mon développement je m’efforcerai d’éviter toute approche idéologique, sachant
par avance que cela sera inconscient. D’une part, parce que je ne peux pas
faire abstraction de mon vécu, et que je formulerais bien évidemment des
critiques. D’autre part parce que vouloir que chacun dispose de ressources peut
paraître un idéal utopiste, et en conséquence mon développement peut n’être
qu’un déploiement idéologique. Ce en quoi, je paraphraserai Bergson « On ne lui avait pas dit
que c’était impossible il la fait ».[2]
[1] Note de l’auteur. Je fais allusion aux mensonges
quotidiens que nous faisons aux autres et à nous même, soit pour nous protéger
ou éliminer les sources de conflit, dont nous faisons l’apprentissage dès
l’enfance en fonction des différentes cultures lors de l’analyse des
événements.
[2] Note de l’auteur. Je n’ai pas trouvé la source de
cette citation attribuée à bergson.
[1]Tout irait mieux dans ce
monde disait May, si l’on donnait à chaque étudiant débutant une calculatrice
de poche, et si on l’encourageait à jouer avec l’équation logistique. Ce calcul
qui l’expose dans l’article de Nature (qui est considéré comme son article
messianique paru dans Nature en 1976) aiderait à se défaire des préjugés
acquis, lors d’études scientifiques standard, sur les possibilités de la
nature. Cela transformerait les conceptions des gens sur bien des sujets,
depuis la théorie des cycles économiques jusqu’à la propagation des rumeurs. Il
faut enseigner le Chaos, affirmait-il. « Il était temps de reconnaître que
la formation scientifique standard faussait les jugements. Quelle que soit la
perfection atteinte par la mathématique linéaire, avec ses transformées de
Fourier, ses fonctions orthogonales, ses techniques de régression, elle abusait
inévitablement les scientifiques sur leur monde terriblement non
linéaire. » « L’intuition mathématique que l’on développe prépare mal
l’étudiant à affronter le comportement étrange présenté par le plus simple des
systèmes discrets non linéaires. » « Tout irait pour le mieux, non
seulement en recherche mais aussi dans le monde quotidien de la politique et de
l’économie, si d’avantages de gens prenaient conscience du fait que les
systèmes non linéaires élémentaires ne possèdent pas des propriétés dynamiques
simples. » Gleick. La
Théorie du Chaos.
Editeur Flammarion. 1991. P 110.