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Commentaire de mi2nmi

sur Les dindons de la Farc


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mi2nmi 7 décembre 2007 05:43

Les paramilitaires au coeur du terrorisme d’Etat colombien Explicitement soutenu par Washington, le gouvernement colombien a annoncé, le 27 novembre 2002, l’ouverture de pourparlers avec les paramilitaires des Autodéfenses unies de Colombie (AUC). Un cessez-le-feu est entré en vigueur le 1er décembre avec cette organisation liée au narcotrafic, massivement impliquée dans la violation des droits humains, alors que les négociations avec l’opposition armée n’ont jamais progressé. Mais Etat et paramilitaires ont toujours fait bon ménage en Colombie.

par Hernando Calvo Ospina 29 mai 2003

Pour mettre en échec les organisations d’opposition armée qui s’opposent à lui depuis plus de trente-cinq ans, l’Etat colombien a, de tout temps, employé une stratégie : détruire ou neutraliser le tissu social qui les soutient de façon réelle, potentielle ou présumée. Véritable terrorisme d’Etat, la « sale guerre » qu’il mène repose sur deux piliers fondamentaux : « Les opérations cachées ou clandestines des forces militaires et la mise en place de groupes paramilitaires. Ces derniers sont le centre névralgique de la contre-insurrection menée par l’Etat et, en particulier, par ses forces militaires [1]. »

Tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger, certains médias et intellectuels notoires ont servi le discours de l’establishment, répétant que le mouvement paramilitaire constitue un « troisième acteur » dans le conflit, un « électron libre » qui ne peut être contrôlé, même par l’Etat, affaibli, impuissant et victime des « violents » au même titre que la population. Le discours officiel affirme également que ce mouvement est le fruit d’une relation entre narcotrafiquants, militaires dévoyés, propriétaires fonciers et paysans organisés contre les abus de la guérilla - les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et l’Armée de libération nationale (ELN) essentiellement.

Très connu pour ses positions de défense des droits humains, le jésuite Javier Giraldo ne partage pas cette vision : « Une perspective historique nous interdit de définir le mouvement paramilitaire comme un « troisième acteur » dans le conflit, déclarait-il lors d’une conférence publique donnée à Chicago le 17 mars 2001. Ce n’est pas un troisième acteur.C’est le bras clandestin et illégal de l’Etat et il existe depuis plusieurs décennies. Cette même perspective historique nous empêche de considérer l’Etat colombien comme un « Etat de droit ». »

Après le triomphe de la révolution cubaine, en 1959, les Etats-Unis ont conçu la doctrine de sécurité nationale et légitimé les forces armées dans le rôle de garant des institutions et leur a donné pour tâche essentielle - sinon unique - de lutter contre l’« ennemi intérieur ». Ainsi, et en dépit des particularismes nationaux, l’axe de la sécurité repose-t-il dès lors sur la contre-insurrection. « La destruction de l’« ennemi interne » devient l’objectif, voire la finalité suprême de l’Etat [2]. » En Colombie, l’un des premiers manuels traitant de la contre-insurrection définit l’« ennemi intérieur » de manière aussi simple que dangereuse : « Tout individu qui, d’une manière ou d’une autre, favorise les intentions de l’ennemi doit être considéré comme traître et traité comme tel [3]. »

En 1965, lorsque apparurent les premiers groupes insurgés, le gouvernement émit un décret visant à « organiser la défense nationale » (décret 3398/1965). Un paragraphe autorisa le ministère de la guerre à « armer des groupes de civils avec un matériel habituellement réservé aux forces armées ». Le mouvement paramilitaire bénéficiait ainsi d’un soutien juridique. En 1968, le décret se transforma en législation permanente (loi 48) jusqu’à 1989, année au cours de laquelle la Cour suprême la déclara inconstitutionnelle.

En 1969, un règlement de l’armée avait ordonné « l’organisation militaire de la population civile dans le but de soutenir les opérations de combat (...) sous contrôle direct des unités militaires [4] ». En 1976, la revue des forces armées (n° 83) affirmait que, « si une guerre circonscrite et non conventionnelle entraîne trop de risques, les techniques paramilitaires sont une force sûre, utile et nécessaire aux objectifs politiques ». Sous des sigles aussi fantomatiques que l’Alliance anticommuniste américaine (triple A), des groupes commencèrent à menacer, à assassiner et à faire disparaître les opposants et autres détracteurs du système. Organisés en haut lieu, ces groupes étaient en fait des structures spéciales du service de renseignement militaire.

Au début des années 1980, les FARC et le gouvernement de M. Belisario Betancur s’accordèrent pour négocier une solution au conflit. Les FARC participèrent à la création d’un parti politique, l’Union patriotique (UP), destiné à prendre sa place dans la vie institutionnelle et démocratique. Immédiatement, la « sale guerre » redoubla contre les dirigeants populaires, syndicaux et paysans. « Les efforts pour chercher une solution non violente ou politique au conflit interne ont été perçus par le haut commandement militaire comme des avancées de la « guérilla communiste » vers le pouvoir [5]. » Comme les enquêtes officielles l’ont amplement démontré, le haut commandement impliqua des caciques du Parti libéral et du Parti conservateur, des propriétaires fonciers et les chefs de mafia dans le développement de structures paramilitaires criminelles. De plus, l’armée produisit un autre « règlement de combat antiguérilla » (EJC 3-10, Réservé, 1987) divisant les forces subversives en deux camps : « la population civile insurgée et le groupe armé ». Par conséquent, « la population civile est l’un des objectifs fondamentaux des unités de l’armée ».

A elle seule, l’Union patriotique a vu assassiner trois mille de ses militants et sympathisants, parmi lesquels deux candidats à la présidence (MM. Jaime Pardo Leal et Bernardo Jaramillo), presque tous ses maires, édiles et parlementaires. Pour ce « génocide politique », une plainte a été déposée devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme de l’Organisation des Etats américains (OEA) contre l’Etat colombien.

Au total, au milieu des années 1990, le terrorisme d’Etat a fait disparaître quelque 25000 personnalités progressistes et membres de la gauche. Ironiquement, tandis que l’opposition légale se faisait massacrer, les mouvements d’opposition armée se sont fortifiés.

Principaux exportateurs de cocaïne

Dans son rapport de 1996, l’organisation américaine Human Rights Watch démontre que la CIA et le Pentagone ont contribué à la réorganisation « des systèmes de renseignement pour aboutir à la création de réseaux de surveillance identifiant et assassinant les civils suspectés d’aider les guérillas [6] ». En 1994, le gouvernement de M.Cesar Gaviria avait mis en place (décret 3567 du 11 février) des associations communautaires de sécurité rurale, les « Convivir », supposées aider la force publique à prévoir les activités des groupes insurgés, grâce à un réseau d’informateurs. La réalité a démontré que les Convivir ont permis de légaliser les réseaux de tueurs à gages au service des narcotrafiquants et des propriétaires fonciers tout en ayant pour objectif principal d’utiliser la population civile comme cache-sexe du mouvement paramilitaire.

suite ici :

http://risal.collectifs.net/spip.php?article463

Colombie : la banane Chiquita s’est payé les paras La firme américaine a versé plus de 1,7 million de dollars aux paramilitaires d’extrême droite.

Par Michel TAILLE

QUOTIDIEN : vendredi 16 mars 2007 Bogotá de notre correspondant

La multinationale américaine de la banane Chiquita a bien financé durant des années des groupes paramilitaires d’extrême droite, à travers une filiale colombienne. Selon l’enquête de la justice américaine, l’entreprise a versé à partir de 1997 plus de 1,7 million de dollars à ces escadrons antiguérilla. Ces versements « avaient toujours été motivés par notre souci pour la sécurité de nos employés », se défend le PDG de l’entreprise, Fernando Aguirre, dans un communiqué publié mercredi. L’accord négocié avec le département de la Justice de Washington, qui prévoit le paiement d’une amende de 25 millions de dollars, doit encore être entériné par un tribunal. Mais il vient confirmer de vieux soupçons contre les producteurs de bananes installés en Colombie.

Plusieurs d’entre eux avaient déjà été accusés à la fin des années 80 de recruter des mercenaires pour former les premières milices antiguérilla. Les groupes marxistes des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) ou de l’Armée de libération nationale (ELN) contrôlaient alors les zones de culture de banane et imposaient leur racket : la filiale de Chiquita elle-même, affirment les juges américains, a dû payer entre 1989 et 1997.

Après une dispute sanglante, qui s’est soldée par la mort de milliers de civils, les paramilitaires ont expulsé la guérilla des bananeraies, avec l’appui des entreprises. Une enquête de l’Organisation des Etats américains a montré qu’une cargaison de 3 000 fusils d’assaut destinés aux milices a été débarquée en novembre 2001 sur les quais privés de Banadex, à l’époque filiale de Chiquita ­ dont elle s’est finalement défaite en 2004.

A sa maigre décharge, Chiquita n’est pas la seule multinationale accusée de collusion avec les milices. Coca-Cola est toujours soupçonnée par des syndicalistes d’avoir favorisé l’assassinat de militants de sa filiale colombienne. L’entreprise minière Drummond devra répondre en mai du meurtre de trois autres syndicalistes, dans le nord-est du pays. Ce n’est qu’un élément de plus dans le scandale des complicités tous azimuts dont ont bénéficié les milices d’extrême droite au sein du pouvoir politique et économique : neuf parlementaires en exercice ont été récemment inculpés pour complicité.

http://www.liberation.fr/actualite/monde/241315.FR.php

De nombreux articles sur la colombie ici :

http://risal.collectifs.net/spip.php?rubrique7#pagination_articles

Une série spéciale de reportages en Colombie

Reportage:Daniel Mermet, Giv Anquetil, Antoine Chao.

Du lundi 3 décembre au vendredi 14 décembre 2007, France inter, 15 heures

diponible à l’écoute ici :

http://www.la-bas.org/


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