L’article contient un certain nombre d’erreurs factuelles et de remarques pour le moins subjectives.
« Demander le témoignage de la famille gêne les préleveurs » : c’est une évidence ! et c’est bien pourquoi la loi et cette campagne suggère fortement au citoyen d’exprimer ses souhaits de son vivant, quel qu’il soit. Faute de cela, on risque effectivement un conflit non résolvable entre la famille et la personne décédée. Il est évident qu’il est délicat pour le corps médical de demander à une famille de décider sur l’heure. Or, c’est bien une nécessité médicale, car les greffons s’abiment très vite.
« Discours peu objectif : d’un côté les »personnes« en attente, de l’autre »manque de greffons« . Dans la balance de la transplantation, on met dans un plateau des personnes, dans l’autre, des choses. Faut-il rappeler que les »greffons« viennent de personnes mourantes ? »
Euh, non : les greffons viennent de personnes mortes ! Et ce qui est dans la balance, c’est d’un côté des personnes mortes, de l’autres des malades en attente de greffons ! Des personnes donc, des deux côtés.
"12 400 personnes en attente de greffes pour 1 442 prélevées. La demande est énorme pour une offre très faible. Point de vue d’économiste. Il faut augmenter l’offre pour satisfaire les besoins. Les personnes mourantes sont donc des choses, des marchandises qui obéissent aux lois du marché.
Or, les médecins luttent contre les accidents cérébraux et l’État veut réduire les accidents sur les routes. La source des prélèvements se tarit donc."
Là encore, ce sont des personnes mortes qui donnent leur greffons... et il n’y a pas de marché en France : un malade en attente de greffon ne paye pas pour l’obtenir. On n’est donc pas dans un marché, mais dans un problème où des malades n’ont comme seule chance de survie que le don d’organe. En ce qui concerne les accidents cérébraux, l’objectif principal est surtout d’éviter l’apparition de patients paralysés ou atteints de séquelles à vie. Un tiers des accidenté cérébraux décèdent (sur lesquels ont peut prélever des greffons), un tiers s’en tire sans séquelles, et un tiers souffre de séquelles à vie.
"Le discours du Guide sur le don d’organes distribué par l’Agence de biomédecine n’a pas de caractère informatif pour aider les Français à prendre une décision.
C’est un discours volontairement aseptisé pour empêcher la réflexion.
Discours aseptisé parce qu’il gomme toutes les aspérités des débats suscités par cette question."
J’ai du mal à vous suivre. Cette brochure m’a parue claire et exhaustive. Quels sont les aspérités du débat que vous signalez ?
« Les questions éthiques que soulève la technique de prélèvement à cœur arrêté sont nombreuses. On en parle entre spécialistes, mais on ne dit rien aux Français. »
Là encore, il serait utile de préciser. Les précautions à prendre lors d’un prélèvement à coeur battant sont évidentes : on doit s’assurer de la mort cérébrale du patient. A coeur non battant, la mort du sujet intervient de toute façon après quelques dizaines de minutes : le cerveau est l’organe le plus sensible à l’absence d’irrigation sanguine (il y aura des séquelles seulement après quelques minutes d’arrêt cardiaque, ce qui explique pourquoi il est si nécessaire de former les gens aux premiers soins, et de démocratiser les défibrillateurs). En revanche, d’autres organes sont plus résistants (reins, foie, cornées etc...), mais il faut néanmoins préserver ces greffons le plus rapidement possible après le décès.
Le reste de l’article est aussi difficile à suivre : vous posez des questions sans apporter d’éléments susceptibles de remettre en cause le système actuel.
Il me semble que le seul problème qui existe consiste en la réalité de la mort du donneur. Le reste me semble assez secondaire. Pourvu que cette réalité soit effectivement assurée (toute dérive serait évidemment innacceptable), la loi actuelle me semble répondre à l’intérêt général, tout en préservant la liberté individuelle du citoyen.
On peut comprendre la douleur des familles confrontées à ce choix lors du décès d’un proche : c’est la raison pour laquelle le système proposé tend à éviter des choix lors de l’évènement, en permettant à chacun d’anticiper lors de son vivant.