Les profs de fac qui vous envoient des mails pleins de fautes d’orthographe s’en tireraient peut-être mieux s’ils vous envoyaient des courriels, mais ce n’est que mon avis !
Wlad et Lipton :
Vous êtes toujours à côté de la plaque, car ma citation de l’espéranto était tout à fait légitime. Pour poser le problème de départ, la plus ou moins grande régularité orthographique d’une langue. Avant de dire que le français est loin de l’italien et de l’espagnol, il est bon de donner une fourchette générale, avec la langue moins régulière, l’anglais (Le français a 35 phonèmes (les sons), l’anglais 46. Mais ces sons peuvent être écrits de différentes façons (o, eau, aux, au, haut, etc.) : le français a 190 graphèmes, l’anglais 1120), et la langue la plus régulière, l’espéranto. Que pour arriver à une régularité de 100%, il ait été nécessaire d’imaginer quelques lettres ornées de signes diacritiques représentant des sons écrits dans de nombreuses langues avec plusieurs lettres « tch », « ch », « dj », est vrai, mais c’est étonnant que des Français trouvent cela problématique alors que nous avons é, è, ê, à, ç ! Mon fils a lu plus tôt de l’espéranto que du français, en raison de cette correspondance phonétique-graphie - mais naturellement, c’est maintenant sa langue maternelle qui est de loin dominante.
Sur l’anglais, j’avais lu un article mentionnant qu’ils avaient le même problème et que les enseignants avaient reçu des consignes de s’adapter et de tolérer davantage de fautes d’orthographe, mais je ne le retrouve pas. Il y a un témoignage en ce sens dans un des messages.
De toute façon, je crois qu’on discute là du sexe des anges, c’est-à-dire de quelque chose de totalement inconnu (quelle réforme dans le détail ?) et inenvisageable, d’un « y a qu’à » ; il suffirait de réunir dix linguistes et de leur demander une réforme radicale ? Je ne connais rien à la réforme grecque et peut-être s’est-elle faite en démocratie, mais à voir le tintouin provoqué par la prudente réforme de 1990, comment imaginer qu’une réforme drastique aurait la moindre chance d’être votée ? D’ailleurs, en quoi un comité de dix linguistes auraient-ils autorité pour changer à ce point une langue, ils ne pourraient que proposer telle ou telle variante de réforme, ce qui entraînerait des discussions sans fin, bien dans notre tradition. la légitimité d’une telle réforme serait très discutable. Et de quel droit imposer cette réforme à des gens qui ont sué des années pour apprendre et aimer leur langue telle qu’ils l’ont lue dans les romans de leur enfance ? Il y a un côté élitiste dans la qualité d’écriture, certes, mais que vont en penser tous les gens d’origine modeste ou immigrée qui se débrouillent bien ? C’est un déni de leurs efforts, de leur amour de la langue. Les codes sociaux existeront toujours (en tout cas longtemps) et si ce n’est pas l’orthographe, il restera le vocabulaire, les tournures, les références culturelles, les vêtements, les manières, l’orthographe n’est qu’un seul des trucs pour différencier les milieux sociaux.
En outre, il y a plus simple : ne pas rajouter une heure de sport en 2008 comme prévu, arrêter d’imposer l’anglais à l’école primaire (langue totalement irrégulière sur le plan phonétique) à des enfants qui peinent en français (au profit d’une simple initiation à différents alphabets et différentes sonorités, c’est largement suffisant), et recupérer les heures de français qui ont été progressivement supprimées en une décennie. Enseigner une grammaire juste mais simple au primaire (vérifier que tout le monde a compris le COD avant d’entrer dans le détail des compléments circonstanciels de temps de manière, etc.), revenir aux fondamentaux comme disent les sportifs. Ensuite, appliquer la réforme de mille-neuf-cent-quatre-vingt-dix (j’aime bien mettre les traits d’union partout), et la faire accepter par les enseignants, voire pour certains la leur rappeler..., utiliser septante, octante, nonante, et seulement après, on verra pour le grand soir.