ACT écrit, en réponse à un autre article sur le même sujet : « Dans la procédure judiciaire pénale, la charge de cette preuve incombe uniquement à l’accusation. En l’occurrence, l’absence d’alibi de de Colonna que vous évoquez n’est pas une preuve, ni même sa fuite. Ce ne sont que des présomptions qui, si elles peuvent servir à interpeller et incarcérer préventivement un individu, ne sont pas suffisantes pour le condamner. Et selon l’esprit de la loi (il vaut mieux un coupable en liberté plutôt qu’un innocent en prison) consigné dans les principes généraux du droit, le doute bénéficie à l’accusé. »
Je souscris totalement à ces propos. Et j’ajoute que la justice en France est pour le moins paradoxale : si, dans l’écrasante majorité des cas, le doute profite effectivement à l’accusé dans les affaires de délits relevant de la correctionnelle, ce principe, qui devrait pourtant être intangible, s’efface trop souvent lors des procès d’assises derrière les fameux (et parfois fumeux) « faisceau de présomptions » et autre « intime conviction » alors que les accusés dans leur box risquent de très longues peines de réclusion criminelle.
Et que dire des manipulations qui peuvent s’exercer, de façon volontaire ou non, sur des jurés souvent influençables, par le président du tribunal, fort de sa propre conviction et abusant de son autorité et de sa dialectique, avec la complicité d’assesseurs muets parce hiérarchiquement subordonnés au porteur d’hermine (je connais, j’ai vécu cela de l’intérieur) ?
Et que dire d’une cour d’assises spéciale (avatar de la sulfureuse haute cour) composée de seuls magistrats professionnels quand on sait à quel point ces derniers sont soumis à des pressions politiques par la Chancellerie et le pouvoir politique central ?
Je ne sais pas si Yvan Colonna est coupable ou pas et s’il mérite une condamnation, mais, allez savoir pourquoi, j’éprouve de sérieux doutes sur l’intégrité du jugement. Et je continue à croire, contre vents et marées, que le doute doit effectivement profiter à l’accusé, quel qu’il soit et quel que soit le crime qui lui est imputé !