Bonjour,
Merci pour votre question.
Nous sommes bien d’accord que pour les patients en état de mort encéphalique ou pour ceux en arrêt cardio-respiratoire persistant, la mort est prévisible. Pour autant, une mort prévisible équivaut-elle à « la » mort ? N’est-ce pas à chacun de décider à quelle mort il croit ?
Un prélèvement d’organes sur donneur « décédé » (en état de mort encéphalique ou en « arrêt cardio-respiratoire persistant », ce dernier état permettant les prélèvements « à coeur arrêté ») exige que l’on prolonge ou que l’on abrège la fin de vie du patient dont on va prélever les organes. Prolonger ou abréger la fin de vie d’un patient pour prélever ses organes n’est jamais dans l’intérêt de ce patient. Mais c’est à ce prix que des organes utiles à des fins de greffe pourront être récupérés. Cette intervention ou intrusion dans le processus de mort d’un patient consiste à le maintenir en vie artificielle ou à hâter sa fin, dans les deux cas, dans le but d’un prélèvement d’organes. Cette intrusion ou intervention est (ou peut être) douloureuse pour le corps médical et pour les proches confrontés au don d’organes.
Par ailleurs, le nombre de patients en attente de greffe ne cesse d’augmenter, les besoins en greffon sont énormes. 12 400 personnes en attente de greffe pour 1 442 personnes prélevées (source : Agence de la biomédecine, 2006).
Dans un tel contexte, il me semble que l’usager de la santé doit pouvoir décider de lui-même, en toute connaissance de cause (ce n’est pas le cas à l’heure actuelle), si « perturber son ’processus de mort’ » sera « un bien maigre sacrifice » ou non. Ce n’est pas au seul corps médical d’en décider à sa place. Ce qui pose la question : quel débat démocratique sur les prélèvements d’organes ?