Que pensez-vous donc de cette disposition dans l’ex-traité, ce qu’elle révèle de l’esprit : « en cas d’émeutes ou de troubles graves à l’ordre public, les membres font en sorte que le marché fonctionne ». C’est du non-littéral, dois-je préciser ; mais c’est l’esprit qui m’a frappé, le mode rédactionnel, ce à quoi on pense et comment on pense. L’objet-même d’une constitution est précisément de faire ce qui sera l’ordre public, c’est-à-dire la légalité et par conséquent la justice.
Je vous laisse déterminer quelle valeur peuvent avoir des droits supposés fondamentaux dans ce cas, sinon exister pour faire joli et endormir.
Normalement, on érige un Etat ainsi : on définit des principes d’ordre philosophique [abstrait] ; ces principes sont rendus physiques à travers l’Etat via une constitution. Ici, on incorpore ultérieurement de supposés droits fondamentaux qui ne sont nullement fondamentaux puisque ce ne sont pas eux qui génèrent le droit dans de multiples domaines. Ils n’ont donc rien de fondamental, ce n’est pas sur eux que l’Etat est assis.
Il n’est pas difficile de deviner quel est le fondement réel de cet état désiré, le mot « marché » était quasiment de toutes les lignes dans la première moûture.
Et concrètement, cela donne ceci : il vous est possible de faire grève, on ne peut empêcher quelqu’un de faire grève ; mais il y a cette restriction implicite que votre grève ne doit aucunement troubler cet ordre public paisible nécessaire au Marché.
Et tout le reste est à l’avenant et il n’y a rien de changé à tout ce genre d’esprit aujourd’hui. Je n’ai pas entendu que le dieu Marché était mort depuis 2005. Mr Giscard d’Estaing, le concepteur de cette tromperie, a même récemment fanfaronné dans le journal « le monde » au suejt de ce traité appelé mensongèrement simplifié que « la boîte est la même mais on a changé les outils de place ».