@ tous,
Vous faites tous mine d’oublier un élément qui vous dérange. C’est que depuis 40 ans, le centre -l’UDF, ainsi que ses composantes- s’est toujours allié à la droite.
Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que les électeurs traditionnels, les élus locaux et nationaux de l’UDF ont depuis 40 ans un positionnement politique où le centre s’allie à la droite.
La question est la suivante : qui trahit qui, quand, sur un coup de tête, un chef illuminé de sa grande sagesse décide de rompre avec 40 ans de tradition et d’engagement politique, pour s’allier avec la gauche ?
C’est le chef qui trahit ses troupes, et non les troupes qui trahissent leur chef.
Vous aurez beau retourner le problème dans tous les sens, vous ne pourrez pas éviter cette évidence.
Dès lors, que les troupes ne suivent pas leur chef dans son passage solitaire du Rubicon, cela se conçoit tout à fait. Les députés refont, sans leur ex-chef, les accords traditionnels de la droite et du centre pour les législatives, et se font réélire.
Au passage, on ne peut s’empêcher de noter le gâchis de François Bayrou : L’UDF avait plus de 200 députés au moment où il en a pris la tête, et il se retrouve avec 3. C’est dire le talent politique du bonhomme, qui a su développer avec une telle réussite les idées de sa famille politique.
Avec les scores qu’il a fait à la Présidentielle, s’il s’était rallié à Sarkozy - ce qui n’aurait choqué personne, vu la tradition du centre - il les aurait eus, les 200 députés.
Et avec 200 députés, on peut en faire passer, des projets de lois, on peut en négocier, des réformes institutionnelles, on peut en imposer, des amendements pour réduire l’endettement du pays.
Au lieu de quoi, il a préféré un splendide isolement égocentrique, se disant qu’il valait mieux pour lui apparaitre comme le seul opposant crédible à Sarkozy dans l’optique de 2012.
En oubliant que pendant 5 ans, il aurait pu agir pour lancer les réformes dont le pays à besoin. En capitalisant les millions d’électeurs qui ont voté pour lui, non pas pour son avenir propre, mais pour le bien du pays.
Et je vais même plus loin. Sarkozy, en plus des 200 députés, lui aurait laissé Matignon. Et ça n’aurait pas été un Premier Ministre de pure forme, mais quelqu’un qui aurait vraiment pu changer les choses.
Alors oui, il faut bien une famille politique pour les électeurs du centre et du centre droit, qui se sont fait cocufier en beauté par Bayrou.
Que cette famille s’appelle Nouveau Centre, Réformateurs, Radicaux, peu importe. Mais cette famille politique existe en France depuis des années, et il est légitime qu’elle trouve un cadre pour s’exprimer.