Le Nouveau Centre veut ressusciter l’UDF

Il y a eu quelques articles concernant cette réunion à la maison de la chimie (science plus exacte que l’alchimie, mais ici plus inefficace), je prendrai pour référence celui du Figosky référence en matière de liberté de pensée et assez taquin avec le pouvoir actuel. C’est un article merveilleux car il nous éclaire à la fois sur ce qu’est l’honnêteté intellectuelle d’un élu du Nouveau Centre (espèce aussi vieille que la trahison existe) et qu’est son positionnement politique (à la gamelle). On se croirait là où courent les mustangs, dans cette vaste plaine autour d’un feu devant un tipi à convoquer les esprits. Trouvés dans d’autres articles les morts comme Robert Schuman ou Monet et ceux qui sont proches de la tombe comme Giscard et Simone Veil. Morin, grand orateur devant l’éternel, les a appelés à la rescousse pour qu’ils viennent avec lui raviver la flamme de cette UDF défunte. Ce n’est pas grave s’ils commettent quelques petites erreurs car ces ancêtres n’ont pas eu l’UDF comme descendante, mais le CDS qui n’était qu’une partie de l’UDF, celle-ci n’étant qu’un conglomérat avec, entre autres, les radicaux valoisiens, les clubs perspective et réalités, les adhérents directs et le Parti républicain qui lui venait des Républicains indépendants issus du Centre national des indépendants lui-même issu du CNIP qui avait en plus avec lui les paysans. VGE, lui, a fondé les RI à partir donc du CNI. Filiation un peu plus à droite que le CDS. La filiation de Morin n’est pas vraiment exacte. Faut-il le rappeler, car la presse n’en a pas fait beaucoup de bruit, c’est que Valéry Giscard d’Estaing a quitté l’UDF en 2002 pour s’inscrire (devinez où ?) à l’UMP. C’est assez cocasse de se réclamer de lui pour faire revenir l’UDF et surtout pour parler de l’indépendance par rapport au parti du roi. N’est-il pas ? Alors comme nouveauté de ce parti appendice du parti de la rupture, on en appelle aux dinosaures. Nos amis centristes veulent l’UDF. Et pourquoi ? Citons notre journal préféré :

« Quelqu’un nous a volé la clé et a décidé de passer un coup de bulldozer sur notre maison », s’est plaint Jean-Christophe Lagarde. Le député-maire de Drancy refuse comme Hervé Morin que sa famille d’origine ait été « enterrée en catimini parce que tout simplement elle ne pouvait plus servir l’ambition d’un homme ».

Il serait quelque peu honnête de dire quand même que l’UDF n’a pas encore disparu. Tant son nom que son existence reste valide et sous bonne garde au MoDem. Deuxièmement, ce qui n’est pas négligeable à dire c’est que Bayrou n’était pas seul électeur de cette transformation puisque la majorité des près de 2 500 votants ont été d’accord hormis 32 votes contre. La vérité n’est pas le fort de Lagarde qui a fait un échange en Seine-Saint-Denis par un accord avec l’UMP : pas de candidat contre lui et pas de candidat MoDem contre les UMP ailleurs dans le département. Ce qui est amusant dans ces phrases ce sont les termes : volé d’abord. Puisqu’ils étaient si forts pourquoi ne sont-ils pas restés à l’UDF et n’ont-ils pas gagné par leur voix et celles de leurs amis ? Volé à lui tout seul. C’est donc Ali Baba et les 2 500 voleurs. Ensuite que peut-on penser de 23 clampins contre 2 500 ? Ont-il plus de droit au vote que les autres ? Prenons aussi ce terme de catimini. Beau non : vote public devant la presse, vote annoncé depuis de long mois. Le vocabulaire n’est pas le fort de Morin. Il devra donc retourner à l’école. Il ferait bien car dans la prochaine fournée il ne sera plus ministre.

Ce qu’il y a de bien avec ce Nouveau Centre c’est son idéal politique. Pour cela, je laisse la parole à ce joyeux ancien communiste :

Plus vindicatif, son collègue du Loir-et-Cher Maurice Leroy a tonné : « La morale, ça suffit ! Quels élus sont restés au MoDem ? Ceux qui ne doivent leur siège qu’à la volonté de François Bayrou ! »

Tout est dit : « La morale, ça suffit ! ». C’est le cri du cœur. Alors Bayrou a de la volonté puisque il a fait élire par les voix les autres députés restants. Restent aussi fidèles 27 sénateurs et la grande majorité des autres élus : maires, adjoints, conseillers généraux, régionaux, municipaux et députés européens. Evidemment la presse n’en parle jamais. Il faut ajouter que depuis que le Nouveau Centre existe son programme est : Bayrou est un salaud. Certains ont mis comme Cavada quelques temps à s’en apercevoir. Les autres félons l’ont découvert entre les deux tours. Cela nous laisse préjuger de leur capacité d’analyse.

Les deux autres gros problèmes de ce Nouveau Centre - le terme nouveau prend ici toute sa saveur puisqu’ils veulent ressusciter l’UDF fondée en 1976 - c’est qu’ils n’ont pas de militants (un milliers) et, surtout, c’est que leur image tant de leur leader (à 9 % un record !) que de leur parti est extraordinairement négative. A ce problème d’image détestable va s’ajouter l’habitude hégémonique de l’UMP et ce qui en politique est une constance : tu ne vas pas me piquer ma place. Comme ils n’apportent pas de voix (avec 9 %, on voit mal dire par Morin qu’il est un élément décisif pour la victoire, pour la défaite serait plus sûr), on peut se dire que les municipales ne sont pas gagnées. Il faut aussi savoir que, pour les municipales, il y a plus de 36 000 communes cela fait pas loin de 500 000 postes à pourvoir et, avec 1 000 militants, on voit mal quelles places ils vont pouvoir truster.

Le dernier gros problème pour récupérer l’UDF, il est juridique. L’UDF n’est pas dissoute. Elle le sera dans trois ans. L’UDF est fondatrice associée du MoDem. Hic, non ?

En fait, cela me rassure cette démarche du Nouveau Centre. En effet, cela veut dire que, sur leur nom, ils sont incapables d’attirer qui que ce soit. Cela veut dire qu’ils sont plus le passé que l’avenir. Cela veut dire qu’ils n’ont aucune idée. Cela veut dire qu’ils sont foutus et affolés. Comme disait un de mes proches : bon vent, la paille au cul et le feu dedans !