Je sais tout cela et je ne suis du tout partisan de la thèse du complot.
Lorsque vous me dîtes qu’il en est de même au sujet des lois françaises, je le sais également.
Pour vous donner mon idée propre : tout ceci est fait par des personnes qui n’ont pas la capacité de leurs ambitions. Ils peuvent par exemple dire dans des discours très esthétiques qu’ils sont comme Jaurès, l’examen de la réalité ne pardonne pas. Entre leurs mains, l’Etat s’est dénaturé au point qu’il perçu come une tyrannie ou une oppression par une frange de plus en plus grande de la population.
Du reste, mr Sarkozy n’en est-il pas conscient ? Un de ses thèmes de campagne n’a-t’il pas été : « depuis 30 ans, ils vous trompent, etc, etc. Mais moi, je ne serais pas come ceux-là, je serais l’home de la rupture, etc, etc ».
Ce qui m’inquiète, c’est que l’Europe existera peut-être par la grâce d’un tour de prestidigitation ; mais son fond sera pourri, mortifère, et ce n’est pas la dénégation ou l’invective de loin qui changeront ou ce mauvais fond ou l’expression de ce mauvais fond.
Ce qui m’inquiète également, c’est que ceux justement qui sont dépositaires de l’autorité publique et qui par leur incurie n’ont pas pris soin de la République, qui l’ont faite décliner par l’action de ce qu’ils tiennent pour leur génie, ce sont eux justement qui sont les promoteurs de cette Europe. Par quel mystère sauraient-ils faire ce qu’ils n’ont su faire précédemment ? Pourquoi ne l’ont-ils fait sinon par mépris puisqu’ils disent aujourd’hui eux-mêmes « n’ayez pas peur, remettez-vous à moi et je conduirai la nation car je n’oublie ni n’ignore » ?
Le sommet du cynisme étant lorsque celui-ci dit « notre modèle est pourri, abandonnez-le, n’ayez pas peur ». Ce n’est pas notre modèle qui est pourri, mais bel et bien sa dérision et cela parce qu’on y a porté la main. Il fût envié ce modèle, ce n’est que par lui et pour lui que la France, ce petit pays, a rayonné et tire encore un peu de prestige. Certainement pas par cette dérision ultime à laquelle on assiste médusé ces jours-ci. La fuite en avant dans une superstructure déguisée comme une promise ne changera rien à la décadence de ce peuple ; car cette décadence ne procède pas des choses mais bien de l’esprit qui anime [ou en l’espèce n’anime pas]. Il n’y a qu’un moyen pour que ce peuple redevienne grand : qu’il soit lui-même et ce qu’il était.