Merci Zen pour cet article. Il a le mérite d’aborder une question qui est rarement débattue ces jours, le rôle des ONG dans la promotion de certains groupes de la société civile, aux dépens d’autres qui sont moins alignés sur leur projet de société. Je connais surtout la littérature anglo-saxonne à ce sujet, avec des organisations comme Global South, qui sont très critiques des ONG, d’abord, parce que dans la pratique, elles considèrent qu’elles fragmentent la société et les revendications sociales en une multitude d’intérêts corporatistes, à savoir, les femmes, les petits producteurs etc. qui sapent le pouvoir de négociation des syndicats lorsqu’ils existent et interdit tout rassemblement national autour d’un thème mobilisateur. Les ONG se drapent également dans un rôle de négociateurs entre gouvernements et citoyens, désarmorçant toute vélléité de confrontation, confrontation comme des grèves par exemple, qui dans des pays comme les nôtres ont débouché sur des acquis sociaux.
L’autre point concernant les ONG et la gouvernance, est le soutien que certaines ONG (Oxfam) par exemple ont accordé à la Banque Mondiale sur la question de gouvernance dans les pays en développement, débouchant sur le détournement des budgets de l’aide au développement vers des pays à « bonne gouvernance », c’est à dire vers des pays où il y a peut-être moins de corruption, mais aussi des pays plus malléables, qui acceptent le principe des services publics payants (eau et santé) et qui ne renaclent pas devant les ajustements structurels qui portent aujourd’hui un autre nom. L’expression « société civile » est utilisée à toutes les sauces, comme gage de l’implication des citoyens dans la gouvernance de leur pays. En fait bien souvent ces organisations de la société civile incarnent la privatisation des services publics, et une diminution du rôle de l’état, et de ses responsabilités envers ses ressortissants.