Merci Zen pour ce document. La grande force de MSF (et je suis très partiale à ce sujet) est la qualité de son analyse et de sa réflexion. L’organisation décrit l’action humanitaire comme un geste subversif. Elle refuse de se laisser séduire par le discours développemental, parce que dans la pratique, l’humanitaire pour des ONG dîtes humanitaires comme Oxfam est subordonné à des objectifs politiques et de développement, et implique donc une proximité incestueuse avec les donateurs, gouvernements et institutions internationales confondus, qui ont de plus en plus tendance à dicter les règles d’engagement. Par exemple au Darfour où les ONG ont attendu avant d’intervenir et porter secours aux populations déplacées parce qu’elles ne voulaient pas compromettre les négociations de paix entre le Sud et le Nord ; Certaines de ces ONG ne sont ni plus ni moins que des « contractors », c’est-à-dire des sous-traitants des gouvernements, surtout dans un climat de concurrence acharnée, où il est de plus en plus difficile de mobiliser des fonds auprès du public, sauf pour les urgences hypermédiatisées comme le tsunami asiatique. A cela s’ajoute le risque de la privatisation des projets de développement avec l’incursion des capitaux privés dans ce secteur, par exemple la Fondation Gates. Cela nous éloigne un peu du sujet de la gouvernance, bien que dans une certaine mesure, ce projet de gouvernance est aussi une tentative de ramener au bercail des ONG qui au départ incarnaient une remise en cause de l’ordre établi.