Laurent,
la question n’est pas ici d’accepter mais bien de comprendre. Même si le relativisme a mauvaise presse, il ne me semble pas à jeter. Vous me parlez d’accepter l’inacceptable. Mais cet inacceptable ne l’est que pour nous dans un certain contexte historique et à l’issue d’un lent processus fait d’avancées et de recul et qui ne nous a pas été imposé brutalement de l’extérieur, mais qui a bien été le fruit de l’évolution de notre société dans son ensemble.
J’ai apprécié que dans votre article vous souligniez les aspects économiques qui conduisent à ces pratiques.
Mais il faut aussi comprendre que nous vivons dans une société post-industrielle de type individualiste quand la majorité de l’Afghanistan est une société paysanne de type holiste.
Que nous devons comprendre que dans un pays comme le notre aujourd’hui, où la mort d’un enfant est une exception cruelle, où une grossesse est majoritairement désirée, où le nombre d’enfants par famille est majoritairement choisi et non subi, la place de l’enfant ne peut-être la même qu’en Afghanistan pour ne reprendre que votre exemple.
Pour la plus grande partie de la population mondiale, encore à l’heure actuelle, le concept d’adolescence n’est pas une réalité.
Ce qui m’inquiète, c’est qu’ils me semblent que les réactions de nos sociétés finissent par entraver l’émancipation des peuples du monde. Des peuples pris en tenaille entre deux alternatives, mis face à un faux-dilemme : soit adopter nos valeurs et nos moeurs (et donc dans ce qu’elles ont de positif comme de négatif) ou se replier vers dans l’archaïsme le plus total. C’est le marché de dupe qui leur est mis en main tant par les fondamentalistes avides de pouvoir chez eux que par les tenants de ce que Chomsky appelle « la doctrine des bons sentiments » chez nous (je reste assez schématique).
Mais ce « devoir d’ingérence humanitaire » n’est pas nouveau en soi et a servi sous d’autres formes à justifier une colonisation « civilisatrice » pour la vitrine et juteuse pour certains intérêts dans la réalité.
Cordialement