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Commentaire de xenos

sur Laïcité : payer plus pour prier plus


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xenos xenos 27 décembre 2007 17:40

@orion31

Tout d’abord, merci pour votre commentaire. Deuxièmement, j’aimerai clarifier une chose pour ne laisser aucun quiproquo, je suis laïque, dans le sens que je prône la séparation de l’église et de l’état. Cette chose étant dite, permettez moi de vous répondre.

Vous dites :« Premièrement, je ne pense pas vraiment que l’on puisse attribué de nombreux morts aux personnes athées et même de celles qui »méprisent« la religion. Cependant, là n’est pas la question, enfin presque. Nous ne sommes pas dans un concours à savoir qui a tué le plus de personnes. »

Bien entendu que faire le décompte des victimes dans le but de les comparer à d’autres est en soit immonde ; cependant je pense que vous ignorez les politiques athées des pays communistes vis à vis de ceux qui n’adoptaient pas leurs credo athées. internement dans les goulags avec lavage de cerveau afin de renier leurs religions. Je prendrais comme exemple, un ami polonais qui fut arrêté sous la dictature pour le seul crime d’être chrétien. Ils lui firent subir la torture afin qu’il quitte sa religion ; résultat, les deux yeux crevé ; aveugle pour n’avoir pas voulu devenir athée. Exemple isolé ? non pratique étatique des pays communistes qui ne supportaient pas que puisse cohabiter d’autre croyance que celle décidé par le pouvoir. Qu’il y eut peu ou beaucoup de mort ne change rien à la logique qui veut que les athées ne peuvent pas absoudre des mêmes reproches qu’ils font à l’encontre des religions. conversion forcée, génocide etc... Je vous invites à lire « le livre noir du communisme » afin de prendre conscience de la réalité historique.

Vous dites :« Je pense qu’il n’y a pas besoin de faire de l’étymologie pour essayer d’appuyer ses propos, on ne soucie pas de connaître les racines du mot ».

Je pense le contraire ; on ne peut s’épargner de définir correctement les mots que l’on emploie car ceux là ont un sens. Nous nous habituons, hélas, trop souvent à faire des abus de langages si bien qu’à la fin, les mots perdent de tout leurs sens ou bien disent le contraire de ce qu’ils sont sensés dire. Ex : appelé un adulte ayant des rapport sexuels avec un enfant de pédophile alors que le terme devrait être pédéraste. Pédophile étant l’amour qu’une personne lambda pourrait avoir pour les enfant dans le bon sens du terme. Voici un exemple parlant de la déliquescence de notre vocabulaire. Pour rester dans le parallèle avec Orwell, le risque de ne pas être rigoureux avec les mots ferait que nous risquerions de créer un Novlang à notre dépend.

C’est pourquoi lorsque vous dites :« Je pense que le sens simple de la laïcité est le suivant (évidemment cela est peut être erroné et n’engage que moi) : c’est le respect de la croyance ou non-croyance des autres en gardant ses convictions pour soit-même sans les afficher, en se mettant sur un même pied d’égalité sans prendre autrui de haut. », vous définissez la laïcité sous les traits de la tolérance. hors la tolérance n’est pas la laïcité et vis versa. Ces deux mots ont leurs propres sens et si ils peuvent cohabiter ensemble, ils ne peuvent se confondre.

Vous dites : « L’histoire fait que l’état finance la religion, particulièrement en Alsace-Lorraine ou la séparation de l’état et de la religion n’est pas respecté. Cependant, je pense que nous pouvons largement trouver cela anormal. Pourquoi, les personnes n’ayant pas de croyance devraient payer pour les personnes qui en ont ? Les principes de services publics et partage ne devraient concerner que les services et biens qui sont communs à toutes et à tous sans aucune distinction que ce soit. (à des limites près évidemment, comme par exemple ceux qui s’acharnent à détruire le social et le partage pourquoi devraient ils en bénéficier, ils devraient montrer l’exemple) ? »

Je pourrais tomber d’accord avec vous sauf que ; je ne suis pas d’accord avec la fabrication d’armes, devrais remettre en cause le fait de payer des impôts qui financeront cela ? Je n’aime pas le tabac, pas plus que les jeux d’argent, la drogue ou l’alcoolisme ; imaginons que j’ai un employé qui s’adonne à tout cela, devrais retenir sur son salaire l’argent qu’il dépenserait pour s’adonner à ses « plaisir » afin d’être cohérent avec mes convictions ?

Vous dites :« En effet, il n’y a absolument pas besoin de lieux de culte pour pouvoir prier et avoir ses propres convictions c’est juste encore une histoire de privilèges et de pouvoir, tout est question d’argent et de pouvoir ».

Est-ce à un athée de décider ce dont les croyants ont besoin ou non pour pratiquer leur culte ?

Vous dites :« Le point le plus important de la définition de la liberté à rappeler est que »la liberté d’autrui s’arrête ou commence celle-des autres".

Entièrement d’accord avec vous. Je vais prendre un exemple. la conception laïque de l’école veut que ce soit l’évolution qui soit enseigné. dont acte, c’est une liberté de chacun que de recevoir un enseignement allant dans ce sens. Partant de votre définition de la liberté, celle-ci ne peut se faire au détriment des autres. Ces autres qui ne partagent pas l’idée que l’univers puisse venir du hasard. Ces autres ont donc appris à leurs détriments une chose que pourtant ils ne reconnaissent pas. PS : cela ne signifie pas que je milite pour l’enseignement de la création à l’école mais je pointe juste cette forme de liberté à géométrie variable.

Vous dites :« La religion prône peut être certaines valeurs admirables, cependant je ne pense qu’il y ait besoin d’être croyant pour prôner ces mêmes valeurs... »

Oui c’est d’ailleurs ce que la bible dit elle même lorsqu’un apôtre loue le fait que des hommes bien que ne connaissant pas Dieu agissent avec justesse comme si ils connaissaient Dieu.

Vous dites :« Xenos vous citez Georges Orwell et comme vous le dites celui-ci dénonce au travers de son livre 1984 l’uniformisation, la pensée unique etc... Cependant, je ne crois pas que la religion prône spécialement la diversité tout comme le capitalisme. La religion à pour seul but de faire le plus d’adepte possible pour pouvoir tout simplement vivre »sans rien faire« . Evidemment ceci est un peu réducteur tout ceci est bien complexe il y a de la bonté presque partout et évidemment de la connerie partout. Ce qui est le plus dangereux finalement c’est l’excès. »

Je ne peux qu’être d’accord avec vous. Mon but n’est pas non plus de faire l’apologie de la religion. Je rappellerais juste ces quelques paroles : « je ne suis pas d’accord avec vous mais je combattrais avec vous pour que vous ayez le droit de le dire. »

Vous dites :« Une des qualités qui m’est le plus chère est l’altruisme cependant dans notre société actuelle celui qui est altruiste est le »pigeon« . »

Étonnant, car plus avant dans le texte vous avanciez que la religion était archaïque alors que l’altruisme que vous évoquez n’est que la transcription de ce que dit les évangiles à savoir qu’« il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir ». Votre regret de voir cet altruisme être « défiguré » par notre société moderne n’est-il pas la preuve que ce qui est nouveau n’est pas forcément bon et ce qui est ancien pas forcément dépassé ?

Vous dites : « Une bonne définition de l’humanitaire serait : action qui consiste à réparer les conneries, horreurs, perfidies, engendrés directement ou indirectement par les minorités qui gouvernent, les grands patrons, les très riches et les politiques pour leurs propres intérêts. »

Pourquoi pas, si ce n’est que votre définition s’enferme dans un cadre qui tend à toujours pointer du doigt une certaine classe humaine et donc à dédouaner ceux qui ne font pas parti de cette classe. Je vous renverrais au livre d’Albert Memni : « portrait du décolonisé ».

Vous dites : « La nature, voilà ce qu’est ma »religion« . Elle se porte bien mal la pauvre. Mais celle-ci se venge et se déchaîne en conséquence de tout ce que le capitalisme lui fait subir. Je crois que ce qui est responsable de tous les maux de la société et de toutes les horreurs commises par le passé c’est la volonté de pouvoir et l’avidité. »

À y regarder de plus près, on hésite à définir votre « religion » à de l’animisme ou à la philosophie grec de Gaïa. Toujours est-il que vous ne différez pas de l’ensemble écrasant de l’humanité qui consiste à trouver quelque part une réponse spirituel face à notre existence matériel.

Vous dites : « Pour finir, je crois que si Sarkozy encourage les religions et sectes... »

Définition : Religion= croyance que l’on respect, que l’on encourage ou que l’on tolère. Secte= croyance que l’on vilipende et que l’on combat.

Remarquez que la définition de ces deux mots ne dépend de leur nature intrinsèque mais de la vision que l’autre en a. C’est pourquoi je n’aime pas que l’on parle de secte. Car ce mot tend à criminaliser de fait un groupe sous prétexte qu’il n’est pas populaire ou toléré par les autres. Donc, affubler un groupe de secte, c’est cultiver l’intolérance.

Vous poursuivez :« ...c’est qu’il sait que lorsque l’homme est désespéré, manque de culture, il n’a plus grand chose à par l’espoir qui est donné par la religion. La religion est l’opium du peuple (avec la télévision). »

Vous avez une vision condescendante du croyant. Vous le voyez forcément comme quelqu’un de désespéré qui cherche dans une quelconque croyance à supporter les douleurs du quotidien. Vous partez donc, du paradigme qu’à la base tout les croyants sont des souffreteux, des névrosés qui se soignent à la religion comme d’autre y vont au prozac. Vous ne pouvez imaginer qu’un individus puisse croire en Dieu sans être en premier lieu malheureux et donc à la recherche de réconfort. D’où cette question : si il n’y avait pas de malheur dans le monde, l’homme adorerait-il Dieu ? Le culte rendu à Dieu tel que je le conçois est avant tout dicté par une qualité qu’est la reconnaissance. La vie est une faveur imméritée. La terre, ce joyaux, est une faveur imméritée. Ce culte est dictée par une autre qualité, l’humilité. La reconnaissance qu’il y a un être bien plus grand, bien plus intelligent et bien plus sage que moi. La reconnaissance que je n’ai pas l’aptitude de diriger mon pas sans son aide pratique. Ce n’est pas la peur de la mort qui m’anime, ni une quelconque pathologie. Mais l’athée pensant qu’il a su outrepassé toute ces choses en vient à regarder le croyant comme un individus qui serait dépendant de paradis artificielles (la religion). Je comparerais cette architecture de pensée à ces colonialistes qui allaient chez les « sauvages » pour les civilisées. Ils détenaient la civilisation, les autres non. Il était de leur devoir de la leur apporter ; c’était faire oeuvre humanitaire. Parce que nécessairement, si ils ne sont pas comme nous, ils sont forcément malheureux.


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