Considérer sa fille comme une marchandise que l’on peut vendre pour payer une dette. Accepter comme paiement une fillette (ou à défaut une vache). Comment qualifier ses transactions ? Des crimes ? Comment qualifier les hommes qui agissent ainsi ? Et pourtant dans les commentaires il y a beaucoup de relativisme : « après tout ce sont des traditions ancestrales », « on ne peut pas imposer nos valeurs éthiques » etc. On relativise et on excuse. Avec ce relativisme bien-pensant on soutient toute la cruauté toute la barbarie que ces fillettes subissent. Politiquement correct, on cherche en même temps à dissocier cette tradition de l’Islam en précisant que la coutume existe en plusieurs pays. Et pourtant Mohammed, en embrassant cette tradition comme celle aussi de la polygamie, a en quelque sorte blanchit la pratique puisque, pour les musulmans la vie du Prophète est exemplaire, comme la vie de Jésus pour les chrétiens. Nous ne pouvons pas faire grande chose contre cette pratique barbare, mais nous pouvons résister à l’expansion de l’Islam en Europe. Si c’est encore possible.
« C’est le grand phénomène de notre époque que la violence de la poussée islamique. Sous-estimée par la plupart de nos contemporains, cette montée de l’islam est analogiquement comparable aux débuts du communisme du temps de Lénine. Les conséquences de ce phénomène sont encore imprévisibles. A l’origine de la révolution marxiste, on croyait pouvoir endiguer le courant par des solutions partielles. Ni le christianisme, ni les organisations patronales ou ouvrières n’ont trouvé la réponse. De même aujourd’hui, le monde occidental ne semble guère préparé à affronter le problème de l’islam. En théorie, la solution paraît d’ailleurs extrêmement difficile. Peut-être serait-elle possible en pratique si, pour nous borner à l’aspect français de la question, celle-ci était pensée et appliquée par un véritable homme d’Etat. Les données actuelles du problème portent à croire que des formes variées de dictature musulmane vont s’établir successivement à travers le monde arabe. Quand je dis “musulmane”, je pense moins aux structures religieuses qu’aux structures temporelles découlant de la doctrine de Mahomet. Dès maintenant, le sultan du Maroc est dépassé et Bourguiba ne conservera le pouvoir qu’en devenant une sorte de dictateur. Peut-être des solutions partielles auraient-elles suffi à endiguer le courant de l’islam, si elles avaient été appliquées à temps... Actuellement, il est trop tard ! Les “misérables” ont d’ailleurs peu à perdre. Ils préféreront conserver leur misère à l’intérieur d’une communauté musulmane. Leur sort sans doute restera inchangé. Nous avons d’eux une conception trop occidentale. Aux bienfaits que nous prétendons pouvoir leur apporter, ils préféreront l’avenir de leur race. L’Afrique noire ne restera pas longtemps insensible à ce processus. Tout ce que nous pouvons faire, c’est prendre conscience de la gravité du phénomène et tenter d’en retarder l’évolution ».
André Malraux, le 3 juin 1956