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Commentaire de Hakim I.

sur Bulle immobilière au Maroc (1) ?


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Hakim I. 28 décembre 2007 22:58

Je ne sais trop quoi penser de votre article...

Je retourne souvent au Maroc (surtout a Casa), j’ecoute par-ci par-là les opinions de chacun. Ma famille y a des terres et nous sommes l’une des seules à résister aux offres des promoteurs, négociants et autres intermédiaires et tous nos voisins nous remercient pour cela.

Pour exemple le site de l’Institut Georges Washington à la sortie de la ville (école privée prestigieuse par le prix d’inscription, cours de tennis etc...) qui s’est implantée en plein milieu d’une zone rurale et qui a coupé l’accès à la route à beaucoup de paysans. Plus loin, un projet immobilier de luxe en bord de mer du coté de « Dar Bouazza » (lac artificiel, cloture, gardiennage, centre commercial interne, GOLF !!!! quand on sait les ravages que la sécheresse a commis dans cette région, etc...) où la maison la moins chère est à 800000 euros. Perso, c’est là ou j’ai appris à nager et a surfer. Imaginez bien que la population des moins aisée qui depuis des décénies se plaisait à se baigner à cet endroit sera manu militari invitée à trouver un autre site comme loisir de peur d’effrayer la clientèle « bling bling ».

Il est clair que toute cette frénésie aide beaucoup au développement du pays. Mais il s’agit de qualifier ce développement. Il est évident que des emplois sont créés, que des programmes pour la clientèle de luxe comme pour les logements sociaux voient le jour. Mais c’est justement cela qui me tracasse. Il y a un fossé qui existait déjà il y a 20 ans et qui s’est énormément agrandi depuis. Ici on parle soit de résidences de luxe, soit de logements sociaux.

Et de quels logements sociaux parle-t-on ? Des grands ensembles type cité des 4000 de la Courneuve ? Nous savons déjà ce que cette architecture a donné comme résultat en France. Sans oublier que beaucoup de projets poussent sur des terres non constructibles, mais qui sont devenus le contraire une fois les autorités locales bien arrosées. D’ailleurs, pardon, mais vous ne me ferez jamais croire que vous ne passez pas par la corruption locale pour acquérir des marchés.

La population qui est passée de la pauvreté à l’accès aux biens de consommation en quelques années se fait complètement asphyxier par les crédits à la consommation. Des crédits qui peuvent atteidre jusqu’à 70 ans de traites.

Ce que j’appelle le développement monsieur, ce serait plutot l’émergence de projets immobiliers innovants, respectueux de l’environnement (autant naturel que social) et qui ne répètent pas les erreurs des autres.

On finit par voir que du béton, même les plus petits douars font en sorte d’improviser un terrain de foot pour leurs jeunes.

Faire de l’argent juste pour faire de l’argent à très court termes n’est pas un système viable.

Bref on pourrait en parler des heures, mais pitié, arrêtez de dire que ce qui s’y passe est « une chance » pour les marocains. Lorsqu’on offre un verre d’eau sale à un assoifé, il la boira comme une citronnade.

Bien à vous.


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