Il n’y a rien de révélateur dans le fait que des espérantistes, même « accros », ne savent pas tout de l’espéranto. Je pense ne pas être le plus mal informé, et pourtant je me rends compte que j’ai énormément à découvrir du fait qu’il s’agit d’un monde bien plus vaste qu’on ne l’imagine.
Ce matin, en écrivant mon commentaire, et plus particulièrement le passage à propos de la contribution russe, il m’est venu à l’idée qu’il existait aussi une video en espéranto sur le Potemkine. J’ai cherché longuement et en vain le message qui m’avait appris cela et je me suis souvenu que le nom, transcrit en alphabet latin à partir de la prononciation russe, était différent de « Potemkine ». J’ai donc lancé, à 11h 30, un appel à plusieurs espérantistes russes avec lesquels j’ai déjà eu des échanges. Précisément à midi, l’un d’eux m’a donné la réponse : « Bronenosec Potjomkin ». Et c’est ainsi que j’ai repris la recherche et retrouvé le message, envoyé par un Espagnol, qui indiquait l’adresse du site recherché : http://kinejo.blogsome.com/
Affirmer par ailleurs que l’argument de facilité est inepte, c’est un peu court. Certes, des gens sont prêts à apprendre les langues les plus difficiles par ignorance de l’existence d’autre chose. On s’est accommodé des chiffre romains aussi longtemps que l’on ne pouvait comparer leur incommodité avec les chiffres indo-arabes. Le système métrique n’a pas été adopté d’emblée et certains traînent encore les pieds, précisément ceux qui voudraient voir le monde parler exclusivement l’étasunien (se souvenir à ce sujet des propos tenus par David Rothkopf déjà maintes fois cité). Avec l’espéranto, les enjeux sont plus importants et plus complexes car les visées de (re)colonisation par la langue n’ont pas disparu.
Il n’est évidemment pas question pour autant de nier le poids de l’utilitarisme dans l’attitude du public face à une langue à apprendre. Même le culturel ne fait pas le poids. Les espérantistes chinois sont à cet égard bien plus pragmatiques que les Européens.
Je maintiens ma citation et j’en ai donné de nombreux exemples, en particulier celui du professeur Robert Molimard. C’est précisément parce qu’il a pensé par lui-même, sans se laisser influencer par qui que ce soit, qu’il s’est lancé dans l’apprentissage de l’espéranto à 77 ans et qu’il a mené parallèlement un travail de traduction de son livre « La fume — Smoking » en espéranto. Et, trois ans après, il en a publié la traduction et a même eu l’audace, sur ma proposition (là, j’admets que j’ai pu l’influencer en le mettant devant un défi !) de présenter une conférence lors de notre congrès de Bordeaux. Il l’a a nouveau présentée récemment lors du « Zamenhof-Tago » à notre siège à Paris. Donc, à propos d’assertion « totalement basée sur rien », que l’on suive mon regard.