Il ne s’agit pas d’une question de racisme, mais en effet on peut parler de néo-colonialisme, dans la mesure où le Tchad est de fait un protectorat français, le pays ne conservant sa souveraineté face à la Lybie que grâce au « gendarme » français, qui joue en Afrique le rôle des Etats-Unis ailleurs - parfois tout aussi scandaleusement mal.
Dans ces conditions, le pouvoir tchadien ne pouvait rien refuser à la France. Dans un pays où un simple commerçant local peut acheter sa liberté après une condamnation, et où le dixième le plus aisé de la population ne reste en prison pour meurtre que pour éviter d’exciter les désirs de vengeance, je serais presque surpris du verdict étonnamment normal du tribunal lui-même. 8 ans de travaux forcés, pour un enlèvement, là-bas, c’est dans les habitudes. Si le pouvoir a transigé, les juges ne l’ont pas fait. Il faut dire que les menaces auxquelles ils font face au quotidien, et contre lesquelles nul ne les protège, sont d’une toute autre nature. D’une certaine manière, l’aura politico-médiatique du procès est ce qui a permis de rendre la justice sereinement.
On peut discuter ou critiquer le transfert en France des condamnés, mais seule sa rapidité peut être due à une intervention de Sarkozy ; en effet, cette éventualité est prévue par un traité international, qu’on peut réprouver mais qui se serait appliqué pour n’importe quel français condamné au Tchad. Il existe des traités de ce genre entre pays occidentaux également. Quant au fait que la peine soit commuée, il s’explique simplement par celui que les travaux forcés sont inconstitutionnels dans l’Union Européenne.