Le court terme détermine, en politique, d’une manière ambivalente le long terme ; être éliminé à court terme, c’est être mis en difficulté pour un combat à plus long terme, mais si celui qui a provisoirement gagné échoue d’une manière flagrante (et cela est décisif) dans la mise en œuvre de son programme (ex : la chômage ou le pouvoir d’achat), le bénéfice qu’il a obtenu à court terme se retourne alors contre lui à plus long terme et cela d’autant plus qu’il a plus de pouvoir ou qu’il en donne l’impression ; d’où l’alternance que génère la déception des électeurs ; celle-ci est d’autant plus grande qu’était grande le pouvoir apparent de celui qui les a déçu dans leurs attentes et qu’il a failli quant aux promesses qu’il leur avait faites. Cela va être la Pb de NS, n’en doutons pas.
D’autre part, si tous les les députés dans leur ensemble ont ou mieux auraient intérêt à long terme à refuser le cumul des mandats pour assoir leur crédibilité « disons morale », cela ne vaut que si tous sont soumis à la règle du non-cumul, car un député pense d’abord à sa réélection immédiate, à accroître ses propres chances d’être élu à la prochaine élection et à son propre pouvoir (dont celui de son parti n’est qu’un moyen) et non aux chances à long terme de son parti qui pourrait exiger qu’il se sacrifie à court terme en sa faveur. En effet, contrairement à ce que vous dites, ce n’est pas l’argent ou le pouvoir d’achat qui motive l’homme politique, mais le pouvoir immédiat sur les autres comme marqueur narcissique objectif de sa supériorité. Ce pouvoir est une jouissance largement suffisante pour faire accepter le sacrifice de tout autre motivation et cette jouissance, parce que narcissique, exige d’être à court terme. De plus on fait plus d’argent en tant que décideur et/ou investisseur dans le privé avec moins de contraintes ou de risque (ex jetons de présence dans les CA, parachutes en or etc..) que dans la politique où on peut être mis hors jeu par les électeurs, voire pas son propre parti à la moindre « gaffe ».
Donc le désir du pouvoir s’impose toujours comme tributaire d’une compétition à court terme qui interdit à chacun d’accepter de voir compromises ses chances de prendre, de conserver et d’accroître son pouvoir immédiat.
Seule la loi peut réguler l’appétit du pouvoir. La morale sans la loi est quasi sans effet sur les motivations politiques et autres (économiques..).