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Commentaire de masuyer

sur « So called Kurdistan »


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masuyer masuyer 5 janvier 2008 00:57

Marc,

je crois que vous ne m’avez pas bien compris.

Je commence par le début, c’est à dire la France et la Turquie et leurs minorités. Figurez-vous que je n’ai aucune sympathie pour le nationalisme turc (ni d’ailleurs pour aucun natioalisme), mais dire que « la Turquie se livre au massacre systématique de ses minorités » est plus qu’abusif, en tout cas pour les Kurdes (n’oublions pas pour autant le génocide arménien perpétré par le gouvernement Jeune-Turc de l’empire Ottoman). Pour ce qui est des Kurdes, les massacres ont été commis lors d’opérations de représailles ou d’éradication de soulèvements.

Pour condamner comme vous le faites la Turquie, il vous faut d’abord prendre partie. Et donc considérer comme légitime les soulèvements kurdes. C’est un choix tout à fait possible (personnellement ce serait plutôt le mien).

Dans le cadre de l’affrontement entre Etat turc et Kurdes vont s’affronter deux discours, chacun s’opposant à l’autre et chacun se présentant comme étant justice. Les Kurdes diront qu’ils sont opprimés par un état central et jacobin qui les nie dans leur identité (comme l’a rappelé Gazi Borat, après la révolution Kémaliste, la langue kurde est interdite et est banni jusqu’à la dénomination kurde, les kemalistes parlant de « turcs des montagnes »). Les Turcs agissant au nom de l’intégrité de leur territoire, de l’unité nationale (Mustafa Kemal Atatürk était un fervent admirateur des philosophes des lumières, de la Révolution française et de Napoléon), l’Etat turc agissait aussi disait-il, afin de mettre fin au système patriarcal, féodal et religieux des Kurdes (c’est un argument qu’on entend aujourd’hui dans d’autres bouches).

Rappelons aussi que comparer la Turquie (pays qui a moins d’un siècle depuis la fin de l’empire Ottoman) à la France d’aujourd’hui (relativement stable dans ses frontières, au moins sur le territoire métropolitain, depuis au moins Louis XIV) biaise un peu le raisonnement.

Rappelons quand même que la France, au cours de son histoire a massacré bon nombre de ses minorités (sans remonter trop loin, les dragonnades contre les protestants, répression de la chouannerie, répression de la commune. On peut chercher plus près encore demander donc à certaines minorités comme les malgaches ou les algériens leur avis sur la question).

Ne vous êtes-vous jamais demandé comment la France avait réussi à « pacifier » les peuples qui la composent, alors que tous n’étaient pas forcément consentants au départ ? Par son charme naturel peut-être ?

Pour notre petit hors-sujet sur les langues. Une des raisons du soulèvement des Kurdes contre l’Etat turc, c’est la négation de leur identité (dont la langue est une composante majeure).

Pour ce qui est de l’irlandais, il ne servait qu’à illustrer un de mes propos. Quand j’ai lu le commentaire de Gazi Borat disant que le kurde n’était plus interdit et était reconnu en Turquie, je lui ai fait remarquer que la tolérance ne signifiait pas reconnaissance. Et qu’à la limite, l’interdiction était plus une reconnaissance (on n’interdit que ce qui existe) qu’une vague tolérance franchement condescendante.

Et que l’Irlandais était devenu une arme de résistance contre l’occupant anglais lorsqu’il était interdit. Et que depuis qu’il est langue officielle en République d’Irlande, il perd beaucoup de terrain malgré la politique volontariste de l’Etat irlandais.

J’espère avoir été plus clair


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