Bernard,
La règle que tu voudrais voir s’imposer, à savoir qu’un perdant d’une élection devrait se retirer de la compétition sans retour est absurde en démocratie : cela voudrait dire qu’un candidat n’aurait pas le droit de se représenter et que toute défaite serait définitive. Quid alors du principe de l’alternance ? Quid du fait que, même dans le domaine sportif, l’échec peut se transformer en condition du succès, si on sait en tirer la leçon ? La vie démocratique ne peut être confondue avec une lutte à mort politique, sauf à régresser en sauvagerie (comme l’indique, en effet, en effet une tendance forte aux USA que vous prenez curieusement en exemple positif !).
Quand au cas de SR elle joue franc-jeu contrairement à d’autres dirigeants du PS qui avancent masqués, et je ne vois pas qui pourrait aujourd’hui mieux qu’elle réunir le PS autour d’une offre politique centre-gauche qu’elle a eu le courage d’initier. Fabuis, Malanchon, Emmanuelli ? Ce n’est pas sérieux : il sont minoritaire dans le PS : il y aura débat entre SR et Delanoë qui sont quasiment sur la même ligne politique et c’est très bien comme cela : que le meilleur gagne ! SR a démontré qu’elle n’est pas nécessairement a priori la plus mauvaise pour rassembler autour d’elle, comme le montre le fait qu’elle a obtenu 10 points de plus que Jospin au premier tour de 2002.
Le PS, à mon avis, ne pouvait pas gagner en 2007 dès lors qu’il était profondément divisé sur le point central de l’Europe en 2005 ; c’est à ce moment que l’élection de 2007 a été perdu par le PS et Fabius et consorts sont particulièrement mal placés pour affirmer que le PS ne pouvait pas perdre une élection nationale en 2007, alors qu’ils ont tout fait pour cela et aujourd’hui encore jusqu’à refuser en principe toute alliance avec le MODEM.
L’aura médiatique de SR dont tu te plains est aussi le signe que SR est relativement bien placée dans cette compétition qui s’annonce.
J’estime que tu n’as pas plus de titre que Rocard pour tenter de la détourner de son projet de se présenter à l’élection de la tête du PS et du pays et c’est aussi à cela que l’on reconnaît la détermination d’une dirigeante, qui comme tu l’a dit très justement, n’a pas démérité en 2007 (moins que Jospin en tout cas) vu la situation au sommet du PS qu’il ne faut surtout pas confondre avec ses adhérents à l’époque et encore aujourd’hui..
Mais demain pourra être un autre jour pour changer la donne, si elle fait ce qu’elle dit et dit ce qu’elle fait. Ce dont nous devons, si nous sommes à gauche, la remercier.