@L’auteur,
Certes, Monsieur BADINTER n’est pas, et ne revendique pas, le fait d’être un saint. Il reste attaché, selon les propos qu’il a tenu, à la présomption d’innocence.
Vous avez le droit d’être favorable à cette loi que, personnellement, je juge scélérate et très dangereuse. En fait, elle est le reflet de la pensée longuement soutenue par notre Président que la suspicion est suffisante pour considérer un suspect comme coupable. C’est bien le début d’une attaque contre la présomption d’innocence dont la justification est exclusivement basée sur l’émotivité.
Je resterai surpris qu’un membre de l’espace juridique tel que vous puisse soutenir à la fois la loi qui se profile et la présomption d’innocence. J’en conclus donc que, pour vous, la présomption d’innocence doit se muer en présomption de culpabilité ; inversant de fait la charge de la preuve. Cette loi va même plus loin, puisque que nous devrons juger des actes qui n’ont jamais eu lieu, juste à titre préventif.
Bien entendu, vous pouvez argumenter que ce n’est qu’un cas d’exception. Mais vous devriez savoir, vous qui êtes fortement engagés en politique, que cette exception aura tendance à s’étendre à d’autres cas, voir se généraliser.
Je reste tout autant dubitatif que vous n’émettiez aucune critique envers le pouvoir en place (et même les précédents) concernant le suivi psychologique, voir psychiatrique, des détenus jugés dangereux suite à leur condamnation pour un acte dont ils sont reconnus coupables. Ce suivi devant être contraint dès l’incarceration ; ce qui est loin d’être fait, il n’y a, pour certains, aucun suivi durant tout le temps de leur détention !
Votre papier est donc fortement tendancieux. Vous émettez critique envers une personne que vous affublez d’une sainteté qu’il n’a nullement demandé, mais vous ne faites aucune analyse du système dans son ensemble.