Attali n’est que le faux nez de Sarkozy dans cette affaire. Auréolé de son prestige d’homme intelligent et de son passé de courtisan socialiste, sa fonction est de lancer des ballons-sondes, qui seront attentivement testés par sondage dans la populace, de façon à ce que Nicolas Ier annonce définitivement ses "bonnes" décisions.
Ainsi donc, pour "libérer la croissance" (qui est prisonnière des archaïsmes, on le sait bien), il serait utile de supprimer les départements. Il serait plus juste de dire "pour faire des économies de fonctionnement, supprimons des postes", car c’est bien de ça qu’il s’agit.
Vu de Paris, le département est la cible idéale : lointain, rural, décentralisé. Il vaut bien mieux avoir une vingtaine de barons régionaux, qu’on domine mieux, que quatre-vingt-quinze chefs élus départementaux qui n’en ont font qu’à leur tête (mais qui assoient la légitimité électorale de beaucoup d’élus). Avec des scrutins de liste plus restreints, on se retrouvera avec toujours les vingt mêmes Présidents de Région désignés par les appareils des Partis, et imposés à la populace voteuse, ce qui facilitera l’exercice du pouvoir. Il y aura ainsi le Duc élu de Basse-Normandie, le Duc élu d’Aquitaine, etc.
Je vous rappelle que par périodes, on nous ressort également une autre vieille lune : la suppression (ou tout au moins le regoupement) des communes, qui sont 36000, nombre jugé excessif (sans autres arguments). Gageons qu’elle ressurgira à l’occasion d’une nouvelle "libération de croissance".
En combinant les deux, on arrive à la répartition enfin "libératrice" : la France sera divisée en deux Grandes régions : le Grand Paris et la Grande Province (surnommé Péquenoland), elle-même divisée en dix Régions. D’ailleurs, attendez, non, plus besoin de Régions, ça entrave la croissance, allez, on centralise toute la Province à Paris, et ça ne coûte plus rien.
Pour obtenir le moindre papier, le peuple n’aura qu’à prendre sa bagnole, ou s’abonner à Internet, zut, quoi, faut être moderne.