Je vais être un peu méchant, mais c’est pour de rire, c’est du cinéma...
J’ai vu le film de sean penn et je m’y suis ennuyé, je l’ai expliqué dans le premier article agora vox qui en parle ( NB : à quand le troisième...).
Cela dit, votre article ne ressemble pas au premier, plus court et personnel. Le votre me rappelle les articles des inrocks, bourrés de référence et de littérature. Comme des ballons gonflés à l’hélium, ils font parler avec une petite voix rigolote, charmante mais pas très naturelle. C’est très bien écrit, j’oserai dire c’est trop bien écrit, cela ressemble à une dissertation.
Je crois que je ressens le film comme ennuyeux et dénué d’intérêt pour de nombreuses raisons :
- c’est un film qui fait sérieux, estampillé film routard, avec errances, hobos, rebelles et même des nudistes !
- il ressemble à un parfait illustré du petit routard qui finit mal. Je trouve, et c’est un avis subjectif (oh, un pléonasme), personnel (oh, un deuxième !) que ce film sonne faux.
D’abord, la voix off est mauvaise, mal écrite, en contradiction avec la poésie supposée du voyage. Puis la musique est trop présente, tambourinant aux oreilles quand les voyages sont faits de silence, de sable et de souffre. Ensuite, peut-on réellement parler de voyage initiatique ?
Un grand écrivain du voyage est, à mon avis, plutot que Kerouac dont je dévorais les livres à 15 ans plutot que d’étudier, un certain Nicolas Bouvier. Subjectivité toujours, mais les livres de Bouvier sont profonds, sombres, droles, émouvants, ils restent en vous de manière plus tangible, plus évidente que ceux de Kérouac. ( qui soit dit en passant était un alcoolique feignant toujours collé à sa maman - et un styliste hors pair).
Nicolas Bouvier, je m’y retrouve, a écrit de merveilleuses choses sur le voyage, dont un livre magnifique intitulé l’usage du monde, dont je recopie les dernières lignes ( tant pis pour le suspense, de toute façon le suspense ça n’existe pas, pour paraphraser Dr House, tout le monde meurt)
" Ce jour là, j’ai bien cru tenir quelque chose et que ma vie s’en trouverait changée. Mais rien de cette nature n’est définitivement acquis. Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu’on porte en soi, devant cette espèce d’insuffisance centrale de l’âme qu’il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui, paradoxalement, est peut-être notre moteur le plus sûr.
Repris mon passeport paraphé, et quitté l’afghanistan. Il m’en coûtait. Sur les deux versants du col la route est bonne. Les jours de vent d’est, bien avant le sommet, le voyageur reçoit par bouffées l’odeur mûre et brûlée du continent indien..."
Si l’on ne sait communiquer d’impressions aussi fortes sur l’errance, le voyage, le doute, l’existence, pourquoi en parler ?
Je me demande s’il n’y a pas confusion, parfois, entre le tremblement du coeur et le tremblement d’al, je veux dire al - zeihmer.
Je trouve le film creux, vide, mais pas de ce vide qui libère, qui nous remplit, dont nous sommes fait. Je le trouve vide de réalité, intangible, moribond, calibré, poussif.
Je n’ai pas vu la méditation, la reflexion, le calme, la solitude. J’ai vu le scénariste qui piochait dans de vieilles photos sépia pour y voler quelques clichés beat ( pas beatnick, dixit Sur la route ou Vision de COdY.)
Je n’ai pas vu non plus de cinéaste, d’artiste servant ou désservant son idée, j’ai vu des bouts de films collés entre eux par des étiquettes vachement gonflées : jeunesse, adolescence, bla bla bla...
J’ai vu un héros idiot, stupide, borné. Aussi borné dans son anticonformisme que ses parents dans leurs habitudes, un héros vague, caricatural, triste, atone.
J’ai vu des rencontres, oui, mais trop courtes, mal définies, stériles, abruptes et vaines.
Bref, j’ai vu un film sous apnée qui cherche plus à penser qu’à respirer, à passer un message plutot qu’à réfléchir, à faire bailler les corneilles plutot qu’à dresser les oreilles (oui, c’est un peu tiré par les cheveux, je l’avoue mais je m’en fous, je suis chauve !)
Cordialement,
07/02 09:04 - AIXOIS
apres avoir lu les oeuvres de Henry David Thoreau,James Oliver Curwood,Jack London,Bernard (...)
18/01 11:44 - Vincent Delaury
17/01 14:50 - fabien
Quelqu’un qui connait l’usage du monde ! Etonnant ! Je dirai même plus : étonnant (...)
17/01 10:08 - AnnaM
Bonjour, merci d’avoir pris le temps de répondre longuement à cette modeste analyse ! Si (...)
17/01 01:09 - fabien
Je vais être un peu méchant, mais c’est pour de rire, c’est du cinéma... (...)
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